Header Critique : DEVIL TIMES FIVE (CINQ FOIS LA MORT)

Critique du film et du DVD Zone 2
DEVIL TIMES FIVE 1974

CINQ FOIS LA MORT 

Cinq enfants survivent à un accident de voiture. Ils rejoignent une maison isolée en pleine montagne où plusieurs couples se sont réunis pour un week-end de détente. Les adultes se doutent alors que quelque chose ne tourne pas rond, les jeunes révélant quelques tendances psychotiques.

Les enfants aux pulsions meurtrières n'étaient pas nouveaux en 1974. L'avènement de Patty McCormack dans LA MAUVAISE GRAINE, mais également les blondinets du VILLAGE DES DAMNES et sa suite CHILDREN OF THE DAMNED ont déjà rappelé au monde adulte qu'il fallait également compter avec les mineurs pour composer sur cette Terre.

La particularité de ce DEVIL TIMES FIVE est d'arriver dans un cycle de films tendance «grindhouse» en plein milieu des années 70. Mélange de film sexy (les actrices se déshabillent bien), de morts violentes, un peu de gore mais surtout une mise en situation d'enfants face à la violence qui s'avère quelque peu particulière. DEVIL TIMES FIVE s'avère un excellent compagnon de route au TUEURS DE L'ECLIPSE d'Ed Hunt, avec qui il entretient une certaine filiation. A croire d'ailleurs qu'Ed Hunt et se scénaristes se sont directement inspirés –voire plus ?- du présent film pour concocter leur 5 enfants tueurs... Mais nous sommes bien en territoire de film d'exploitation, même si le métrage marche plus sur l'ambiguïté du propos. Le film est également connu sous plusieurs autres titres comme PEOPLE TOYS, mais également THE HORRIBLE HOUSE ON THE HILL lors de sa ressortie.

Le film a connu une production plus ou moins houleuse. Le réalisateur original (Sean MacGregor) a été viré au bout de quelques semaines et un nouveau réalisateur (David Sheldon, non crédité au générique) a été engagé afin de tourner de nouvelles scènes et en retourner d'autres s'avérant inutilisables. Ceci expliquant que l'un des jeunes acteurs (Leif Garrett) porte une perruque afin de masquer une autre couleur de cheveux, car étant déjà sur un nouveau tournage en parallèle. Une autre théorie avancée par le producteur Michael Blowitz semble être que le film avait une durée initiale trop courte pour l'exploitation et la revente à la télévision (voir pour ceci ce qui arriva à un film comme MADMEN FROM MANDORAS) : ainsi une scène de meurtre relativement longue pouvant ainsi servir à atteindre les 90 minutes de rigueur. En regardant la scène, il est d'ailleurs difficile de penser autrement !

Côté People, les fanas assidus des années 70 auront tôt fait de remarquer Leif Garrett, l'un des enfants. Après des débuts remarqués au cinéma dans BOB & CAROL & TED & ALICE en 1969 et la trilogie WALKING TALL, il deviendra graduellement une idole pop météoritique à la fin des années 70 avant de sombrer. Il fait partie aujourd'hui des innombrables petites célébrités déchues qui écument les show de télé-réalité aux USA. Si le Shériff Boss Hogg vous dit quelque chose, c'est donc que vous connaissez SHERIFF FAIS-MOI PEUR, l'un des séries télévisée culte des années 70. Son interprète Sorell Brooke fait un détour parmi le sextette d'adultes, tout comme Gene Evans (THE GIANT BEHEMOTH, SHOCK CORRIDOR) qui joue ici le détestable –que dis-je- l'ignoble Papa Doc.

L'une des particularités du film est la quasi-absence d'explication de l'origine du tempérament assassin des enfants. On voit bien l'un des survivants de l'accident porter un badge du département infantile d'un hôpital psychiatrique, mais rien ne semble étayer plus la tendance psychotique des bambins. Là où, justement LES TUEURS DE L'ECLIPSE mettait en avant le paranormal pour expliquer la manque de discernement entre le bien et le mal. A y réfléchir, on s'approche plus d'une thématique à la REVOLTES DE L'AN 2000, sans pour autant arriver à égaler ce petit chef d'œuvre malsain. DEVIL TIMES FIVE se révèle plus une excroissance sauvage de LA MAUVAISE GRAINE, mâtiné de folie grindhouse. Un vrai produit de son temps.

