Header Critique : TOOLBOX MURDERS

Critique du film et du DVD Zone 2
TOOLBOX MURDERS 2003

 

Peu de réalisateurs de sa génération peuvent se prévaloir d'une filmographie aussi chaotique que Tobe Hooper ! Révélation tonitruante avec MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, divers projets qu'ils ne mènent pas lui-même à leur terme (LE CROCODILE DE LA MORT, VENIN, THE DARK), passage éclair chez une Major (POLTERGEIST), puis collaboration assez fructueuse avec les gros indépendants de la Cannon. C'est chez ces derniers que sa carrière semble avoir connu le plus d'équilibre, mais l'effondrement de ce studio l'entraîne vers une succession de petits projets et téléfilms laissant sceptique les spectateurs les mieux disposés !

En 2000, Tobe Hooper réalise ainsi CROCODILE, une de ces mini productions que Nu Image (studio derrière lequel nous retrouvons Avi Lerner, un ancien de Cannon) fournit à la chaîne pour le câble américain. Hooper oeuvre ensuite sur plusieurs projets télévisés (dont la série DISPARITION) avant de se retrouver en 2003 aux commandes de TOOLBOX MURDERS, long métrage destiné au cinéma, ce qui ne lui était pas arrivé depuis 1995 avec THE MANGLER.

Ce TOOLBOX MURDERS s'avère en fait un remake de LA FOREUSE SANGLANTE, film de psycho killer arrivé dans la foulée, justement, du succès de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE. S'il se rattache à la vague de remakes de titres horrifiques des années 70/80 ayant balayé les écrans durant une décennie, TOOLBOX MURDERS se trouve au tout début de ce mouvement. Il est tourné en même temps que le long métrage dont le succès a lancé cette mode, à savoir le remake de... MASSACRE A LA TRONCONNEUSE ! Bref, on n'en sort plus ! Il faut reconnaître que si un réalisateur peut se prévaloir de son influence sur le cinéma d'horreur des années 2000, Tobe Hooper est bien celui-ci !

Tony DiDio, producteur de LA FOREUSE SANGLANTE initial se trouve à l'origine du projet et parvient à réunir les quelques fonds nécessaires pour le tournage. Tobe Hooper apporte quant à lui les deux scénaristes Jace Anderson et Adam Gierasch, croisés lors de la création de CROCODILE. Il met en vedette Angela Bettis, alors révélé dans le petit monde de l'horreur par le succès critique de MAY, long métrage dont TOOLBOX MURDERS récupère également le jeune chef-opérateur Steve Yedlin.

Enseignante en recherche d'emploi, Nell Barrows s'installe avec son compagnon dans un immeuble décrépi de Hollywood, à la veille de sa rénovation. Le bâtiment en a bien besoin car son état de délabrement avancé n'en fait guère une résidence de rêve pour un jeune couple. Nell fait petit à petit connaissance de ses voisins tandis que les meurtres étranges se multiplient à tous les étages...

Avec un tel point de départ, TOOLBOX MURDERS s'inscrit dans une tradition classique de la paranoïa urbaine : de jeunes gens commencent une nouvelle vie dans un immeuble ancien a priori classique, mais recelant en fait de menaçants secrets. Sur les traces du fondateur ROSEMARY'S BABY de Polanski, nous trouvons des métrages oscillant entre le fantastique et le suspens pur : INFERNO de Dario Argento et son building hanté par des sorcières, MEURTRE AU 43e ETAGE de John Carpenter, DARK WATER de Hideo Nakata ou le tout récent MALVEILLANCE de Jaume Balaguero.

Dans le contexte de son immeuble californien, TOOLBOX MURDERS avance classiquement ses pions, faisant défiler des voisins saugrenus et plus ou moins suspects : adolescent vicieux, homme à tout faire doucement débile, gérant louche, vieillard qui en sait long, acteur cherchant à percer tant bien que mal, artiste psychédélique... Toute cette première partie multiplie les fausses pistes, un peu trop serait-on tenté de dire, les péripéties se succédant lentement, sans que l'enquête ne progresse suffisamment. Des meurtres sanguinolents, destinés à maintenir l'intérêt du spectateur, entrecoupent l'action, mais c'est surtout le talent et le charisme sympathique d'Angela Bettis qui gardent l'attention en alerte.

