Durant la dynastie Song, au douzième siècle, Simon (Lam Wai Kin) est un adolescent benêt très maladroit avec la gent féminine. Son père, grand séducteur, décide alors de lui faire suivre un entraînement quasi militaire pour développer ses «compétences» masculines. Commence alors un long chemin canaillou-picaresque où Simon collectionnera les conquêtes et les expériences.
Les «Category III» du cinéma de Hong-Kong des années 90 vous manquent ? Vous êtes nostalgiques des délires comico-érotiques (et parfois gores) tels que A CHINESE TORTURE CHAMBER STORY de Bosco Lam, RED TO KILL de Billy Tang ou encore le célèbre SEX AND ZEN de Michael Mak ? THE FORBIDDEN LEGEND : SEX AND CHOPSTICKS devrait donc vous combler et vous ramener avec humour à une époque délurée où le cinéma chinois n'hésitait pas à bricoler avec les moyens du bord des métrages déraisonnables et paillards mixant sensualité et humour local, souvent de très mauvais goût. THE FORBIDDEN LEGEND est d'ailleurs réalisé par un «artiste» du sous-genre, Man Kei Chin, à qui nous devons déjà SEX AND ZEN 2 avec Shu Qi (juste avant qu'elle ne devienne l'égérie de Hou Hsiao-hsien), THE FRUIT IS RIPE 3, NAKED POISON et surtout le super culte THE ETERNAL EVIL OF ASIA qui met en scène un des moments les plus dingos du cinéma de l'époque en transformant Elvis Tsui en pénis géant. Déjà daté de 2008, THE FORBIDDEN LEGEND connaît une réputation qui ne faiblit pas puisque ce revival du film de costume érotique chinois a devancé sur le même concept le champion du box-office local en 2010, à savoir SEX AND ZEN 3D.
THE FORBIDDEN LEGEND est donc un film léger, pataud et fier de l'être, n'ayant pour but que de nous amuser durant ses 90 minutes. Le film n'est d'ailleurs qu'une suite de «chapitres» décrivant la vie sentimentale de Simon, notre héros gaffeur. Pour être certain de bien harponner son spectateur, THE FORBIDDEN LEGEND commence d'ailleurs par le meilleur : l'éducation sexuelle de notre jeune homme. Découverte frénétique de la masturbation, calligraphie le pinceau attaché au membre, pompes sans les mains pour muscler son attribut, le film n'a honte de rien d'autant qu'il ne se prend absolument pas au sérieux. Difficile de ne pas rire devant la stupide énergie déployée par ces moments de comédie cantonaise ultra-lourdingue mais qui, avouons-le, nous avaient quand même un peu manqué. L'érotisme du film va faire son apparition avec le premier personnage féminin du film, la jolie Violetta, fille d'un ami de son père en pension chez Simon. Bien entendu, ce dernier va rapidement s'éprendre de la sculpturale jeune femme et perdre avec elle sa virginité. Alors que les actrices chinoises sont d'ordinaire plutôt pudiques, y compris dans ce genre de production, THE FORBIDDEN LEGEND n'hésite pas à montrer de la nudité frontale. Les temps ont-ils changé ? Pas vraiment. L'intégralité du casting féminin est incarné par des actrices de l'industrie pornographique japonaise, une astuce pour en montrer un peu plus au spectateur occidental qui n'y verra de toute façon que du feu.
La romance entre Simon et Violetta ne durera cependant pas plus de quelques ébats puisque notre héros aura tôt fait de découvrir que ce premier amour est une prostituée engagée par son père pour servir «d'examen de sortie». Fin prêt pour affronter l'amour, Simon va rencontrer d'autres jeunes femmes qui placeront le film sous forme d'un récit à sketch. THE FORBIDDEN LEGEND ralentit ensuite les blagues et s'essaie au «glamour» en s'attardant sur l'histoire romantique de Simon et Moon, une jeune nonne en plein «dilemme». Si le personnage de Moon est très attachant, surtout grâce au charisme de son interprète Hikaru Wakana, la mise en scène ne parvient jamais à taper dans le «classe» comme en témoigne une scène de coït entre les deux amants rythmées par une musique synthétique new age où une voix caverneuse susurre en boucle et en français (avec un gros accent chinois quand même) : «enviiee de tooûûûaaa».
Heureusement, THE FORBIDDEN LEGEND retrouve son sens de l'humour avec les prochaines conquêtes de Simon. Il va croiser une étrange «guerrière» pour un rapport sexuel aérien inspiré de la scène culte de A CHINESE TORTURE CHAMBER STORY. Sans en retrouver la qualité et l'énergie, le clin d'œil est cependant toujours amusant. Simon va également séduire une femme mariée à un fermier somnambule, l'occasion d'une hilarante scène d'adultère où le couple ne cessera de se déplacer en pleine action dans la maison pour éviter le chemin du mari trottant en plein nuit avec ses paupières fermées. Le rocambolesque typique du comique cantonais fonctionne ici parfaitement. Plus étrange, THE FORBIDDEN LEGEND se permet même une petite aparté vers un soupçon de teensploitation en montrant Simon attiré par une servante mineure. Pas de nudité ni de séquence explicite avec ce personnage, bien entendu, mais un sévère et brutal ralentissement de l'ambiance bon enfant du titre.
THE FORBIDDEN LEGEND n'est en aucun cas un grand film. Il s'agit juste d'un petit divertissement coupable et exotique qui remplit parfaitement son contrat de film de costume érotique. Le film conserve la sympathie grâce à sa générosité humoristique, cette dernière devenant bien vite le principal intérêt du film malgré la beauté des comédiennes. On pourra sans mal passer un bon moment face à ce «Category III» parvenant à retrouver à plusieurs reprises le charme tordu de ces aînés. En bon produit qu'il reste, THE FORBIDDEN LEGEND s'achève de manière ouverte sur la bande-annonce de THE FORBIDDEN LEGEND 2, tourné dans la foulée. Visiblement plus sombre, cette séquelle fait la part belle aux ébats inspirés par le «kinbaku», le bondage japonais.