La brutalité des meurtres reste une source d'étonnement. Voir de jeunes enfants prendre part à l'image dans les mises à mort est assez dérangeant. La scène d'égorgement ne pourrait plus être tournée telle quelle aujourd'hui. Autres temps, autres mœurs. Le film porte clairement les stigmates des années 70, où l'expérimentation filmique était couplée aux limites des tabous à repousser. Et donc d'aborder la violence sous un angle plus pervers. A savoir non seulement montrer un meurtre, mais dans la même image, voir des enfants le perpétrer. Ce qui, à notre connaissance, n'avait pratiquement –voire jamais- été montré au cinéma.

Ceci dit, les intentions des auteurs se trouvent bloquées par les pauvres moyens mis en œuvre et les choix artistiques. En prenant la mise à mort filmée au ralenti : beaucoup trop longue, l'effet ralenti rate le coche. Au lieu de mettre l'emphase sur l'acte, il le désacralise et le rend presque ridicule. Qui plus est, l'adjonction d'une musique décalée désamorce complètement l'horreur potentielle et le frisson attendu.

Le choix d'un endroit isolé de tout, dans le froid et la neige, a de quoi séduire pour un film aux moyens réduits. Il s'agit d'un choix tout à fait respectable, et qui peut apporter au cinéma quelques tentatives intéressantes : DETERRENCE en est le meilleur exemple, mais on peut également citer D-TOX de Jim Gillespie ou encore THE LAST STOP de Mark Malone. On ne peut s'empêcher de constater une certaine similarité avec le récent THE CHILDREN de Tom Shankland, nouvelle variation de la progéniture enfantine assassine :le tout dans une maison isolée en plein hiver… endroit clos, destruction de l'univers familial, coïncidence ?

Pour le film de Sean MacGregor/David Sheldon, le mélange sexe et violence du film donne une première demi-heure relativement peu intéressante, tout du moins conforme à ce qu'on peut attendre d'un tel produit 70's. Une bonne dose de sexualité (féminine et masculine, ce qui est relativement surprenant pour 1974), du blabla économico-fumeux, du drame entre adultes avec un papa dominateur, un directeur pleutre et un beau-fils épris de liberté. En clair : on s'en fout un peu. Il n'y a guère que le personnage du gardien un peu simplet (joué de manière médiocre par John Durren, le co-scénariste) qui retienne l'attention. On sent que le scénario guide la pitié vers cet homme. Il s'agit de l'irruption des enfants dans le monde tranquille des adultes qui provoque le changement de ton. Et leur caractérisation s'avère très particulière. Leur comportement et réparties les positionnent comme de petits adultes. Des actes violents, certes, mais également une manière posée, provocatrice de s'adresser aux adultes. Cela va jusqu'au côté androgyne du leader, jouée par Gail Smale. Qui arrive grimé en nonne, summum de l'innocence, et qui se révèle le/la plus puissant(e) de tous. Mais que personne ne songe à suspecter d'actes délictueux, qui ne connaîtront pas de barrière sociale. Pas de notion de moralité apparente : chaque adulte se retrouve en position de victime potentielle.

Le film va ainsi crescendo dans sa dernière demi-heure, utilisant à bon escient la seule maison du film. Type de production idéale pour un budget bas : décor unique et scénario s'évertuant à utiliser l'ensemble des pièces, et extérieurs directs pour les scènes d'exposition et le final meurtrier. Et les morts sont inventives : bain aux piranhas, torche vivante, pendaison violente, marteau, couteau... un catalogue du parfait petit psychopathe. On notera aussi une curieuse arme : un morceau de métal pointu inséré en avant d'une sorte de balançoire, qui viendra s'encastrer malencontreusement dans l'un des adultes venus tenter d'éliminer les charmants bambins. Et, oui : les gamins sont complètement tarés !

