Une vingtaine d'années après la mort d'un plongeur, une entreprise tente de trouver du pétrole en pleine mer dans le Secteur 7. Après des essais de forage infructueux, il est envisagé de mettre un terme à la prospection. Pour évaluer la situation, un vétéran des forages pétroliers est envoyé sur place, celui-ci revenant sur les lieux d'un drame dont il avait été le témoin.
Si l'on en croit le générique de fin de SECTOR 7, la zone qui donne son nom au film serait une véritable portion de mer dont les fonds renfermeraient d'importantes quantités de pétrole. En raison de sa localisation, la Corée du Sud et le Japon se sont mis d'accord pour son exploitation bien qu'à ce jour cela n'ait pas donné grand chose si ce n'est l'éventualité de tensions à l'avenir. Ce contexte géopolitique, en réalité, SECTOR 7 ne s'en sert absolument pas. Mais, au moins, l'épilogue du film nous propose une minute éducative et on ne pourra rien trouver à y redire si ce n'est que l'action de SECTOR 7 pourrait se dérouler sur n'importe quelle plate-forme de prospection pétrolière située quelque part en pleine mer. Fort dommage car l'intrigue est si linéaire qu'elle aurait justement gagné à se parer de divers développements. Surtout que Je-gyun Yun a planché longtemps sur ce projet. Il le mûrissait déjà alors qu'il terminait THE LAST DAY, un film catastrophe où un tsunami monstrueux ravage les côtes coréennes. Scénariste et producteur de SECTOR 7, Je-gyun Yun envisage aussi de réaliser le film lui-même avant qu'il ne passe la main à un autre cinéaste, Ji-hoon Kim. Ce dernier ayant alors connu un certain succès en réalisant un film historico-politique évoquant le massacre de manifestants par l'armée au début des années 80.
La mer et les monstres, Ji-hoon Kim n'y a pas encore touché. Histoire que son baptême soit complet, il est décidé que SECTOR 7 sera produit en IMAX 3D, une première en Corée du Sud. Mais il est bon de souligner le fait qu'en dehors de quelques séquences réellement tournées en relief, le reste du métrage sera filmé de manière traditionnelle. La 3D, elle sera fabriquée, dans sa majeure partie, en post-production en même temps que les effets spéciaux, comme c'est le cas de beaucoup de films américains. Et des effets spéciaux, SECTOR 7 en contient énormément. Pas seulement pour sa créature mais aussi, et surtout, parce que les comédiens n'ont jamais quitté les studios. Cela se ressent dès les premières secondes, la plate-forme pétrolière n'a rien de naturelle. L'image ultra léchée et numérique contribue aussi grandement à cette impression de décors en toc. Les plans maritimes et ceux présentant la plate-forme de manière éloignée font pourtant illusion. Mais dès que les acteurs prennent place dans les coursives, autour du trépan de forage ou encore en descendant d'un hélicoptère, le milieu où ils évoluent semble carrément factice. C'est assurément le plus gros défaut notable de SECTOR 7 !
Autre point de discorde, le métrage met pas mal de temps à décoller. Passé un prologue sous-marin plutôt sympathique, lorgnant un peu vers ABYSS, le film nous présente les personnages durant, en gros, une bonne moitié de sa durée. L'occasion de découvrir la camaraderie exacerbée à bord de la plate-forme ou encore un flirt motorisé. Car, en Corée du Sud, sur les plates-formes de forage, on se poursuit à moto, pour dé-stresser et éventuellement emballer la seule nana dans les parages qui se fait appeler «La Coriace». Et c'est vrai que la gamine n'est pas une tendre que ce soit dans le boulot ou dans ses relations personnelles. Une jeune femme forte qui sera l'héroïne d'un SECTOR 7 qui lorgne tout de même pas mal vers ALIEN, voire en raison de son contexte du fort recommandable LEVIATHAN de George Pan Cosmatos. Quand l'action démarre enfin, laissant un peu de côté l'aspect mièvre de la vie coréenne des ouvriers de la mer, on ne sera donc pas beaucoup surpris. Certaines scènes donnent l'impression d'avoir été extirpées telles quelles d'autres films de monstres. Par exemple, lorsque l'un des personnages se fait perforer le crâne alors que la caméra se trouve derrière un hublot, on pense inévitablement à ALIEN 3. La visite du repaire de la bestiole renvoie à ALIENS. Les emprunts sont nombreux et pas toujours très cohérents. A la fin du film, on peut même se demander pourquoi la créature est si vindicative alors que l'océan lui ouvre les bras. Ou bien l'intérêt de disposer d'un système d'autodestruction sophistiqué à bord d'une plate-forme pétrolière. Peu importe, après tout, nous sommes spectateurs d'un film de monstre et pas des spécialistes en zoologie ou en exploitation pétrolière. Pour peu que l'on oublie les incongruités, le dernier tiers de SECTOR 7 se montre généreux en dévoilant la créature sous toutes ses coutures.