La résolution du métrage marche sur une piste ésotérique, l'intrigue évoquant tout un folklore de faits divers californiens (l'affaire du Dahlia Noir, la Famille de Charles Manson...) et le mettant à une sauce d'architecture ésotérique rappelant fort INFERNO. Les deux scénaristes de TOOLBOX MURDERS travaillent peu après sur MOTHER OF TEARS, sa suite, ce qui n'est pas forcément un hasard.

Dans la description de cet immeuble décrépi, aux combles abandonnés, à la cave menaçante, aux murs décrépis et aux tentures salis, Tobe Hooper se montre très à son aise. Baignés dans une lumière jaunâtre, captés par une photo granuleuse renforçant la saleté glauque des lieux, ces couloirs et appartements misérables rappellent certainement des souvenirs de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, en particulier dans l'antre labyrinthique du tueur, encombré d'un bric-à-brac macabre et malsain. Au cours des séquence de meurtres, l'assassin emploie tout un outillage détourné de sa fonction première et cloue, scie, pince, perce et décape ses victimes dans des mises à mort montées avec énergie et expertise par un Hooper certainement maître de son art horrifique.

Alors oui, le mot de la fin reste un brin flou dans cette histoire mystérieuse aux révélations frustrantes, n'allant pas jusqu'au bout de leurs idées les plus intéressantes. Néanmoins, nous retrouvons avec un plaisir non dissimulé un Tobe Hooper en belle forme, mettant en oeuvre une technique cinématographique probante et efficace, au gré d'un spectacle classique, mais aussi enthousiasmant par son sens de l'atmosphère sinistre et sa mise en scène inventive et animée.

Bien que destiné aux salles obscure, TOOLBOX MURDERS sort directement en vidéo aux Etats-Unis. Certains pays étrangers comme l'Angleterre ou l'Espagne l'accueillent dans leurs cinémas tandis qu'en France, il ne paraît qu'en DVD, tardivement, en 2008. C'est ce DVD français que nous allons chroniquer ici.

Distribué par Seven7, ce disque offre une copie 1.85 (16/9) de tenue très sympathique, rendant bien la texture délibérément sale et sombre de la photographie d'origine. Le télécinéma est propre, la compression invisible, les contrastes bien restitués, bref, il s'agit d'un disque tout à fait honnête et n'appelant aucun commentaire particulier.

La bande son anglaise est dans son mixage Dolby Digital 5.1 d'origine, rendant bien le travail soigné sur le son effectué ici. Le mixage participe certainement à l'atmosphère menaçante de ce building, en particulier dans le dernier tiers de TOOLBOX MURDERS. Le doublage français se voit lui aussi proposé en 5.1 et des sous-titres français sont fournis pour la version originale.

En guise de suppléments, nous accédons d'abord à une galerie de bandes annonces du catalogue Metropolitan, mélangeant fantastique (BUG, FIDO, CRY_WOLF) et suspens plus classique (LA FAILLE, COEURS PERDUS). Elles sont toutes en 16/9 et dans leurs formats cinéma respectées. Surtout, nous accédons à un petit making-of en anglais sous-titré de 22 minutes nommé «Les coulisses du tournage», filmé de façon artisanale et adoptant un ton immodérément promotionnel – TOOLBOX MURDERS est le projet de cinéma d'épouvante le plus important depuis «des décennies»! Il est tout de même sympathique de voir Tobe Hooper et son équipe travailler et répondre à quelques questions sur la production et la mise en scène du film.

Cette interactivité fait tout de même maigre comparée à celle plus confortable des DVD anglais (Anchor Bay) et américain (Lions Gate), assortis de documentaires, de scènes coupées et de commentaire audio. Néanmoins, notre petit DVD hexagonal est le seul à proposer des options francophones.

Signalons au passage que ce TOOLBOX MURDERS n'a à notre connaissance pas connu de sortie Blu-ray pour le moment. Enfin, concluons ces quelques paragraphes en signalant qu'une suite assez inattendue a été tournée l'année dernière, avec notamment Bruce Dern, sous le titre TBK : THE TOOLBOX MURDERS 2, sans aucune participation des créateurs du premier remake.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
TOOLBOX MURDERS DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Making-of (22mn)
    • Bandes-annonces
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