Bienvenue au royaume des bimbos blondes pneumatiques décérébrées, des surfeurs bien gaulés et idiots, de la Californie rêvée par tous et des requins mangeurs d'hommes. Tout ça tourné en Australie, dans le Queensland...
Un tremblement de terre sous-marin lâche des requins préhistoriques particulièrement véloces, pleins de dents tout partout. Ils vont foncer à Malibu boire un coup, et au passage dévorer baigneurs, pêcheurs et sandwiches à toute heure. Tout ça écrit par Keith Shaw, le scénariste au lourd passif de DEEP EVIL, SEA GHOST : LA CREATURE DES ABYSSES ou encore l'ART DE LA GUERRE II.
Raconté comme ça, MALIBU SHARK ATTACK ressemble à la palanquée de produits bas de gamme qui ont crevé nos yeux depuis une quinzaine d'années à grands coups de CGI tout moisis. SHARK ATTACK, SHARK ATTACK 2 et SHARK ATTACK 3 : MEGALODON, RAGING SHARKS, MEGALODON et les croisements futés à la SHARKTOPUS, SNOW SHARK, SHARK-machin ou bidule-SHARK. Y'en aura pour tout le monde. Il s'agit surtout du spectateur qui devra subir 99 panouilles pour une surprise à peu près potable. En fait, la scène d'ouverture parlera aux amateurs des DENTS DE LA MER 3, avec son mérou croqué en deux par un requin – clin d'œil ! - avant d'être englouti par une des monstruosités dentues qui vient de s'échapper du fond des âges.
Cette production australo-canadienne (co-produite par Brian Trenchard-Smith) se révèle un peu au-dessus de la moyenne. Certes, le film de David Lister collectionne à la base les stéréotypes du genre. D'abord, les anciennes gloires qui cachetonnent : Peta Wilson a du mal à se remettre de la série NIKITA, elle vient donc tâter du squale. Ensuite le scénario passe-partout qui mange dans toutes les gamelles : il n'y a qu'à lire le résumé pour se donner une vague idée du manque total d'originalité du propos. Et la seconde partie optant pour une chasse en vase clos à la PEUR BLEUE (le Harlin, pas le Attias !). Avec adjonction de tronçonneuse, scie sauteuse qui oeuvrent avec bonheur contre les requins.
Les plages « californiennes » qui sont «bondées» (au moins 18 figurants) de créatures à la plastique parfaite. Toutes en dessous de 25 ans. Pas un obèse, pas un chevelu, pas une mémé, pas une MILF, rien. L'AGE DE CRISTAL, quoi.
La blonde de service. On s'en moque, on la vilipende mais elle revient toujours. Et elle n'est pas contente. Ici, sur l'échelle de 0 à 20 de l'Enervomètre, elle tilte à au moins 108. Et l'actrice qui incarne cette icône du cinéma (Chelan Simmons), s'y connait. La blonde idiote qui se fait cramer dans une cabine UV dans DESTINATION FINALE 3, c'est elle. Ici : elle trépigne, elle hurle, hurle, hurle et hurle encore. Dans ma tête de spectateur perplexe, des mots se bousculent «Ta gueule… mais ta gueule !». Ou encore, plus précis : «mais qu'elle crève, par pitié, faites qu'elle crève !». Mais entre des «Hiiiiiiii» et des «Noooooo» et autres gazouillements intrinsèques, rien n'y fait. Elle survit encore. Comme un mauvais cliché qui ne meurt jamais. Un peu comme demain, quoi. Mais comme disait le fameux proverbe slovène (du sud) : «Donnez à la blonde un poisson et elle pensera qu'elle saura comment pécher. Apprenez-lui à pêcher, elle vous traitera de brune.».
Mais revenons à nos moutons. Requins. Enfin… des «requins goblins». si, si, des requins-goblins. Merci à MALIBU SHARK ATTACK de cette information vitale. Ils sont à bosses, ont des grosses mâchoires, des grosses dents acérées (assez, Ray !) et viennent du Mésozoïque. Ou du Crétacé. En fait, on s'en fout. Ils reviennent, et ils ne sont pas contents. En images de synthèse moches, bien sûr. Et ils attaquent, ils bouffent, croquent, dévorent. Le mélange effets spéciaux mécaniques et numériques ne fait d'ailleurs pas forcément bon ménage. Il demeure incompréhensible de filer comme des torpilles sous l'eau, mais dès l'aileron apparaissant en surface, de posséder la vélocité d'un film de Tarkovski. Une menace pas très crédible. Qui plus est, malgré l'utilisation d'outillage de jardin et autres mécaniques tranchantes, le quota gore est au plus bas. Avec le triangle amoureux en voie de dispute permanente, on sent le produit formaté pour le marché du câble télévisuel.
