Header Critique : CABANE DANS LES BOIS, LA (THE CABIN IN THE WOODS)

Critique du film
LA CABANE DANS LES BOIS 2011

THE CABIN IN THE WOODS 

Bien que LA CABANE DANS LES BOIS ne soit distribué qu'en 2012, le film a été bouclé en 2009 et était prévu pour une sortie au début de l'année 2010. Deux ans que le métrage attend donc d'être distribué. Produit par MGM, le studio envisage de le convertir en relief pour surfer sur l'engouement des films en 3D. La sortie est alors repoussée de manière à appliquer ce traitement. Une très mauvaise idée puisque finalement le film ne sera jamais converti en 3D, le studio étant alors dans une bérézina financière. La banqueroute de la MGM va alors coincer plusieurs métrages pourtant finalisés dont LA CABANE DANS LES BOIS. Le film sera finalement racheté par Lions Gate dans le courant de l'année 2011 pour être finalement distribué l'année suivante un peu partout dans les salles du monde entier. Une situation surprenante puisque Drew Goddard avait connu un énorme succès avec CLOVERFIELD juste avant de s'atteler à LA CABANE DANS LES BOIS. Entre-temps, Joss Whedon a de son côté eu l'occasion de tourner AVENGERS qui sort à une semaine d'intervalle dans les salles françaises ! Le film met aussi en scène Chris Emsworth devenu depuis le héros de THOR et donc l'un des protagonistes principaux de AVENGERS. Mais le comédien était aussi à l'affiche du remake de L'AUBE ROUGE film qui s'est retrouvé bloqué par les mêmes soucis financiers de la MGM.

Cinq étudiants, trois femmes et deux hommes, partent pour le week-end de manière à passer du bon temps. Direction une maison isolée, au fond des bois, qui ne sera pas le lieu de détente et de repos espéré. En effet, assez vite, le petit groupe va se rendre compte que la cabane dans les bois est un endroit franchement inquiétant...

«Vous croyez connaître l'histoire. Vous pensez déjà connaître la fin.», deux phrases que l'on peut lire sur l'affiche du film. A la lecture du point de départ de LA CABANE DANS LES BOIS, ce sont deux évidences puisque le sujet a déjà été traité à de très nombreuses reprises dans d'innombrables Slashers, Survival et autres films d'horreur. La maison en elle-même, visuellement, rappelle très clairement celle de EVIL DEAD jusqu'à son point d'accès unique, ici un tunnel à la place d'un pont dans le film de Sam Raimi. Ce ne seront pas les seuls emprunts fait à EVIL DEAD, l'intrigue continuant de s'en inspirer lors de sa mise en place. Mais LA CABANE DANS LES BOIS n'est évidemment pas un simple plagiat de l'un des chefs d'œuvre du cinéma d'horreur des années 80. Pour être tout à fait exact, le film écrit par Joss Whedon et Drew Goddard cite quasiment tout ce qui s'est fait au cinéma ces trente dernières années tout en laissant planer une influence littéraire majeure que nous ne citerons pas ici de manière à préserver une part de l'intrigue de LA CABANE DANS LES BOIS.

Ayant collaboré sur les séries télévisées BUFFY CONTRE LES VAMPIRES et ANGEL, Joss Whedon et Drew Goddard ont l'idée de créer un film qui sera autant un hommage qu'une critique d'un genre se montrant parfois paresseux, cédant à la facilité de nombreux clichés profondément établis. La démarche est, quelque part, assez proche du néo-slasher de Wes Craven, SCREAM. Ainsi, LA CABANE DANS LES BOIS va donc s'amuser avec les règles du cinéma d'horreur. Toutefois, les deux scénaristes ont une idée très surprenante. Celle de proposer un regard extérieur aux cinq jeunes qui semblent être le centre de l'histoire. Ce point de vue inédit, ou presque, on le découvre dès le générique du film qui nous présente deux hommes murs se préparant à accomplir un boulot des plus importants. Le vrai mystère qui entoure LA CABANE DANS LES BOIS est, en réalité, le lien qui unit ses deux techniciens à la fameuse bâtisse. Mais si l'idée est géniale, il va générer un problème de taille dans le contexte d'un film d'horreur. Les frissons ou la peur seront malheureusement annihilés par ce nouveau point de vue. C'est d'autant plus gênant qu'à l'origine, les deux créateurs du film regrettaient que le cinéma d'horreur contemporain n'était plus à même de faire peur. Au moins, ils ont réussi leur challenge dans le domaine de l'originalité en proposant un concept généreux et amusant !

Généreux, LA CABANE DANS LES BOIS l'est à plus d'un titre. Ainsi, le métrage se montre particulièrement savoureux dans son décalage humoristique. A ce titre, le film est dans sa majeure partie, comme déjà dit, bien plus ludique que réellement horrifique. Et c'est encore là où la générosité des deux cinéastes se révèle puisque les cinéphiles auront tout à loisir à essayer de reconnaître ici ou là des références à des oeuvres mythiques du cinéma d'horreur et d'autres qui sont bien moins connu. Mais tous ces hommages et clins d'œil ne sont pas de simples citations gratuites puisque cela s'inscrit de manière complètement naturelle à l'intrigue. Enfin, la générosité du métrage se révèle au fur et à mesure avec une montée crescendo dans le spectaculaire. Car si LA CABANE DANS LES BOIS ne fera pas peur à grand monde, il aligne tout de même plusieurs passages «gores» fort réussis.

LA CABANE DANS LES BOIS est un pur divertissement fantastico-horrifique qui ne tient pourtant pas toutes ses promesses... Rappelez-vous de l'affiche et de «Vous croyez connaître l'histoire. Vous pensez déjà connaître la fin.». Pour être tout à fait exact, l'histoire, elle se révèle assez vite particulièrement parce que des indices se trouvent à l'écran dès les premières secondes du film et que la suite est pour le moins évidente une fois la première mise à mort effectuée. Reste encore à faire la lumière sur quelques points mais c'est là où LA CABANE DANS LES BOIS se prend les pieds dans le tapis. Car au final, il y a un manque de cohérence dans ce que l'on nous présente, les éléments mis en place ne s'accordent plus tellement à l'arrivée. Mais, quelque part, peu importe puisque la finalité de LA CABANE DANS LES BOIS est atteinte. Nous faire passer un excellent moment devant un spectacle qui ne lésine pas pour aller au bout de son idée originale !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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