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Critique du film et du DVD Zone 2
SUPERCROC 2007

 

Une esquadounette de quatre militaires est en repérage lorsqu'ils sont furtivement attaqués par une créature surgissant de l'eau. Trois morts plus tard, l'évidence saute aux yeux de Celia Perez, l'unique survivante : Le responsable est un crocodile discret d'une bonne vingtaine de mètres. Elle en informe donc ses supérieurs qui décident d'y mettre les moyens en envoyant... quatre nouveaux militaires ! Trois morts plus tard, l'évidence est devenue véritablement évidente. L'armée a alors recours aux explosifs et aux frappes aériennes mais rien ne semble pouvoir arrêter la progression du monstre vers Los Angeles. A moins que le soldat Perez, née tout de même du côté marécageux de la Floride, ne soit subitement illuminée par une véritable idée...

Spécialiste des effets spéciaux, Scott Harper dispose d'un Curriculum Vitae plutôt riche, gorgé de blockbusters (BRAQUAGE A L'ITALIENNE, CHARLIE'S ANGELS : LES ANGES SE DECHAINENT) ou de métrages abondamment truqués (ZATHURA : UNE AVENTURE SPATIALE, LE VAISSEAU DE L'ANGOISSE, AU-DELA DE NOS REVES, MORTAL KOMBAT...). Malgré cette carrière que l'on pourrait qualifier d'assez honorable, le bonhomme aspire à davantage de reconnaissance. Harper a des choses à dire, à montrer. Il veut repousser les limites et prendre à bras-le-corps un vrai projet de bout en bout. Autrement dit, il veut devenir réalisateur et avoir son nom en gros caractères sur une affiche. On imagine dès lors fort bien le triste porte-à-porte qui aura mené notre ambitieux gaillard jusqu'à celle de la société «The Asylum». Là, Scott Harper aura trouvé une oreille compatissante et repartira tout sourire, avec sous le bras un script monstrueux imaginé par le visionnaire David Michael Latt. Ce dernier étant l'un des principaux producteurs de «The Asylum», on se garde bien de lui faire remarquer que son histoire est d'une connerie redoutable. Au contraire, on le flatte, on se montre subtil et on lui fait remarquer que c'est un scénario qui devrait parfaitement convenir au spectateur lambda, bourré jusqu'à l'hypothalamus de chips et de Budweiser...

Scott Harper rentre donc chez lui avec la grande nouvelle, il s'apprête à être metteur en scène. Reste qu'il sera de ces mecs qui mettent en boite une pelloche avec un budget de 200.000 dollars, soit dix fois moins par exemple que le petit français LA TRAQUE... Avec une telle somme, on ne peut bien évidemment pas faire grand chose et c'est exactement ce que notre apprenti réalisateur va faire. Donc avant de s'attaquer à Los Angeles, SUPERCROC se déroule dans une forêt que tout le monde connaît. Non pas qu'elle soit célèbre mais plutôt qu'elle est banale, et qu'il pourrait très bien s'agir de celle où nous tous jouions quand nous étions gosses. Pas d'éclairage, une poignée d'arbres et une banderole indiquant «Ne pas déranger, Scott Harper tourne son premier film». Dans ce lieu quelconque, on nous colle une poignée de bidasses qui marchent, regardent à gauche puis à droite, et inversement. Aucun d'eux ne parle, les lèvres ne bougent pas et pourtant, magie de la post-(dé)synchro, le spectateur aura droit à quelques ridicules dialogues pour meubler. Autant dire que le démarrage est laborieux pour notre crocodile géant...

