Ayant perdu une fusée propulsée au nucléaire, des officiers de l'armée de l'air emmènent des scientifiques pour retrouver l'engin. Mais, à l'approche d'une île, l'avion est obligé de se poser d'urgence, forçant tout ce petit monde à continuer à pied à travers la jungle d'un lieu inconnu…
Véritable artisan de la série B, Sam Newfield s'est forgé une impressionnante filmographie, tout du moins en ce qui concerne le nombre de métrages. Du Western au film d'aventures en passant par des thrillers, le cinéaste américain a touché à tous les genres pour des métrages le plus souvent utilisés comme des compléments de programmes. Soyons réaliste, Sam Newfield a donc surtout privilégié le plein emploi au détriment d'une certaine qualité. Toutefois, on lui doit des métrages plutôt incongrus, à défaut d'être bon, à l'instar de THE TERROR OF TINY TOWN, Western interprété par des nains ! Evidemment, il va être amené à réaliser des films «Fantastique» comme ce LOST CONTINENT datant du début des années 50 et ayant la particularité d'être l'une des plus grosses productions du cinéaste. Malgré de plus gros moyens qu'à l'accoutumée, c'est tout assez naturellement que le métrage va aligner une distribution composer de comédiens plutôt connus dans le domaine de la série B ou habitué des seconds rôles au sein de productions plus fortunés. En tête d'affiche, on retrouve ainsi César Romero, un latin lover de série B qui gagnera une grande renommée lorsqu'il endossera le costume du Joker dans la série télévisée BATMAN. A ses côtés, on retrouve Whit Bissell ou encore John Hoyt, deux comédiens ayant pas mal de série B à leurs actifs mais qui ont aussi donné la réplique à de très grands acteurs dans des productions beaucoup plus prestigieuses.
LOST CONTINENT est une histoire d'hommes et c'est peut être pour cela que, tout à coup, la production insère de manière peu naturelle une jolie donzelle. Le temps d'une seule et unique séquence, la belle Acquanetta interprète une indigène que vont ainsi croiser nos aventuriers. A priori inutile, le passage a, au moins, le mérite de donner un peu de relief à une histoire somme toute très linéaire. Les enjeux de LOST CONTINENT sont en effet assez limité. Le métrage tente de tirer parti du contexte politique de la guerre froide. Le personnage interprété par John Hoyt est d'origine russe ce qui en fait donc le parfait coupable de différents incidents. Pour autant, le traitement des personnages pourra être perçu comme atypique à une période où les Etats-Unis sont en proie au Maccarthysme. Car si la paranoïa du héros de l'histoire pointe du doigt un scientifique russe, à l'arrivée, on pourra tirer la morale que les origines d'une personne n'en fait pas obligatoirement un parfait coupable, même à une période où l'on voie des espions partout ! C'est peut être là, l'une des qualités de ce LOST CONTINENT qui, sans être spécialement enthousiasmant, se laisse regarder sans ennui.
Après s'être écrasé sur une île, les héros sont amenés à gravir une gigantesque montagne pour atteindre un lieu inconnu de l'homme. Bien sûr, cela rappelle fortement la destination de l'expédition du MONDE PERDU où des explorateurs découvraient des dinosaures sur un haut plateau de l'Amérique du Sud. Les scénaristes de LOST CONTINENT ne se sont pas contentés de reprendre vaguement l'idée des dinosaures et de proposer une variation sur le titre. LOST CONTINENT emprunte donc un élément de plus à l'œuvre originale de Arthur Conan Doyle. Premier contact avec les créatures préhistoriques ? Une tête de lézard géant ! Une apparition fugitive qui laisse à penser que la suite du métrage tentera de nous faire passer des lézards agrandis artificiellement pour des dinosaures. Il n'en sera rien puisqu'une fois que nos héros arriveront sur le haut du plateau, ils vont être confrontés à de véritables dinosaures animés image par image. Des effets spéciaux que l'on doit à Augie Lohman. Sans être déshonorant, le résultat est tout de même bien loin d'égaler les travaux d'un Willis O'Brien ou d'un Ray Harryhausen. Les dinosaures vont ainsi faire partie du décor que traverseront les héros avant la fin d métrage. Les créatures préhistoriques donnent ainsi un peu l'impression d'être sous exploitée ou, en tout cas, de ne servir que d'embûches à une simple aventure qui aurait très bien pu s'en passer. Curieusement, si le film est en noir et blanc, la dernière partie est teintée d'origine de couleur verte. Même les personnages du film semblent le remarquer en découvrant le fameux continent perdu du titre pour ce qui s'avère être un gimmick le plus souvent rencontrés au temps du cinéma muet.
Artus Films propose de redécouvrir LOST CONTINENT en compagnie de trois autres films mettant en scène des créatures préhistoriques. C'est donc au sein du double DVD intitulé LES DINOSAURES ATTAQUENT que l'on trouve ce film de Sam Newfield. LOST CONTINENT partage le même disque que TWO LOST WORLDS. D'ailleurs, nous ne reviendrons pas ici sur le contenu supplémentaire du disque puisque nous l'avons déjà traité en détail dans notre chronique de TWO LOST WORLDS. Intéressons-nous plutôt au transfert audio / vidéo de LOST CONTINENT. Et soyons honnête, ce n'est pas le nirvana. Le film est présenté ici dans son noir et blanc d'origine mais respectant, aussi, la partie teintée en vert à la fin du métrage. Pour le reste, le passage du temps a laissé des défauts de pellicule qui sont autant de défauts acceptables. Ce qui l'est moins, ce sont plutôt des soucis purement vidéo laissant à penser que la source utilisée n'est pas de dernière fraîcheur. Pire, on ressent ici ou là des gels d'images franchement gênant sur un DVD. Nous serons moins critique en ce qui concerne la seule piste sonore proposée. En mono d'origine, elle n'a rien d'impressionnant et malgré ses limitations d'époque on s'en contentera sans problème. La version anglaise est bien évidemment traduite par l'affichage optionnel d'un sous-titrage en français. Tout cela nous mène à conclure que si l'emballage de ce double DVD est louable que ce soit dans le choix éditorial ou bien avec l'adjonction d'un livret, on conseille vivement à revoir ses critères de qualité en ce qui concerne l'image !