La religion a besoin de pognon. C'est ce que l'on comprend en découvrant que l'évêché est un maillon important d'un trafic de drogue. Mais pas seulement puisqu'il arrive aussi que des nonnes soient confiés aux bons soins de maison de passe. Drogué et violé, la sœur Sarah finit par s'échapper et elle entend bien flinguer tous ceux qu'elle tient responsable !
Après RUN ! BITCH RUN !, la même équipe continue dans la même veine. Dans NUDE NUNS WITH BIG GUNS, les deux coscénaristes du film précédent, Joseph Guzman et Robert James Hayes II, recyclent les mêmes ingrédients : viols et vengeance sauvage. Toutefois, ils tentent de vaguement changer leur recette en y ajoutant un élément relativement peu usité au cinéma : la nonne vindicative ! Nous ne reviendrons pas sur la nunsploitation dont nous avons déjà parlé à plusieurs reprises (voir, entre autres, nos chroniques de L'AUTRE ENFER et SATANICO PANDEMONIUM). Joseph Guzman avait déjà mis en scène une nonne aux mœurs particulières dans son film précédent même si cela passait un peu inaperçu. En effet, l'un des personnages visionnait un métrage où une nonne sauvait sa peau en se foutant à poil. Cette séquence, on la retrouvera, avec de nouvelles actrices, au sein de NUDE NUNS WITH BIG GUNS. Avec ce nouveau film, Joseph Guzman et son acolyte ont donc l'occasion de rendre un hommage à ce type de cinéma. A moins qu'il ne s'agit là, finalement, que d'une manière d'exploiter des ingrédients très vendeurs sur leur affiche tout en utilisant un titre aussi improbable qu'accrocheur. Pensez donc, on nous promet des «nonnes nues avec de gros flingues». Hélas, le résultat à l'écran n'est pas tout à fait à la hauteur des attentes.
Les nonnes agressives, ce n'est pas vraiment banal. Hors celles qui sont redoutables au sein des couvents, comme dans beaucoup de films de la nunsploitation, elles sont déjà un peu plus rares à trucider ouvertement leurs congénères. L'image la plus marquante est certainement celle de Zoë Lund dans L'ANGE DE LA VENGEANCE. Toutefois, le personnage n'est pas une véritable nonne dans l'histoire. Citons donc plutôt LA SETTIMA DONNA où une religieuse chapeaute une demi-douzaine de jeunes femmes qui auront maille à partir avec des braqueurs violents en cavale. Ou encore le cas très curieux de KILLER NUN, film dans lequel Anita Ekberg incarne une nonne avec de gros soucis d'addictions. Enfin, plus récemment, Richard Griffin a mis en boîte NUN OF THAT avec une nonne adepte du flinguage.
A ces titres, maintenant, il faudra donc rajouter NUDE NUNS WITH BIG GUNS. Le film de Joseph Guzman mélange ainsi film de nonnes, thriller musclé, métrage de bikers et la recette du «Rape & Revenge». Sur ce dernier point, il faut reconnaître que son œuvre précédente, RUN ! BITCH RUN ! était bien plus réussi car un peu plus sobre. En effet, le cinéaste cherche à camoufler son budget microscopique en multipliant les effets styles aussi gratuit que les nanas à poil s'affichant dans le film. Filtres colorés, split screen ou montage inepte n'ont pas vraiment l'effet escompté. Au contraire, il s'avère assez saoulant et font surtout ressortir l'aspect très vide de l'entreprise. Joseph Guzman ne s'améliore pas vraiment et filme sans tension ce qui aurait pourtant dû être très tendu. Particulièrement la fin du métrage qui aurait pu donner lieu à une vengeance aussi sèche et froide que percutante. Au final, on suit une action assez molle et des séquences érotiques vulgaires et peu attrayantes. Quelques idées paraissent sympathiques, mais exploitées maladroitement, comme l'amalgame entre clergé et la pègre. Le cinéaste ne fait, au final, que réutiliser sans grande imagination les mêmes thèmes que sur son film précédent. Et pour bien prouver qu'il ne sait pas vraiment où il va, Joseph Guzman et son scénariste ne mettent pas un terme à leur intrigue, laissant ouverte de manière assez bête l'histoire en court. Ainsi, les cinéastes nous sortent de leur manche un super tueur à gage de l'église dont la mission pourra, peut être, service d'histoire pour une suite. Autant dire que NUDE NUNS WITH BIG GUNS sera frustrant jusqu'au bout ! Au moins, ce film est une belle preuve que les grandes œuvres du cinéma d'exploitation des années 70 n'ont rien de métrages bêtement reproductibles.
Inclut dans la même collection «Grindhouse» que RUN ! BITCH RUN !, ce NUDE NUNS WITH BIG GUNS s'affiche avec un transfert 16/9 d'honnête facture. La sonorisation se fait au choix en version originale sous-titrée ou bien avec un doublage français. Comme RUN ! BITCH RUN !, le doublage français permet de donner une distanciation supplémentaire à la vulgarité ambiante du métrage. En tout cas, les deux pistes sont en stéréo et remplissent correctement leur office.
En supplément, l'éditeur nous propose le court-métrage que l'on peut voir furtivement dans RUN ! BITCH RUN ! Cela paraît logique puisqu'il évoque une scène similaire qui se trouve dans NUDE NUNS WITH BIG GUNS. En complément, on trouve une interview de Laurent Aknin qui introduit NUDE NUNS WITH BIG GUNS en parlant de manière succincte de la nunsploitation. L'intervenant rame un peu et son intervention est assez redondante avec celle déjà vu sur le DVD de RUN ! BITCH RUN !. L'autre intervention du même interlocuteur est la même qui se trouve sur les trois titres de la collection «Grindhouse» et donne un éclairage sur ce terme et le cinéma d'exploitation. Au final, des trois titres de cette collection, on vous conseille tout de même de vous orienter vers SAMOURAI AVENGER.