Cinq jeunes prennent la route en direction de forêts qui n'auraient pas été foulées par l'homme depuis 12.000 ans. Ce qui est long et démontre tout de même que les Australiens ne sont pas très curieux de nature... Mais ces cinq-là sont différents, aventuriers dans l'âme, fougueux et l'un d'eux prépare même un devoir sur les peintures rupestres. Coup de chance, après quelques heures de route, ils tombent directement sur les griffonnages préhistoriques tant espérés. On déplie donc les tentes, les uns copulent pendant que les autres font griller les Chamallows mais, bien vite, la bonne copine blonde peu avare de ses charmes tombe malade. Fiévreuse au point de délirer, la demoiselle se réveille le lendemain avec une dentition impressionnante et une sérieuse fringale. Elle décide donc de se nourrir au plus près, bouffant ses congénères et nourrissant au passage une créature ancestrale des plus inquiétantes…
Si vous êtes lecteur de DeVilDead et par là même passionné comme nous de cinéma fantastique, il y a peu de chances que vous soyez passés à côté de LONG WEEKEND, un métrage assez inoubliable que nous devons à l'australien Colin Eggleston. Il s'agit même là de son seul véritable fait de gloire, qui aura d'ailleurs fait l'objet d'un remake assez oubliable en 2008. Colin Eggleston s'est éteint en 2002 lors d'un accident de voiture mais il aura laissé derrière lui deux fils. Aucun n'aura gardé son nom, mais ils auront tout de même hérité de son amour pour le cinéma. Ainsi, Sam Reed évolue pour l'instant de manière très modeste dans l'univers du court-métrage alors que, de son côté, Josh Reed semble bien décidé à en sortir. Après avoir porté toutes les casquettes (acteur, producteur, réalisateur, etc...) sur deux courts, il décide donc de passer au format long et de nous livrer le PRIMAL dont il est question dans ces lignes.
A l'évidence moins sérieux que son paternel, Josh Reed opte pour une approche extrêmement décontractée, s'appropriant les poncifs du cinéma d'horreur et les posant sur pellicule sans le moindre ménagement. Scénario filiforme, dialogues inadaptés et jeu des acteurs douteux répondent tous présents, au même titre que certains effets destinés à faire sursauter le spectateur de manière «artificielle». La démarche n'en est pas pour autant parodique mais les clins d'œil aux spectateurs sont légions, et font mouche pour la plupart. A l'évidence, Reed et son co-scénariste Nigel Christensen connaissent plus ou moins leur sujet et promènent leurs personnages en terrain connu. L'influence d'EVIL DEAD est à ce titre plus qu'évidente, que ce soit par le biais de certains cadrages, d'une entité maléfique ou même d'une séquence à caractère «sexuel».
«Cliché», PRIMAL l'est donc sans aucun doute. Pourtant, dès les premières minutes et sa séquence pré-générique préhistorique, le film donne le ton d'un pur divertissement dont le rythme ne faiblira pas durant quatre-vingt quatre minutes. Nous suivrons ainsi le sourire aux lèvres et la tête vide les mésaventures de nos cinq protagonistes, menacés d'un retour à l'état primitif. Nous aurons par conséquent quelques maquillages de circonstance, une poignée d'effets gores bien amenés mais aussi quelques situations agréablement déroutantes. Car oui, tout balisé et convenu qu'il semble être, PRIMAL distille tout de même quelques idées intéressantes ou plutôt bien vues…
La question est donc de savoir si ces quelques idées et un ton décalé suffisent à contrebalancer cette grosse impression de déjà vu, mais également une certaine banalité sur le plan technique. La photographie est en effet particulièrement neutre, n'offrant aucune grâce aux paysages australiens, ceux-là même que Peter Weir (PIQUE-NIQUE A HANGING ROCK) ou Greg McLean (WOLK CREEK, ROGUE) nous avaient pourtant appris à aimer. Les décors sont du reste très minimalistes dans le cas présent et ne proposent qu'une maigre portion de forêt sans aucune personnalité. Enfin, la bande originale elle-même ne dispose pas d'arguments véritablement notables.
Au final, le bilan pourrait donc sembler bien maigre et il est vrai que sur le papier, PRIMAL n'offre rien de bien novateur. Pourtant, sa durée ramassée, son dynamisme et son second degré sont des atouts qu'il convient de ne pas négliger, tirant par le haut cette production modeste mais très divertissante. Nous sommes donc peu ou prou dans le même créneau que le méconnu mais généreux CEMETERY GATES. C'est-à-dire que, pour peu que l'on accroche, on passera un agréable moment devant ce premier long signé Josh Reed, ses primitifs bondissants et son lapin aux canines de cinq centimètres !