Snow a beau avoir sale caractère, il n'en est pas moins un agent d'élite au service du gouvernement. Enfin il l'était jusqu'à maintenant. Car suite à une sombre machination, notre homme est reconnu coupable du meurtre de l'un de ses collègues et condamné à trente années de réclusion. Il s'apprête donc à être balancé sur MS-ONE, une prison futuriste flottant dans l'espace, avec à son bord les cinq-cents plus grands criminels du monde plongés dans un état de stase... Mais là encore, les choses ne tournent pas comme prévu et les prisonniers prennent le contrôle de MS-ONE. Les bougres comprennent de surcroît assez rapidement que l'un de leurs otages est en réalité la fille du Président des Etats-Unis ! Le gouvernement reconsidère alors le sort de Snow et juge plus malin de l'envoyer sur place pour récupérer la précieuse jeune femme...
En 2004, les irlandais Stephen St. Léger et James Mather écrivent et mettent en scène PREY ALONE, un court métrage de quinze minutes qu'ils balanceront gratuitement sur le web. Gorgé d'effets visuels, de séquences d'action et essentiellement articulé autour d'une course poursuite aussi improbable que dynamique, ce premier film a tout d'une excellente carte de visite. C'est d'ailleurs son objectif premier mais malgré cela, les propositions ne vont pas réellement pleuvoir... Reste qu'après plusieurs années, la finalité est bien là : Luc Besson décide de leur donner une chance et de leur confier un budget confortable (trente millions de dollars), ainsi qu'une idée. Car en effet, le générique d'introduction nous le rappelle en gros caractères, nous sommes en présence d'une «idée originale de Luc Besson».
De toute évidence, pour Luc Besson, avoir une idée originale consiste à parcourir sa DVD-thèque, revoir deux ou trois films des années 80-90, mélanger le tout et pondre une copie à peine diluée, reprenant même quelques détails très révélateurs... Ne tournons donc pas plus longtemps autour du pot, ce LOCK OUT reprend grosso-modo le mode d'incarcération de DEMOLITION MAN et positionne sa prison en orbite à la manière d'un FORTRESS 2. En soit, l'idée n'est pas mauvaise et pourrait même passer inaperçue. Mais reprendre la trame des NEW YORK 1997 et LOS ANGELES 2013 de John Carpenter, n'est-ce pas un peu grossier tout de même ? Manifestement pas puisque le script de LOCK OUT y va sans tendresse, avec de monstrueux sabots ! On retrouve donc la fille du Président des Etats-Unis, des centaines de criminels et un antihéros à la répartie facile, chargé d'aller récupérer la donzelle. Pour les amoureux des détails, on notera que notre homme cherche également une valise et qu'il est fumeur dans un monde où plus personne ne fume. Des «références» de ce genre, le métrage de Stephen St. Léger et James Mather en regorge, jusque dans certains dialogues. On notera par exemple que «Snow» cherche à cacher son prénom, tout comme le personnage du Lieutenant Cobretti joué par Stallone dans COBRA. Vous vous souvenez de ce métrage de George P. Cosmatos datant de 1986 ? Bravo à vous, il vous sera dans ce cas très facile de deviner comment se prénomme Snow ! On vous l'a dit, rien n'est plus simple en 2012 que d'avoir des idées vraiment «originales» !
Mais passons outre la fumisterie et faisons mine de n'avoir rien remarqué pour nous pencher sur la pelloche en tant que telle... De prime abord, rien de déshonorant avec dès les premières secondes, un Guy Pearce bodybuildé pour l'occasion et affichant vingt kilos de plus qu'à son habitude. Les années passent et le bonhomme ne perd rien de son charisme, oeuvrant ici dans un registre décontracté et pince-sans-rire qui lui sied bien. Les répliques fusent, un peu trop peut-être, et ne font pas toujours mouche, mais la bonne humeur est bien présente. En souffre douleur de notre gaillard bourru, nous aurons droit à la gentillette mais un peu limitée Maggie Grace. Si le nom ne vous dit rien, sachez qu'elle était entre autres la gamine groupie ridicule dans TAKEN, et qu'elle reprendra ce rôle de composition dans TAKEN 2. Ici, la demoiselle est tout de même moins décalée et sert de victime idéale aux remontrances du héros. Toujours côté casting, nous noterons une belle brochette de «gueules» avec en tête le britannique Joseph Gilgun, déjà vu dans la troisième saison de MISFITS. Très convaincant dans son rôle de punk-pervers-amoché, l'acteur donne la réplique à son compatriote Vincent Regan, habitué ces derniers temps aux métrages épiques (300, TROIE, LE CHOC DES TITANS). Le reste des détenus et figurants sera majoritairement interprété par des acteurs locaux, et donc serbes.
En effet, LOCK OUT a beau être une production française, il n'en est pas moins tourné en intégralité à Belgrade. Ne vous attendez cependant pas à faire du tourisme ou à reconnaître quelques bâtisses car le métrage ne dispose d'aucun plan en extérieur. Nous avons là des bureaux, une salle d'interrogatoire, une prison et... l'espace ! La seule séquence qui pourrait être assimilée à un extérieur s'avère être une course poursuite illisible, numérique et à l'évidence non-finalisée ou complètement bâclée. La chose est d'autant plus «choquante» qu'elle force la comparaison avec celle de PREY ALONE, et qu'elle n'en sort pas grandie malgré la monstrueuse différence de budget ! Fort heureusement, la catastrophe n'est que de courte durée et le gros des trucages est de bonne, voire d'excellente facture.
Reste que malgré son casting globalement convaincant, son visuel relativement soigné et son ton décontracté, LOCKOUT peine à convaincre. Le fort «sentiment» de déjà vu est sans doute en cause mais on reprochera également et surtout de gros soucis de rythme. Ainsi, notre héros passera davantage de temps à balancer des vannes et parcourir des couloirs qu'à affronter ses menaçants ennemis. Le petit jeu de cache-cache ne fonctionne guère sur la durée et l'on se prend à espérer quelques empoignades musclées. Peine perdue car au final, le métrage de Mather et Léger est assez avare en action, et pour tout dire assez plat. La tension est en outre totalement absente et le laxisme du protagoniste ne fait, au final, qu'amoindrir les enjeux dramatiques du film. Les 96 minutes du film s'écoulent dès lors sans ennui, mais sans passion non plus. Le spectateur guettera le dénouement d'un œil discret, l'espoir d'être surpris ou enthousiasmé s'étant évaporé au fil du temps. Bien dommage car cette production française au «look & feel» américain partait avec quelques beaux atouts en main…