La suite ne sera guère plus enthousiasmante car lorsque le monstre se décide à apparaître, ce n'est que pour révéler son horrible facture numérique. Bien évidemment, nous évoluons là en terrain connu et dans la moyenne des productions du même type. Mais ici, le constat est d'autant plus rude que les effets spécieux ont également été laissés à la charge de Scott Harper ! Monsieur se relâche, plus aucun doute... SUPERCROC dispose en outre de particularités qui ne jouent pas en sa faveur : Il est tourné caméra sur l'épaule, et défiguré à grands coups de filtres (jaunes, verts, saturation etc.). En soi, ça ne serait pas un drame si, à chaque intervention des effets numériques, la caméra ne se figeait pas pour un plan fixe particulièrement visible. En effet, il est plus simple et donc moins couteux d'intégrer le croco lorsque l'image ne bouge pas. Cela permet également de réutiliser moult fois la même action, en changeant uniquement le décor. C'est ainsi qu'à trois reprises, notre monstre dodu écrase un figurant de la même manière, tranquillement, sans violence. Car SUPERCROC est également un film dont la bêtise s'adresse à toutes les tranches d'âge. Aucune goutte de sang ne sera versée ce qui, vous en conviendrez, s'avère assez déroutant lorsqu'on met en scène un méga-crocodile amateur de viande !

A bien y regarder, il est tout de même bien délicat d'avoir ne serait-ce qu'un mot tendre pour ce SUPERCROC raté en tous points. Lorsqu'il plante L'ILE DES KOMODOS ou KOMODO VS. COBRA, Jim Wynorski a au moins la politesse de nous divertir en mouillant quelques tee-shirts ou en dessapant quelques donzelles. Scott Harper n'aura même pas cette correction, ne donnant ni à Kim Little, ni à Cynthia Rose Hall l'occasion de se mettre à l'aise. Parce qu'il est donc un goujat et qu'il n'offre aucune compensation à son spectateur, nous serions tenter de sanctionner sévèrement notre apprenti réalisateur. Malheureusement, nous avons été pris de vitesse et quelques mois après SUPERCROC, Scott Harper a enfoncé le clou avec ALIEN VS. HUNTER. C'était en 2007, et cela marquait alors l'arrêt complet de sa carrière. Ouf, il y a une justice !

C'est à l'éditeur français Zylo que nous devons l'acte de bravoure consistant en la commercialisation d'un disque dédié à SUPERCROC. Comme bien souvent avec ce type de films, Zylo s'économise une version originale et par là même un sous-titrage francophone. Nous n'aurons donc droit qu'à un piètre doublage dans notre langue, encodé dans un bon vieux stéréo des familles. La piste est claire, ne souffre d'aucun défaut particulier, mais n'offre pas de véritable dynamique et s'avère au final assez plate... En termes d'image, on nous propose une copie au ratio 1.77, respectant le format d'origine. L'encodage en 16/9ème ne fait pas de merveilles et la compression est assez régulièrement visible. Quelques effets de rémanences viennent s'ajouter à cela et nous noterons que les couleurs sont globalement fades. Au-delà de ça, la copie est propre et nous ne noterons pas de défaut bloquant.

La section bonus est, comme il fallait s'y attendre, assez légère. Nous aurions bien aimé une tentative de plaidoyer de la part de Scott Harper, mais nous devrons nous asseoir sur ce fantasme masochiste. Nous pourrons en revanche nous faire plaisir avec quelques bandes-annonces de l'éditeur, lancées à l'insertion du disque. Celle de GUNS sera la première, nous dévoilant un polar urbain sur fond de trafic d'armes. Suivra une niaiserie footeuse pour gosses annonçant la couleur puisqu'intitulée CARLITOS OU LA CHANCE D'UNE VIE. S'ensuit RUSSIAN TRANSPORTER qui donne pour sa part dans le muscle et le cuissot, avec une série d'arguments convaincants comme de nombreux pains dans la gueule, quelques explosions et une citation de Baudelaire. C'est important. La valse des film-annonces s'achève enfin avec celle de THE UNDERDOG KNIGHT, mettant en scène Anthony Wong dans un second rôle d'importance. On saluera le monteur de cette dernière bande-annonce qui, plus de deux minutes durant, arrive tout de même à cacher que le héros du métrage est en réalité un attardé mental ! Le «détail» est en effet assez peu vendeur et l'acheteur risque d'être bien surpris en faisant l'acquisition de la galette dont le synopsis est également très cachottier pour ne pas dire mensonger...

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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Trop laid, trop bête...
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L'édition vidéo
SUPERCROC DVD Zone 2 (France)
Editeur
Zylo
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h22
Image
1.78 (16/9)
Audio
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
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