Header Critique : TRANSPLANTATION (TELL TALE)

Critique du film et du DVD Zone 2
TRANSPLANTATION 2009

TELL TALE 

Terry est à l'évidence un type qui n'a pas de bol. En plus d'une petite fille malade, ce jeune veuf doit subir au plus vite une greffe du cœur. L'opération se déroule bien mais alors que la cicatrisation suit son cours, Terry commence à être victime de visions sous forme de flashs effrayants. Décontenancé, il n'ose en parler directement et tente de favoriser sa remise en forme physique. Mais les visions s'amplifient et la personnalité même de Terry semble se modifier pour devenir plus agressive. Il cherche alors à en apprendre davantage sur son donneur, lequel a été assassiné dans d'étranges conditions…

Bien que cela ne semble pas si évident que cela, le pitch de TRANSPLANTATION (TELL TALE en version originale) serait basé sur la nouvelle de Edgar Allan Poe intitulée «Le cœur révélateur». Dans cet écrit d'une poignée de pages, un meurtrier un peu fêlé cogite l'assassinat d'un individu au regard plus que troublant. Au huitième jour de son approche, l'assassin passe à l'acte, découpe le corps et le cache. Mais durant cette opération, il semble entendre le cœur de la victime battre de manière incessante et assourdissante. A tel point que lorsque la police arrive sur les lieux, le criminel est rendu fou par les palpitations et, alors qu'il était insoupçonnable, se dénonce et avoue tout... Autant dire que le lecteur de Poe restera dubitatif à la vision de cette «adaptation» cinématographique si libre qu'elle n'a en réalité rien à voir ! Qu'importe donc cette information à laquelle nous attribuerons une vocation sans doute marketing.

La parenté de TRANSPLANTATION est en fait bien plus évidente que cela et le cinéphile n'aura aucun mal à faire les rapprochements qui s'imposent. En effet, le postulat fantastique du métrage, celui d'un organe «habité» par son ancien propriétaire, est assez récurrent et aura même servi quelques œuvres phares. C'est le cas par exemple de l'allemand LES MAINS D'ORLAC mis en boite par Robert Wiene en 1924 sur base de la nouvelle homonyme de Maurice Renard. Dans cette histoire, un pianiste talentueux perd ses mains et se voit greffer celle d'un assassin. L'idée sera bien évidemment la même dans la version américaine de 1930 avec Peter Lorre, dans le remake de 1960 signé par Edmond T. Gréville, puis dans la variante de 1962 intitulée HANDS OF A STRANGER. De mains greffées et possédées, il en sera également question dans LA MAIN DU CAUCHEMAR, mis en boite en 81 par Oliver Stone et avec l'excellent Michael Caine dans le rôle principal. Jeff Fahey vivra une situation comparable suite à la perte et au remplacement de son bras dans le BODY PARTS de 1991... L'œil semble également être un organe à problèmes comme le montre la saga THE EYE et sa décalque américaine. Mark Hamill en témoignait du reste dès 93, et ce par le biais du sketch «Eye» du téléfilm BODY BAGS dirigé par Tobe Hooper...

Comme le montre cette liste non exhaustive, nous sommes donc en terrain connu avec TRANSPLANTATION. Le fait qu'il s'agisse ici d'un cœur ne change en réalité pas grand-chose à la donne et le postulat ne bouleversera guère le spectateur. Notons toutefois que l'acteur Josh Lucas donne le change de manière convaincante, permettant à son évolution d'être suffisamment subtile pour être intéressante. L'«horreur» est en effet moins présente ici qu'elle ne pouvait l'être au sein des métrages précédemment cités. Nous naviguons ainsi davantage dans le thriller, lorgnant du reste assez fortement du côté du CREANCE DE SANG de et avec Clint Eastwood. Le film de Michael Cuesta lui emprunte ce cœur qui n'est pas celui d'un truand, mais celui d'une victime. Un organe rédempteur donc, au sein d'une intrigue qui avancera essentiellement à coups de coïncidences heureuses et, plus facile encore, de visions furtives bienvenues.

Nous l'aurons compris, la mécanique de ce thriller n'est pas un modèle du genre. C'est sans doute là la griffe reconnaissable du scénariste Dave Callaham à qui nous devons les scripts franchement allégés de DOOM, LES CAVALIERS DE L'APOCALYPSE et EXPENDABLES : UNITÉ SPÉCIALE. Quand même. Reste que de son côté, Michael Cuesta semble avoir appris de ses participations à des séries telles que DEXTER ou SIX FEET UNDER. A l'image de ces deux exemples, son film n'existe donc pas tant par son intrigue que par le mariage entre son fil rouge et un contexte familial plutôt pertinent. La maladie de la petite fille et la relation compliquée du protagoniste avec son Docteur (la séduisante et naturelle Elizabeth Clemson) sont autant d'éléments qui apportent une certaine consistance au métrage. Plus encore, ils apportent une cohérence à une trame qui ne l'est guère, et un crédit à certaines séquences pourtant curieuses. Le personnage de Josh Lucas, fragilisé, existe pour beaucoup par le biais de sa compagne et la séquence du musée, plutôt élégante, construit également un peu plus notre «héros» en pleine mutation.

Au final, cette production Scott Free (boite de Tony et Rildey Scott) est une petite série B qui tient correctement la route. Pas de grande surprise, pas plus que de véritable révélation, mais du travail soigné et porté par des personnages suffisamment épaissis pour être intéressants. Le rythme est vif et pour peu que l'on ne s'attarde pas sur la cohérence des événements, le spectacle remplit son office en divertissant de manière fluide.

Sans surprise, le film de Michael Cuesta ne connaîtra pas de carrière au cinéma. Son ambition (modeste) n'était sans doute pas là et les linéaires devraient cependant lui apporter une petite reconnaissance. L'éditeur français CTV lui offre donc cette opportunité, via une sortie à bas prix et une jaquette sobre, mais accrocheuse. Précisons toutefois que c'est la version locative qui nous a été envoyée. En théorie, les galettes sont identiques et brillent par leur sobriété. Aucun bonus donc, rien que le film, son chapitrage et ses pistes audio...

L'image est de très bonne facture. Le ratio d'origine 2.35 répond présent et l'encodage en 16/9ème offre une définition très appréciable. Les couleurs sont naturelles et nous ne noterons pas le moindre défaut de pellicule ou de compression, y compris lors des scènes nocturnes. Même constat en ce qui concerne les deux options sonores, même s'il ne faut pas s'attendre ici à quelque chose de trop démonstratif. La sobriété est de mise, que nous soyons en version originale, ou à l'écoute du doublage francophone. Les enceintes arrières sont par instants sollicitées mais l'on ne pourra pas parler d'immersion. Les dialogues sont clairs et les voix françaises peut être un poil trop en avant. Un notera que les deux pistes sont proposées à un volume sonore assez faible, ce qui n'est pas gênant mais assez inhabituel dans ce monde de brutes !

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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L'édition vidéo
TELL-TALE DVD Zone 2 (France)
Editeur
CTV
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h29
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
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      Aucun
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