Les films de monstres, la Corée du Sud nous en a livré plusieurs spécimens ces dernières années à l'instar de l'excellent THE HOST, le controversé CHAW ou encore le divertissant D-WAR. Il faudra, à présent, ajouter la bestiole de SECTOR 7. Une créature qui a le mérite d'être relativement atypique, en tout cas ne donnant pas une impression de déjà vu, sorte de mélange contre nature entre un éléphant de mer et un mollusque. De plus, la bestiole a des particularités étonnantes sur lesquelles il est préférable de ne pas s'attarder de manière à ne pas dévoiler un pan de l'intrigue. Ce qui est sûr, c'est que la créature est agressive et particulièrement véloce malgré sa morphologie. Réalisé en image de synthèse, ce monstre est une petite réussite dans son genre. Certes, tous les plans ne sont pas parfaits mais on notera que lors de certaines séquences, la créature se montre plus crédibles que les décors. Ce qui, en soit, est plutôt un compliment ! C'est d'autant plus rageant car SECTOR 7 avait tout pour séduire. Le lieu de l'action et un monstre réussi qui manque au final d'ambition et de travail de la part du scénariste. L'histoire est simpliste, les rebondissements convenus… Et hormis quelques rares surprises, SECTOR 7 ne réussit à convaincre que par le regard bienveillant que l'on voudra porter à sa créature monstrueuse.
Pas de sortie dans les salles en France, TF1 Vidéo sort SECTOR 7 directement en vidéo. Le choix est donné entre une édition DVD ou bien un Blu-ray. Ce dernier a la particularité de proposer le choix entre la version 3D du film ou bien la version plate. Il s'agit bien ici de 3D active nécessitant d'être équipé d'un écran et d'un lecteur compatible. Mais, bizarrement, en dehors de ces deux versions de SECTOR 7, le disque ne contient absolument rien d'autre hormis quelques bandes-annonces visibles seulement au lancement du disque. Il aurait pourtant été intéressant d'en apprendre un peu plus sur le film et sa gestation qui fut apparemment difficile. Particulièrement en post-production puisque SECTOR 7 a été présenté à plusieurs reprises à la presse, menant à des retouches des effets spéciaux ou des modifications du montage. Même à la veille de sa sortie dans les salles en Corée du Sud, la production travaillait encore à le modifier. Un peu partout dans le monde, c'est une version de 101 minutes qui va être distribuée en vidéo. Bizarrement, le Blu-ray français ne s'écoule que sur 92 minutes. Difficile de savoir ce qui a pu disparaître dans les neuf minutes de différences. On peut même se demander pourquoi la version proposée ici est plus courte que les autres. Quoi qu'il en soit, les séquences disparues ne portent que sur le développement des personnages, déjà un peu laborieux dans la version proposée ici. En dehors d'un cours de manipulation de grue inculquée par l'héroïne, c'est surtout la relation amoureuse, non partagée, entre l'attardé et la jolie médecin qui disparaît. Ainsi, dans le montage présent sur le DVD et le Blu-ray français, on ne voie pas l'attardé offrir un cadeau à la jeune femme médecin, suivi d'un dialogue à ce propos entre cette dernière et l'héroïne. Cette relation sera aussi au cœur d'une autre scène, plus tard, qui disparaît totalement lorsque l'attardé est confronté au cadavre de celle qu'il aimait en secret. La disparition de toutes ses séquences reste obscure dans le sens où, comme déjà dit, c'est bien la version de 101 minutes qui est distribué un peu partout dans le monde.
Le Blu-ray propose un transfert 1080p/24 au format cinéma respecté. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'image est d'une netteté à toute épreuve. Au point que cela renforce encore un peu plus l'ambiance « studio » des décors. Quoi qu'il en soit, nous sommes face à une image en haute définition de haute tenue qui permet de magnifier certains passages comme lors d'une séquence avec des méduses. Si le son se fait moins subtil et ciselé, il n'en reste pas moins spectaculaire. Les pistes coréenne et française en DTS HD Master Audio 5.1 assurent un vrai spectacle. Si le relief est à l'image, il est donc aussi dans les pistes audio comme lors des passages où la langue de la créature vient fouiller les enceintes arrières. Il n'y a pas à dire, d'un point de vue audio/vidéo, le Blu-ray français de SECTOR 7 se montre des plus réussi ! A noter qu'une troisième piste audio permet de suivre le film en Audio 3D. En gros, il s'agit d'une piste présentant le doublage français sur deux canaux stéréo, optimisé pour une écoute au casque de manière à reproduire des effets spatialisés. Enfin et c'est louable, en plus des sous-titrages français sur la version originale, le disque propose aussi des sous-titres pour les malentendants !