DEVIL TIMES FIVE ne restera pas dans l'histoire comme un classique du genre. Mais sa capacité à mettre le bout de sa caméra dans des scènes où l'on ressent cette légère vibration du glauque qui sommeille chez le spectateur fait de cette pellicule quasi-inconnue une petite découverte ; Si l'on passe une première demi-heure fastidieuse. Une rareté qui vaut le détour pour les aficionados d'un cinéma oscillant entre horreur, trash et un brin pervers. On remercie tout particulièrement les auteurs de l'amoralité générale constatée au bout du compte : ça change des métrages plutôt aseptisés qu'on nous sert depuis quelques temps.

Concernant la qualité video, les premières images font peur, pour qui ne connaît pas l'origine du film et ses conditions de tournage.. Une copie blanchâtre, délavée, qui laisse apparaître griffures et autres poussières sur fond blanc neigeux, aux contrastes absents. Ce qui rappelle les éditions VHS NTSC éditées au début des années 80 aux USA. Mais le matériau d'origine n'a pas pu permettre de miracle. On observe par la suite une meilleure stabilité des couleurs. Il faudra passer sur le mauvais goût ahurissant des décorateurs et autres costumiers du films (ils n'ont pas lu Venilia), mais force est de constater que l'orange et le brun étaient à la mode en 1974 et qu'ils ressortent bien en intérieur. Les scènes extérieures utilisent la lumière naturelle et la réflexion de la lumière sur la neige donne une sensation d'aveuglement et de saturation de rayons lumineux, voire par moment comme une surexposition. Le telecinema effectué n'a pu gommer l'ensemble des défauts, mais la copie garde une patine 70's agréable, typique des tirages Deluxe de cette époque. Le format 1.33 présenté ici ne respecte malheureusement pas le format panoramique d'origine qui se retrouve sous un aspect 1.78 sur le DVD Z1 de chez Code Red sorti en 2006 – aujourd'hui épuisé. La durée totale (84mn09) semble toutefois complète.

Pour la partie audio, Artus propose une version originale anglaise en mono deux canaux et de sous-titres français amovibles. Une piste audio française aux mêmes caractéristiques techniques peut être choisie. Mais la médiocrité du doublage fera préférer une VO certes faible, aux dialogues parfois difficilement audibles, mais rien de dérangeant. Même si quelques griffures sonores s'entendent ça ou là, l'expérience que constitue le film ne vient pas troubler ces quelques points mineurs.

Le film est accessible également via un chapitrage en 9 séquences (menu fixe). Une petite chose, tout de même, qui semble quelque peu rédhibitoire : il faut que M. Artus ne recommence plus jamais, comme dirait Jennifer Lopez, ce menu FIXE parfaitement hideux. La jeune dame dans la baignoire, oui, mais les gribouillages noirs et rouge pour imiter le sang, non.

Un conseil pour les bonus : ne pas regarder le film annonce de DEVIL TIMES FIVE : il donne une majorité de spoilers sur le déroulement du film et les actes qui s'y passent. Il vaut mieux alors s'attarder sur les autres titres du catalogue Artus : 7 en supplément. Hormis un diaporama de 30 secondes, la galette offre à voir un court métrage français, PLAY WITH FIRE (mais tourné en anglais, avec ici des sous-titres français) qui n'a absolument rien à voir avec le film présenté. Sympa pour l'auteur du court, mais une déception pour l'amateur de pépite 70's qui aura acheté le film, car aucun bonus ne se rattache en supplément/complètement direct du film. Il est aussi regrettable que le commentaire présent sur le DVD Zone 1 soit absent de cette version-ci. On pouvait y entendre Joan McCall, Mickey Blowitz, Dawn Lyn, et David Sheldon sur la genèse du tournage, tout comme près de 22 minutes d'entretiens récents avec les acteurs

A noter enfin que le DVD vient avec un superbe livret couleur sur papier glacé du catalogue de l'éditeur. Des pages qui démontrent l'éclectisme du travail effectué, et surtout qui fait diablement envie. Plutôt cinq fois qu'une.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
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Les enfants qui tuent sans raison, au cinéma, c’est bien.
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Le format non respecté
Une copie médiocre
Un premier tiers inintéressant
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L'édition vidéo
DEVIL TIMES FIVE DVD Zone 2 (France)
Editeur
Artus
Support
Inconnu
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h24
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Français Dolby Digital Mono
Sous-titrage
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