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Critique du film
JOHN CARTER 2012

 

Ancien capitaine de l'armée confédérée, John Carter est à la recherche d'un trésor, une caverne légendaire remplie d'or. Mais il va surtout trouver un autre monde lorsqu'il sera transporté hors de notre planète pour atterrir mystérieusement sur Mars.

Pour le grand public, le nom d'Edgar Rice Burroughs est généralement associé à un personnage emblématique de l'aventure, Tarzan. Mais l'écrivain n'a pas seulement exploré au travers de ses histoires que la jungle africaine. On lui doit ainsi des voyages vers l'île oubliée de Caspak où des dinosaures évoluent au milieu des humains ou encore l'exploration de Pellucidar, un monde au centre de la Terre. Mais Edgar Rice Burroughs a aussi permis à ses lecteurs de voyager au-delà des frontières terrestres en plaçant ses aventures sur d'autres mondes du système solaire. D'ailleurs, le héros du film JOHN CARTER le dit lui-même dans les œuvres originales, il lui serait possible de voyager vers d'autres planètes si son cœur n'était pas définitivement lié à Mars ! Aventures, mondes étranges, civilisations oubliées, créatures et science-fiction vont ainsi faire partie des très nombreuses histoires écrites par Edgar Rice Burroughs et publiées sous formes d'épisodes au sein de publications populaires, les Pulp magazines, au début du XXème siècle. Malgré un riche potentiel, en dehors de Tarzan, l'œuvre d'Edgar Rice Burroughs sera assez peu visitée par le cinéma. Ainsi, dans le registre «Fantastique», il n'y avait eu jusqu'ici que les trois productions de la Amicus adaptant d'un côté Caspak (LE SIXIEME CONTINENT et LE CONTINENT OUBLIE) et de l'autre Pellucidar (CENTRE TERRE, SEPTIEME CONTINENT). Pourtant, la série d'histoires consacrée à Barsoom dont est issue JOHN CARTER a suscité l'intérêt du Septième Art et ce depuis bien longtemps...

Ainsi l'idée de produire des aventures animées furent envisagée avec l'aval du romancier durant les années 30 mais l'aspect avant-gardiste d'un tel projet sera finalement enterré. L'œuvre d'Edgar Rice Burroughs influencera tout de même très fortement pas mal de cinéastes, certains n'hésitant pas à emprunter sans vraiment le dire des idées à l'écrivain comme dans le TOTAL RECALL de Paul Verhoeven avec l'usine atmosphérique (absente du film JOHN CARTER). Mais, auparavant, un certain George Lucas n'a jamais caché avoir puisé son inspiration dans les Pulp pour l'écriture de LA GUERRE ETOILES. Ironie du sort, c'est justement à cause du succès de STAR WARS que des producteurs achètent les droits des livres du Cycle de Mars pour le compte de Disney au début des années 80. Le film ne se fera pas et les droits changeront de main. Par la suite, plusieurs cinéastes travailleront sur des projets d'adaptation comme Robert Rodriguez ou Jon Favreau. Mais c'est Disney qui en reprenant les droits des livres donnera enfin un vrai départ à ce qui deviendra JOHN CARTER. Dans le même temps, les trublions de The Asylum en ont profité pour tourner leur propre adaptation, PRINCESS OF MARS, avec des moyens qui n'ont pas grand chose à voir...

Alors qu'il s'agit d'un film de grande envergure et avec des acteurs, JOHN CARTER est curieusement confié à un réalisateur qui n'a œuvré jusque là que sur des dessins animés en images de synthèse. Faisant partie intégrante de l'équipe créatrice de Pixar, Andrew Stanton a ainsi travaillé, entre autres, sur TOY STORY, 1001 PATTES ou encore RATATOUILLE alors qu'il a assumé seul la réalisation du MONDE DE NEMO et de WALL-E. Force est de constater que le cinéaste s'est montré à la hauteur en proposant un spectacle qui a l'énorme avantage d'approcher le cinéma d'aventures de manière très classique. Au point que JOHN CARTER ne ressemble pas vraiment aux blockbusters contemporains mais retrouve plutôt le charme de métrages tels que le premier STAR WARS. Autant dire que ce JOHN CARTER nous a emballé. Ce n'était pourtant pas gagné d'avance puisque le film se base sur une œuvre littéraire que les scénaristes, dont Andrew Stanton, ont très librement adapté dans ce film. Ainsi, JOHN CARTER n'est pas exactement l'adaptation du livre original mais plutôt un mélange d'éléments et d'intrigue puisées dans les deux premiers ouvrages : La Princesse de Mars et Les Dieux de Mars. A partir de là, quiconque chercherait une adaptation fidèle risquerait d'être déçu. L'intrigue générale a été entièrement revue, certains rebondissements totalement modifiés et des raccourcis sont souvent utilisés. C'est le cas par exemple du début et de la fin de l'histoire. Rien de bien surprenant, en réalité, puisque Edgar Rice Burroughs ne donnait pas à l'origine d'explication concernant le voyage astral de son héros. Pour les spectateurs d'aujourd'hui, cela s'avère inconcevable et les auteurs du film proposent une solution séduisante sans pour autant être totalement convaincante. Néanmoins, on conserve bien le personnage d'Edgar Rice Burroughs, l'écrivain faisant lui-même l'introduction de l'histoire en la présentant comme une aventure réelle. En tout cas, il faut être bien conscient que les agencements sont nombreux. Les auteurs insufflent aussi des touches humoristiques qui tranchent un peu avec le ton bien plus sérieux des livres originaux. Pour autant, il s'agit d'une relecture plutôt réussie, peut être même bien trop riche pour un film d'un peu plus de deux heures. Car lorsque Edgar Rice Burroughs prenait son temps pour décrire les peuples de Mars ainsi que ses personnages, le film complique l'intrigue. Un choix certainement dicté par l'envie de placer un véritable complot, fil rouge de l'histoire, tout en présentant un véritable méchant tirant les ficelles. Un vilain qui sera à même d'être développé dans une suite explorant bien plus avant les événements des livres suivants : Les Dieux de Mars et Le Guerrier de Mars. En effet, si à l'origine, sa présence est palpable dans le seconde livre, il ne fera sa véritable apparition que dans le troisième ouvrage.

Et parmi les agencements inévitables, on voit aussi mal comment il aurait été possible de présenter la princesse Dejah Thoris totalement nue à l'écran ou montrer sa progéniture sous la forme d'un oeuf (cet aspect étant totalement occulté ici) ! Enfin, le design général de JOHN CARTER n'est pas non plus totalement fidèle, en particulier les engins volants décrits comme des dirigeables prennent des allures assez différentes. Autant de modifications qui devraient nous faire hurler à la trahison ! Et pourtant, le résultat fonctionne. Les personnages prennent vie, l'univers s'installe et l'aventure est au rendez-vous tout en conservant le charme de l'aventure extraterrestre selon Edgar Rice Burroughs. Evidemment, on pourra encore noter quelques imperfections en dehors de cette impression que l'histoire se déroule un peu vite. Par exemple, l'acteur principal n'a peut être pas le charisme nécessaire, à défaut d'avoir une musculature adéquate, pour incarner le héros de cette aventure. On trouvera aussi curieux le passage avec les soldats américains dans le préambule, passage inutile et inexistant dans le livre. Mais tout cela, finalement, n'a pas une très grande importance et il serait dommage de bouder notre plaisir de découvrir une belle aventure sur grand écran !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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