Header Critique : ATTACK THE BLOCK

Critique du film
ATTACK THE BLOCK 2011

 

Dans une cité en banlieue de Londres, Sam, une jeune infirmière se fait attaquer en rentrant chez elle par une bande de jeunes «hoodies» menés par le charismatique Moses. Le crash d'une météorite sur une voiture avoisinante permet à Sam de s'enfuir. Les voyous restent alors aux prises avec une créature libérée par la météorite et parviennent à la tuer. Forts de ce fait d'armes, ils rentrent en «héros» à la cité. Cependant, de nouveaux météorites commencent à atterrir dans le quartier, et cette fois-ci les créatures qui en sortent ont l'air bien plus féroces que la précédente. Pas de doute, les tours de la cité sont prises d'assaut par une horde d'aliens extrêmement belliqueux. Moses et son gang (Jerome, Pest, Denis et Biggz) décident d'organiser la résistance, car après tout, c'est leur responsabilité, c'est leur «block» !

ATTACK THE BLOCK est le premier film de Joe Cornish, acteur, présentateur et animateur anglais, surtout connu outre-manche pour son travail sur le show à sketchs culte THE ADAM AND JOE SHOW qu'il co-anime avec Adam Buxton pendant quatre ans, de 1996 à 2001 sur la chaine Channel 4. Avec une carrière jusqu'ici globalement liée à la télé (réalisateur d'un making of sur le show LITTLE BRITAIN) et à la radio britanniques, Joe Cornish ne voit réellement sa renommée hors de la perfide Albion se construire qu'à partir de 2006, grâce à son travail d'écriture avec Edgar Wright (réalisateur de la série SPACED, de SHAUN OF THE DEAD, de HOT FUZZ, de SCOTT PILGRIM et également producteur exécutif d'ATTACK THE BLOCK) sur le script du futur ANT MAN de la Marvel (qui sera réalisé justement par Edgar Wright) et de ré-écriture sur le script de Steven Moffat pour le très attendu TINTIN réalisé par Steven Spielberg et produit par Peter Jackson. Malgré ses entrées dans les studios hollywoodiens, c'est tout de même en Angleterre qu'il choisit de réaliser son premier film au budget modeste même si 8 millions de Livres n'en fait pas pour autant un film fauché.

ATTACK THE BLOCK sera certainement abusivement comparé à SHAUN OF THE DEAD au cours de sa promo, à cause probablement des diverses connections existantes entre les deux métrages (film d'horreur anglais, l'acteur Nick Frost et les producteurs Edgard Wright et Nira Park au générique, etc...). Ce serait pourtant une grave erreur, car ATTACK THE BLOCK n'est pas une comédie, même si on y rit parfois. L'ambiance du film se rapproche beaucoup plus de références telles que ASSAUT ou NEW-YORK 1997 de John Carpenter, voire du LOUP GAROU DE LONDRES de John Landis. Nous sommes en présence ici d'un véritable film d'horreur au scénario de série B sur une invasion extra-terrestre dans un environnement urbain violent et sombre.

Cet environnement caractéristique est particulièrement bien exploité, ce qui crédibilise les personnages du film et leurs actions : de l'usage de l'argot et d'un accent propre à la banlieue Sud de Londres, via l'utilisation de divers éléments de cette culture urbaine (des drogues douces à la culture «gangsta» importée des Etats-Unis), par l'exploitation des éléments du décor (de l'ascenseur au local à poubelles, l'action du film se passe uniquement dans une tour de banlieue…), tout est fait pour «mettre en valeur» cet univers de bêton (le premier plan sur la tour où habitent les héros du film aurait tout aussi bien figurer au début de NEW-YORK 1997). Les personnages d'ATTACK THE BLOCK évoluent donc tous dans un milieu peu propice au développement social envisagé autrement que dans un rapport de force : la notion de «jungle urbaine» prends ici toute sa signification. Le gang de «hoodies» présentés comme les principaux protagonistes de ce survival urbain sont des personnages dans la veine des anti-héros des films de John Carpenter ou Walter Hill, présentés sans concessions (après tout, la première rencontre avec cette bande de jeunes, c'est une agression à main armée dans la rue).

Bien heureusement, le film ne s'embarrasse pas d'un propos politique trop appuyé comme on pourrait le craindre, si quelques remarques ou attitudes font référence au mal-être de ces jeunes voyous, ce sera sans jamais vouloir les dédouaner ni forcément imposer une relation de cause à conséquence au spectateur, qui restera seul juge des actions des personnages du film. C'est là l'intelligence du scénario de Joe Cornish, à l'instar de ses illustres références, de ne pas encombrer inutilement sa série B d'une critique sociale «à la Ken Loach» qui évidemment mériterait bien plus qu'un film d'horreur d'une heure et demie.

Pourtant, malgré ce ton sérieux et l'ambiance pesante de cette banlieue, Cornish évite que son film sombre dans la déprime en y incorporant un peu de recul, car s'il y a de l'humour, c'est utilisé avec parcimonie via quelques touches disséminées par quelques personnages volontairement décalés (Pest, Brewis, le duo Probs et Mayhem ou encore le dealer Ron). Cela permet quelques moments de respiration dans le métrage, et surtout cela renforce la crédibilité de l'ensemble des protagonistes du film dans cet environnement, qu'ils n'ont pas forcément choisi mais dont ils s'accommodent du mieux qu'ils le peuvent. Ces «héros malgré eux» se révèlent plus vrais que nature grâce aux jeunes acteurs inexpérimentés qui les incarnent en donnant beaucoup de vie à leurs interprétations (John Boyega incarnant Moses en tête). Ces jeunes pousses sont encadrées par quelques seconds rôles bien campés par Jodie Whittaker et Nick Frost (SHAUN OF THE DEAD, HOT FUZZ, PAUL, THE BOAT THAT ROCKED), mais il est impressionnant de constater autant d'aplomb de la part d'un casting si jeune et peu expérimenté.

Techniquement, pour son premier film, Joe Cornish fait montre de beaucoup de maitrise. Ses scènes d'action sont proprement mises en scène et percutantes sans céder à la mode de la caméra tremblotante. La gestion du rythme est très bonne, sans temps morts, ce qui présente un réel atout pour conserver la tension tout au long du métrage. Malgré visiblement une économie de moyens et d'effets, le film sait rester spectaculaire (la dernière scène s'avère par exemple très réussie visuellement), sans se transformer en festival d'effets numériques. Car, comme dans chaque film d'invasion extraterrestre, si l'apparence des créatures est primordiale dans le ressenti d'un tel film, celles-ci se révèlent au fur et à mesure, Cornish privilégiant le mystère pour accroître la menace représentée par ces aliens. Leur aspect visuel étant ici bien exploité (ténèbres, fumigènes), ces créatures au design particulier, uniquement interprétées par des acteurs en costume (mis à part pour un plan d'ensemble), sont un des atouts du film, se comportant comme de vraies bêtes sauvages lors de leurs attaques, séquences féroces et sanglantes.

C'est avec un buzz plutôt positif que nous arrive ATTACK THE BLOCK dans nos contrées. Que ce soit suite aux projections dans les festivals, ou avec les premiers résultats du box office anglais, les critiques et le bouche à oreille sont ainsi plutôt bons de l'autre côté de la Manche. Une réputation qui se révèle entièrement justifiée à la vision de ce film. Pour un premier essai cinématographique, Joe Cornish fournit ici une vraie pépite de série B, pas prétentieuse pour un sou et surtout redoutablement efficace. Un vrai coup de maître !

Rédacteur : Nicolas Lopez
2025 ans
3 critiques Film & Vidéo
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