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Critique du film
DEAD MINE 2012

 

La nouvelle branche asiatique de HBO a pour projet de développer des produits spécifiques d'abord pour le marché local, bien sûr, mais également à destination de l'export. DEAD MINE représente donc leur coup d'essai. Tourné en Indonésie, en langue anglaise et avec un casting international, le film se dirige droit vers le film de genre protéiforme, à mi chemin entre l'action et l'horreur. Il s'agit par ailleurs du second métrage du britannique Steven Sheil, auteur de MUM & DAD.

Un groupe d'explorateurs internationaux arrive sur une île indonésienne pour entreprendre des recherches archéologiques. Il devient rapidement clair que le donneur d'ordres (Les Loveday) souhaite retrouver un trésor enfoui par les forces japonaises lors de la Seconde Guerre Mondiale. Coincé dans une ancienne mine, le groupe ne va pas tarder à faire face à des créatures tapies dans l'ombre. Mais une autre menace, bien plus dangereuse, guette.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les auteurs du scénario, Steven Sheil et Ziad Semaan, n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère. Afin de maintenir l'intérêt constant, les rebondissements affluent pendant les 90 minutes réglementaires. Un toutes les dix minutes, pour donner une idée. Une chose est donc claire concernant le film : tout est fait pour que le spectateur ne s'ennuie pas. Des scènes ramassées, directes pour la mise en place du groupe et à base de psychologie très sommaire. On devine ainsi facilement les forces en présence. Le milliardaire américain est avide de nouvelles richesses. Sa copine asiatique (Carmen Soo) remplace la sempiternelle bimbo blonde idiote qui hurle mais le résultat est le même : on développe une envie irrépressible de lui coller des gifles ad nauseam. L'archéologue (Miki Mizuno) est partagée entre sa mission et ses découvertes tandis que les mercenaires accompagnants hésitent entre les brutes épaisses (Bang Tigor) et le militaire valeureux (Joe Taslim). Rien de bien neuf sous le soleil, exactement. Mais un schéma couru d'avance que rien ne viendra vraiment troubler. Intervention numero un : les vilains pirates du coin qui les pourchassent jusqu'à une mine abandonnée où les personnages principaux se réfugient. Le scénario trouve un moyen de les acculer sans possibilité de sortie. Numéro deux : il y a quelque chose dans la mine. Forcément des choses pas naturelles ? Bingo! Vous souvenez-vous de THE DESCENT ? Peu ou prou le même résultat côté bébêtes carnivores et modus operandi.

Mais DEAD MINE ne se contente pas de copier son illustre prédécesseur, puisque le réalisateur souhaite aller bien au-delà du simple film claustrophobe. A la manière de DUEL DANS LE PACIFIQUE, nos héros découvrent (rebondissement numéro trois) un soldat japonais prisonnier d'une base militaire secrète depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Persuadé que le conflit n'est pas terminé, il a été victime de tripatouillages médicaux qui lui ont permis de passer la barrière de l'âge et aussi survivre sous terre jusque là (rebondissement numéro quatre). Dès lors, le film va s'enfoncer dans le n'importe quoi le plus total, pour le plus grand bonheur des spectateurs les plus blasés.

Il faut bien reconnaître que Steven Sheil se débrouille à merveille pour utiliser les décors mis à sa disposition. Qu'il s'agisse de la jungle indonésienne en début de métrage ou des décors élaborés dans la mine, le format Scope apporte un réel plus a l'oeil et a l'action. La nature offre un avantage exotique nécessaire à l'implantation de l'action et les crédits techniques demeurent largement supérieurs à la moyenne. HBO n'a pas lésiné sur le budget alloué à cette entreprise filmique. Et la première moitié de DEAD MINE révèle une très bonne gestion de l'espace et de l'installation des personnages, tout comme de l'élaboration du suspens. Malgré des situations clichés inhérentes au cinéma d'aventure et de genre, le film instaure un rythme qui ne se démentira qu'assez peu. Le scénario réserve également une poignée de surprises qui aboutissent à des retournements de situation inédits, à défaut d'être crédibles. C'est le moins que l'on puisse dire en voyant le dernier quart du métrage! On se demande en fait si le film n'a pas été pensé comme un jeu de plate-forme directement mis en image pour le cinéma, avec un éventuel débouché sur consoles de jeu. En effet, des soldats, créatures cannibales, tortures et autres simili-zombies samouraïs surgissent de n'importe où et à n'importe quel moment !

Partagé entre la claustrophobie permanente, les courses poursuites avec les monstres humanoïdes, la narration va rapidement céder au schéma de la mission suicide où chaque protagoniste va être éradiqué méthodiquement l'un après l'autre. Ceci sans perdre de temps, régulièrement, et dès le début du film. La mise en image est généreuse, soignée, et apporte un vrai cachet cinéma à l'ensemble. Certes, on verra difficilement un tel Bis sortir sur grand écran chez nous. Car entre les débordements sanglants et le traitement expéditif des personnages, le film réussit a trouver une résonance locale qui dira peu de choses aux occidentaux, sauf peut-être aux plus férus de la Cat. III. En effet, le camp découvert par les explorateurs est une résurgence du sombre passé de l'Asie. Une blessure ancienne car la base souterraine secrète en question est nommée ici "Camp 731" où des tortures et autres expériences chirurgicales ont été réellement perpétrées par les Japonais durant la Seconde Guerre Mondiale. Certaines photos et dispositions matérielles laissent imaginer les pires atrocités au spectateur. Le désir de créer une race de soldats supérieurs et indestructibles (un leitmotiv courant dans les films de genre) n'est pas très loin des extrapolations nazies encore trop proches de nous, hélas.

Si l'on passe sur un long tunnel de dialogue entre le mercenaire (Sam Hazeldine) et l'archéologue à base de "J'ai une grosse cicatrice intérieure et d'ailleurs je vais t'en parler pendant dix minutes"... Si l'on excepte une interminable scène de traduction nippo-americaine... Si l'on met de cote les insupportables débilités de la bimbo décérébrée et les facilités scénaristiques qui en découlent... On ne passe pas un mauvais moment ! C'est alerte, toujours fun, gentiment sanglant et a le mérite de vouloir en mettre plein la figure au spectateur en terme d'action et de surprises. Tout du moins suffisamment pour qu'on ne regarde pas sa montre. Le final possède son lot de délire absurde qui laisse augurer une éventuelle séquelle en cas de succès. Voilà un métrage qui n'est pas inoubliable mais qui s'avère largement recommandable pour un bon moment de pop corn avec cette série B au budget confortable.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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