Dans un futur proche, le gouvernement américain a lancé un programme de surveillance informatique nommé ODIN. Des caméras robotisées scrutent la ville de manière à faire baisser la criminalité. L'agent Reynolds enquête sur un terroriste qui s'apprête à commettre un assassinat...
Directeur de la photo sur des métrages tels que PROPHECY ou DESTRUCTION TOTALE, Richard Clabaugh se laisse tenter par la réalisation en assumant la mise en scène de PYTHON. En 2005, il fonde Crimson Wolf Productions en compagnie de son épouse et de John S. Rushton. Dans ce cadre, il produira et réalisera LITTLE CHICAGO pour finalement revenir à la science-fiction avec EYEBORGS. Richard Clabaugh n'en sera pas seulement le réalisateur puisqu'il assume aussi l'écriture du scénario avec Fran Clagaugh. A l'évidence marqué par les profonds changements après le 11 septembre, EYEBORGS décrit les dérives d'une politique ultra-sécuritaire. Pour autant, la vision du film fait parfois penser à des œuvres bien plus antérieures et particulièrement TONNERRE DE FEU bien qu'il n'y ait aucun hélicoptère au centre de EYEBORGS. Hormis quelques éléments scénaristiques similaires, le film de John Badham, datant des années 80, nous dévoilait un complot utilisant la peur d'une éventuelle attaque terroriste pour implanter un système intrusif et armé au sein des grandes villes américaines. Ce sujet est bien au cœur de EYEBORGS, le film se plaçant dans un futur proche où des robots de surveillance épient en permanence les citoyens avec à la clef un sombre complot. Le métrage suit alors un membre d'une organisation anti-terroriste qui va découvrir petit à petit que le système sensé protéger la population a des côtés très inattendus. Evidemment, la dérive sécuritaire dirige donc la société américaine vers un état totalitaire faisant penser à ce qui pourrait être les prémices du 1984 de George Orwell. Richard Clabaugh insère au passage plusieurs idées fort intéressantes et d'actualité au sein de son intrigue et particulièrement la manipulation des images. Exposé ainsi, EYEBORGS est donc un thriller classique plutôt malin.
Manque de bol, EYEBORGS est avant tout un film qui n'a pas les moyens de ses ambitions. Cela ne se ressentirait pas vraiment si le métrage se déroulait de manière fluide. Mais EYEBORGS a un peu de mal à mettre en place son intrigue inutilement alambiquée. Cela donne donc tout loisir à essayer de comprendre pourquoi tel ou tel événement se déroule à l'écran et même lors de la révélation finale, il restera des zones d'ombre. Il faut croire que le complot est trop machiavélique pour le spectateur pour en comprendre tous les rouages. Ou plus logiquement, les deux scénaristes ont mis en place des imbrications peu cohérentes dans le seul but de faire avancer leur intrigue. Cela parait clair à l'issue du film où on se rend compte que la faction contestataire et terroriste n'a pas de réelle pertinence dans l'histoire. Surtout que l'organisation terroriste semble se limiter à un gars dans son garage. Pas franchement convaincant au même titre que la résolution finale qui semble bien peu crédible. Pourtant, il s'agit d'une excellente idée mais cela ne fonctionne pas correctement au sein de EYEBORGS faute à un traitement non maîtrisé.
Ayant déjà bossé avec Adrian Paul sur LITTLE CHICAGO, Richard Clabaugh fait de nouveau appel au comédien pour donner corps à son flic dur à cuire et portant un lourd trauma. Cela nous mène à une scène dans une église où le personnage va se recueillir en allumant un cierge tout en se remémorant son passé. Pour l'émotion, on repassera, le résultat est plutôt kitch et ce qui aurait pu enrichir le personnage ne fait finalement que ralentir la narration. Passons rapidement sur le personnage incarné par Danny Trejo pour finalement se raccrocher aux scènes d'action assez inégales et aux robots dont les effets sont, eux aussi, à l'avenant. Parfois très réussis, les plans truqués peuvent aussi se révéler factice lors de certaines séquences. La dernière partie du film se montre alors plutôt généreuse en créatures robotisées. EYEBORGS se transforme alors en film d'action de série B avec fusillade dans des couloirs et salles à peine décorée entre humains et robots. C'est certes moins subtil mais cela cadre déjà bien plus avec les moyens mis en œuvre !
Free Dolphin nous propose EYEBORGS directement en vidéo avec le choix entre une édition ou un Blu-ray. Sur ce dernier, l'image se montre réussi avec un transfert 1080p/24 détaillé. Ce n'est pas ce que l'on a pu découvrir de mieux dans le genre mais cela reste agréable. La piste originale en DTS HD Master Audio 5.1 se montre déjà plus curieuse. En effet, en raison d'un mixage trop généreux, le contraste entre les prises de son naturelles comme les dialogues et les effets sonores ou la musique est un peu exagérée. En soit, ce n'est pas un défaut mais cela ne donne pas, dans l'ensemble, un rendu très naturel. La question se pose moins sur le doublage français puisque par essence changer la voix des acteurs donne rarement un rendu naturel.
Pas mal de suppléments sont compilés sur le Blu-ray. A commencer par un making-of d'un peu plus d'une vingtaine de minutes. Le contenu s'avère un peu anarchique, sautant du coq à l'âne avec des informations à l'intérêt très variable et au discours très enthousiaste. Un autre module qui se veut un poil humoristique se met en tête de nous montrer le processus de création des robots en trois minutes. L'idée n'est pas mauvaise mais le manque d'explication concrète évacue le réel intérêt d'un tel supplément. Il en ira de même des scènes coupées qui allonge des séquences ou ajoutent des morceaux à ce qui n'en a pas besoin. D'ailleurs, les seuls passages qui semblent intéressant sont consacrés à la caméra robot de la journaliste. Oublions le bêtisier pas drôle (comme la plupart des suppléments de ce type). Enfin on boucle avec un clip vidéo ringard de la chanson du film et la bande-annonce que l'on pourra se passer au choix en version originale sous-titrée ou en français !