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Critique du film
SOURCE CODE 2011

 

Colter Stevens, pilote dans l'armée américaine, se réveille dans un train à destination de Chicago alors que ses derniers souvenirs le plaçaient dans un hélicoptère, en plein Afghanistan. Huit minutes plus tard, le train explose, ne laissant aucun survivant. Stevens se réveille cependant une nouvelle fois, harnaché au sein d'un caisson métallique. On lui explique alors qu'il fait partie du «Source Code», un outil de simulation permettant d'extrapoler les dernières minutes de la vie d'un individu. Sa mission est donc de vivre et revivre les événements du matin, et ce jusqu'à ce qu'il découvre l'identité d'un terroriste. Mais Stevens s'obstine à vouloir sauver les passagers du train, lesquels sont pourtant déjà morts...

Nous avions déjà évoqué le cas de Duncan Jones il y a deux ans, lors de notre découverte de MOON dans le cadre du Marché du Film de Cannes... Alors qu'il aurait pu se contenter de n'être que le fils de David Bowie, le jeune homme décide pourtant d'œuvrer loin de l'univers musical. C'est ainsi qu'il s'essayera à la réalisation en 2002, via un premier court-métrage de vingt-cinq minutes intitulé WHISTLE. Mais la vraie révélation ne viendra que plus tard, en 2009, lorsqu'il nous livrera son très respectable MOON. Etonnamment maîtrisé, le film allait à contre-courant de la production actuelle et faisait preuve d'un «classicisme» rafraîchissant, nous ramenant plusieurs décennies en arrière. Multi-récompensé, le film connaîtra une belle carrière dans les festivals avant d'obtenir la reconnaissance du public, en DVD essentiellement. Fort de ce succès d'estime, Duncan Jones ne tardera donc pas à trouver un financement pour le SOURCE CODE qui nous intéresse ici.

Un peu plus «Hollywoodien» dans son approche, le film prend pour tête d'affiche le sympathique Jake Gyllenhaal, vu dernièrement dans le rôle-titre du bondissant PRINCE OF PERSIA : LES SABLES DU TEMPS. Reste qu'en réalité, à la vision de SOURCE CODE, c'est davantage le Gyllenhaal de DONNIE DARKO qui nous revient à l'esprit. Revoilà en effet l'acteur plongé au cœur d'une réalité alternative dans laquelle l'impact de ses agissements ne saurait être clairement mesuré. Bien qu'assez courant au sein de l'imagerie fantastique, le procédé du saut dans le temps tel que dévoilé ici (un individu est contraint d'accomplir une mission) nous ramène directement au magnifique LA JETEE, ou à son excellente resucée qu'est L'ARMÉE DES DOUZE SINGES.

Ce fil rouge nous sera dévoilé très rapidement dans le métrage, tout comme il l'est d'ailleurs dans la bande-annonce. Mais si SOURCE CODE n'hésite pas à déflorer son intrigue principale, c'est en réalité parce qu'elle masque des ramifications plus subtiles, disséminées de manière régulière et intelligente dans le métrage. Le monde réel n'est pas forcément ce qu'il semble être, et le SOURCE CODE n'est pas une simulation aussi mûre qu'elle y parait. En ce sens, le scénario rédigé de la main de Ben Ripley n'est pas sans évoquer les écrits indémodables de Philipp K. Dick. Voilà qui sonne assurément comme un compliment, surtout lorsqu'il s'adresse à un homme qui jusqu'à présent n'avait guère brillé en scénarisant LA MUTANTE 3 puis... LA MUTANTE 4 ! Comme quoi, tout arrive !

Vous l'aurez donc compris, si Duncan Jones ne signe pas cette fois-ci le script de son métrage, ce n'est pas pour autant qu'il sombre dans la facilité. Pour la troisième fois, le bonhomme mise sur un film assurément plus écrit qu'il n'est visuel ou spectaculaire. Ce choix, que nous ne pouvons que saluer, lui permet également de masquer un budget qui n'a rien d'impressionnant (32 millions de dollars). Les décors se comptent sur les doigts d'une main et la plupart sont clos, voire exigus. Voilà qui symbolise à merveille le triple enfermement dont est victime notre héros. La capsule notamment, par le biais de laquelle Colter Stevens entre dans le «Source Code», s'avère être un élément essentiel du scénario, une belle métaphore que le jeune réalisateur soigne avec un certain talent...

Doté d'un script intelligent et d'une mise en scène élégante, SOURCE CODE a également la chance de bénéficier de deux acteurs plutôt convaincants. Déjà cité, Jake Gyllenhaal offre une prestation de qualité, parfaitement digne de son travail sur JARHEAD : LA FIN DE L'INNOCENCE par exemple. Son jeu est sobre et fait preuve d'une émotion maîtrisée, jonglant avec une certaine aisance entre le désespoir et l'humour léger. Chacun de ses retours dans le train piégé se fera par ailleurs face à la pétillante Michelle Monaghan. Un choix intelligent tant son «innocence» et son air mutin en font un personnage auquel on peut effectivement s'attacher en quelques minutes, huit pour être précis...

Si nous ne tarissons pas d'éloges dans ces quelques lignes, c'est tout simplement que nous tenons là l'une des belles surprises de ce premier semestre 2011. SOURCE CODE n'a sans doute pas l'ambition d'être un grand film, mais dans son registre, fait de modestie et de sobriété, il se montre plus que convaincant. Ramassé sur quatre-vingt dix minutes seulement, ce nouveau métrage de Duncan Jones est indiscutablement une petite réussite, agréable de bout en bout et ce jusque dans un final apaisant, et tout simplement beau. Monsieur Jones, nous attendons votre prochain MUTE avec impatience !

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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