Alors qu'il entame une tournée pour la promotion de son dernier livre, un écrivain en mal d'inspiration se rend dans une petite ville. Une nuit, il perçoit en rêve, un fantôme nommé "V" qui lui raconte une étrange histoire en rapport avec un meurtre mystérieux ayant eu lieu dans la bourgade...
A priori, on n'associe pas directement le nom de Francis Ford Coppola au «Fantastique». L'imposant cinéaste est avant tout reconnu pour la saga LE PARRAIN ou encore APOCALYPSE NOW. Pourtant, sa filmographie recèle pas mal de métrages liés à l'univers «Fantastique» que ce soit en tant que réalisateur ou producteur. En effet, lorsqu'il fonde American Zoetrope avec George Lucas, c'est pour produire THX 1138. Mais auparavant, en tant que réalisateur, Francis Ford Coppola va débuter dans l'écurie Roger Corman en mettant la main à la patte discrètement à L'HALLUCINE ou en assumant pleinement DEMENTIA 13. Le «Fantastique», il y reviendra tout au long de sa filmographie, parfois de manière surprenante comme avec LA VALLEE DU BONHEUR, comédie musicale mettant en scène Fred Astaire, ou bien dans le méconnu et très réussi PEGGYE SUE S'EST MARIEE. Bien évidemment, son incursion la plus connue reste son BRAM STOKER'S DRACULA, à la suite duquel il produira d'ailleurs le FRANKENSTEIN de Kenneth Branagh. Mais il ne faudrait pourtant pas oublier, plus récemment, L'HOMME SANS AGE passé un peu inaperçu. Néanmoins, avec TWIXT, Francis Ford Coppola semble retourner à ses sources. Un choix qui ne manquera pas de déconcerter à la vue du résultat final. En effet, le film se sert, dès sa mise en place, des codes de la série B, une forme en apparence impersonnelle mais surtout commerciale renouant, de loin, avec l'héritage d'un Roger Corman. Le cinéaste donne ainsi l'impression de faire un retour vers une forme d'humilité qui n'a jamais été réellement sa marque de fabrique et, dans TWIXT, seuls quelques plans discrets viennent rappeller sa mythique signature.
Partant du thème de l'écrivain en mal d'inspiration, Francis Ford Coppola déroule son canevas scénaristique entre rêve et réalité, tentant de distiller un parfum d'étrangeté dans des séquences oniriques au rendu esthétique plus ou moins inégal. Car le metteur en scène semble en effet plus à l'aise avec la réalité brute de son personnage principal, écrivain confronté au syndrôme de la page blanche. Il capte avec une certaine authenticité l'esprit d'isolement d'un créateur pris entre deux nécessités : fournir une oeuvre face à la pression de son éditeur et maintenir le train de vie de son épouse. De là à y voir une forme de transfert de sa part et une illustration de ses années de passage à vide, il n'y a qu'un pas que les observateurs cinéphiles et commentateurs franchiront allégrement puisque la perche est plutôt bien tendue.
La première partie du film désarçonne un peu par une certaine impression de banalité. Les thèmes abordés et mixés dans le film sont des plus communs. Mais aussi par un souci d'homogénéité dans l'alternance entre les séquences de rêve et la réalité. Il est difficile de passer d'une scène triviale comme celle d'une scène de ménage, à l'univers assez sombres des visions de l'écrivain. Cela donne parfois l'impression de regarder deux films bien différents. Le réalisateur parvient tout de même, sur la longueur, à imposer un rythme et à immerger le spectateur dans cette quête à la fois personnelle, et criminelle au ton mélancolique et désabusé. Une idée qu'incarne parfaitement l'apparition fantomatique d'Elle Fanning, le meilleur effet spécial du film.
La modestie apparente de l'entreprise (jusque dans sa durée, 90 minutes, emballé, c'est pesé) ne doit tout de même pas écarter au passage la petite réflexion contenue au sein de cette histoire. Nous sommes tout de même chez Coppola. TWIXT nous parle de la création, du pont entre rêve et réalité ainsi que des fantômes qui se nourrissent des deux. Une démonstration appuyée et symbolisée ici par le spectre d'Edgar Allan Poe en personne. Mais certains partis pris esthétiques, une musique pachydermique ou encore un manque de cohésion entre les deux mondes ont tendance à amoindrir la portée de l'oeuvre. Si le film ne parvient donc pas à atteindre totalement son objectif d'étrangeté poétique, le geste restera globalement honorable, tout en restant du tout petit Coppola.