L'originalité principale tient à la construction du scénario se terminant sur un huis clos. Il demeure typique dans sa première partie : le tremblement de terre sous-marin lâchant les bébêtes affamées rappelle (au choix) les innombrables «fonte des glaces / expériences malheureuses qui libèrent les bébêtes affamées». Le Requinomètre pulse au 10 sur 20 sur l'agressivité et la voracité. Puis soudain à la 25ème minute… un tsunami «10 fois plus violent que celui d'Indonésie». Oubliez toute logique : le tsunami est dévastateur, va tuer des milliers de gens et tout ravager sur la côté californienne. Mais la bicoque de plage sur pilotis des sauveteurs va tenir le choc. D'ailleurs, il n'y a qu'à voir la merveilleuse scène où ils se barricadent derrière leurs persiennes pour s'en persuader. Vive le cinéma ! Les effets spéciaux font ce qu'ils peuvent, mais le budget n'aura permis que l'éparpillement de 15 sachets plastique sur une plage dévastée. Ceci devant les commentaires d'une simili-Evelyne Dhéliat bien isolée. Le Tsunamimètre ne carbure pas à plus de 5 sur 20.
Enfin, le groupe d'humains se retrouve prisonnier de la guitoune des sauveteurs, encerclée par la mer qui a profité du tsunami pour monter un peu. Le récit se concentre alors sur les aléas de la vie de groupe, ponctué des (souvenez-vous) «Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiii» de la blonde idiote. Et les attaques disséminées ça et là des sélachiformes en panne de nourriture, qui vont donc rôder dans les couloirs à demi submergés. Ca vous rappelle quelque chose ? Au Harlinomètre : 147. Au Réalismomètre : - 25. On aura au moins échappé à LL Cool J en tenue de mitron.
Ceci dit, le film soutient très largement la comparaison avec des métrages du même tonneau. Enfoncés, les SHARK ATTACK, BLUE DEMON, SAND SHARKS et autres SHARKS IN VENICE. Le budget supérieur à la moyenne y est pour beaucoup, ici évalué à trois millions de dollars, soit environ trois fois plus qu'un produit The Asylum. Une meilleure aisance dans l'élaboration des scènes d'action qui s'allie à une diversité des plans et décors. Une sensation d'un produit plus riche en contenu. Il y a également moins de plans serrés, privilégié par The Asylum dans ses scènes d'exposition, par exemple. La moitié du métrage se déroulant en pleine eau, on sent que le tournage n'a pas du être simple vue la complexité de certains plans et l'alliage de différents types d'effets spéciaux. Si bien que, même parfois ridicule, on reste dans le domaine de l'acceptable.
Mais soyons lucides : on se trouve quand même dans les mêmes eaux du recyclage/pompage d'idées et d'enfonçages de portes ouvertes. Aucun risque du scénario, aucun enjeu. Une sorte d'ALERTE A MALIBU du pauvre croisé avec la foultitude de sous-DENTS DE LA MER. Il y a comme une petite odeur de SHARK 3D avant la lettre à y repenser. Mais un produit convenu, de consommation très courante destiné à échouer dans les bacs soldés de nos hypermarchés et autres soldeurs fous. Ca n'est pas déshonorant, mais juste inutile. Et surtout vu, revu, hyper-vu, ultra-revu. Au point que de s'absenter quelques minutes ne change en rien le suivi du film. Inutile de balancer la balise Argos de l'imprévisible, elle demeurera introuvable.
Merci au studio Budapest Film de nous avoir fait découvrir cette perle bis via son édition hongroise nommée justement CAPATAMADAS MALIBUBAN. Une galette dont le contenu ne va pas très loin. Le film en version originale anglaise est au format 1.78:1 avec transfert 16/9 et des sous-titres hongrois amovibles. Un accès par 12 chapitres, lancement direct du film... et aucun bonus en vue. La photographie lumineuse de Brian J. Breheny est plutôt bien mise en valeur dans la version visionnée. Il faut dire que le bonhomme a œuvré pour des œuvres plus majeures comme PRISCILLA FOLLE DU DESERT de Stephan Elliott, de HEAVEN'S BURNING de Craig Lahiff avec Russell Crowe ou d'un plus contestable AQUAMARINE. Ca n'est pas un manche, et ça se voit. Les éclairages sont travaillés lors des scènes en intérieur et de nuit. Et l'édition permet d'apprécier le sens du détail et des contrastes bien gérés. Une compression agréable et peu de défauts notables le long des 86 minutes et 26 secondes de ce MALIBU SHARK ATTACK. A ce propos, on notera que l'éditeur a peut être des origines marseillaisses puisqu'ils gonflent exagérement la taille du film sur la jaquette DVD en indiquant 107 minutes !
Côté sonore, on se trouve dans une stricte norme moyenne d'utilisation des canaux disponibles. Des dialogues concentrés sur les canaux avant, quelques effets surround pour la forme. Rien de rédhibitoire, mais rien à conseiller non plus. Il faut cependant préférer la piste DTS qui nous a paru plus dynamique que la piste Dolby Digital 5.1. Pour ceux qui cercheraient des options francophone, il faudra se tourner vers le DVD français. Mais, dans ce cas, il n'y aura plus de version originale et il faudra alors se contenter d'un doublage francophone et d'un contenu additionnel aussi vide que sur ce DVD en provenance de Hongrie.