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Critique du film
RED WHITE & BLUE 2010

 

Un peu paumée, Erica couche avec la plupart des hommes qu'elle rencontre. Jusqu'au jour où elle fait la connaissance de Nate, un homme un peu étrange et marginal qui semble s'intéresser à elle plutôt qu'à son corps...

Plutôt étonnant, RED WHITE & BLUE est le cinquième long métrage de Simon Rumley. Surprenant car l'action du film se déroule à Austin, au Texas, alors que jusqu'ici le cinéaste anglais était resté sur le sol britannique pour tourner des longs métrages très indépendants tel que THE LIVING AND THE DEAD. On pourrait alors penser que cette délocalisation est motivée par l'envie de proposer une critique assez sombre de la société américaine. Mais, à vrai dire, il n'en est rien, Simon Rumley profite surtout d'une rencontre avec l'un des organisateurs d'un festival au Texas pour aller tourner du côté des Etats-Unis. Pour le cinéaste, son film est avant tout universel et développe des personnages qui auraient pu tout aussi bien vivre dans d'autres pays. RED WHITE & BLUE n'est donc pas une attaque franche de l'Amérique mais une étude de notre société contemporaine.

De prime abord, RED WHITE & BLUE cache assez bien son jeu. En effet, en se basant sur l'affiche et la manière dont est généralement présenté le film, on pourrait être amené à penser que l'on va assister à un nouveau film extrême avec un tueur en série qui alignera tortures et autres exactions. En réalité, le film n'a pas grand-chose à voir avec ce type de métrage et s'oriente plutôt vers un drame intimiste qui se terminera dans l'horreur. A l'évidence, Simon Rumley ne cherche donc pas à faire des films d'horreur avec la simple envie de surfer sur un courant commercial. Car si RED WHITE & BLUE narre une histoire très différente de THE LIVING AND THE DEAD, les deux métrages partagent tout de même de nombreux points communs et, en premier lieu, une approche qui tend plutôt vers le «cinéma d'auteur». Ce n'est pas tant l'horreur qui intéresse Simon Rumley mais plutôt les raisons qui mènent à la violence. Dans RED WHITE & BLUE, les préjugés volent ainsi en éclat à plusieurs niveaux : on ne verra pas vraiment le film que l'on pensait découvrir mais les personnages ne seront finalement pas exactement tel qu'on pourrait les percevoir au premier coup d'œil. Ainsi, le personnage féminin principal peut être perçu, au départ, comme une victime. De même, Nate, ancien militaire, a tout du psychopathe. Dans les deux cas, RED WHITE & BLUE va petit à petit brouiller les pistes et gommer tout manichéisme. Erica et Nate ne sont ni bons, ni mauvais, ce sont avant tout des êtres humains qui portent chacun un vécu assez lourd. Deux personnages solitaires qui vont être amené à vivre une véritable histoire d'amour dont l'issue ne sera pas non plus celle attendue.

RED WHITE & BLUE se montre ainsi des plus sombres et propose un portrait désespéré de notre société. Le métrage ne prête pas à la rigolade en traitant des sujets comme la difficulté de trouver sa place au sein de la société ou encore la confrontation avec la maladie. Cela n'empêche pas pour autant RED WHITE & BLUE de ne pas se placer dans un registre émouvant, particulièrement lors d'une séquence de tendresse, toute simple, entre les deux personnages principaux qui semblent trouver là un éphémère refuge face à tout ce qui les entourent. Encore une fois, il apparaît donc important de ne pas aborder le métrage sous le prisme de l'horreur, le film étant finalement assez éloigné du cinéma horrifique. Certes, il y a bien quelques passages violents et des idées un peu extrêmes mais nous sommes clairement plus dans le domaine du drame social que du film résolument gore.

RED WHITE & BLUE est, en tout cas, une œuvre plutôt réussie et, quelque part, bien plus accessible que le précédent film de Simon Rumley, THE LIVING AND THE DEAD. Toutefois, il faudra s'attendre à un métrage assez «roots» et au rythme un peu lent, laissant surtout de l'espace à la construction de ses personnages. Justement, pour finir, il serait impardonnable de ne pas citer l'excellente interprétation de Amanda Fuller et Noah Taylor.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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