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Critique du film et du DVD Zone 2
HELLRAISER : INFERNO 2000

 

Le détective Joseph Thorne enquête sur la mort atroce d'un ex-camarade de lycée lorsqu'il découvre sur les lieux du crime la tristement célèbre boite de LeMarchand. Fasciné par les énigmes, l'homme ne tarde pas à percer le secret de la boite mais rien ne semble se produire. Sauf que les meurtres se succèdent alors à un rythme effréné, que le modus operandi est toujours le même et que le dénominateur commun semble être : Lui-même ! Déjà distant avec sa famille, l'homme, en proie à d'horribles visions, va devoir tourner le dos à ses collègues et amis pour tenter de prouver son innocence. Pour cela, il devra mettre la main sur celui qu'il soupçonne être le coupable, un individu se faisant appeler «L'ingénieur».

Quatre ans après le dramatique charcutage de HELLRAISER : BLOODLINE et sa sortie dans les salles obscures peu convaincante, la société Miramax (et sa branche fantastique Dimension Films) se souvient qu'elle a les droits de la saga initiée par Clive Barker. L'échec du quatrième opus rend frileux mais les succès horrifiques récents de la firme (la trilogie SCREAM, MIMIC, THE FACULTY, etc...) et la renaissance de quelques mythes usés (HALLOWEEN H20 : 20 ANS APRES) donnent envie de retenter l'expérience HELLRAISER. Pas de folie toutefois, ce cinquième épisode se déclinera sous la forme d'un Direct-to-video comme ce fût le cas pour UNE NUIT EN ENFER 2 et 3 ou LES ENFANTS DU MAIS 4 bientôt suivi par MIMIC 2 et 3...

Il existe par ailleurs une tradition dans la saga HELLRAISER : celle qui veut que ce soit des réalisateurs débutants qui s'y collent (seul le troisième volet fait exception). Pour ce cinquième opus, c'est Scott Derrickson qui sera l'heureux élu. Pour la petite histoire, Paul Harris Boardman (crédité ici au scénario) et Scott Derrickson se sont rencontrés à L'USC School (une école de cinéma). Le premier venait de rencontrer un vif succès avec son court métrage étudiant THE ROOF et le second s'apprêtait à faire de même avec son LOVE IN THE RUINS qu'il réalisera en 1995. Déjà crédité au scénario du métrage estudiantin de Derrickson, Boardman propose d'écrire un scénario commun, lequel s'orientera vers le polar «à l'ancienne». Ce scénario, ce sera DARKNESS FALLING, l'histoire d'un détective traquant un serial killer particulièrement violent. Teintée de fantastique, cette histoire sonne tout à coup aux yeux des deux complices comme une aventure nouvelle et différente pouvant prendre place dans l'univers HELLRAISER. Fort de cette brillante idée, les deux hommes s'en vont proposer le concept à Miramax. La firme est à ce point séduite qu'elle offre à Derrickson 10.000 dollars pour le tournage en 16mm d'une séquence test. Le résultat convainc et les deux inséparables signent un contrat pour trois scénarios (dont celui, très mauvais, de URBAN LEGEND 2 : COUP DE GRACE) et une réalisation (à la charge de Derrickson), celle de HELLRAISER : INFERNO.

Le cinquième volet de la saga HELLRAISER, doté d'un budget étriqué de deux millions de dollars (soit deux fois moins que le précédent), hérite donc du scénario jadis nommé DARKNESS FALLING. Quelques retouches sont bien entendu réalisées et des cénobites intégrés à une trame générale qui comportait cependant déjà quelques monstres... Reste que ce cheminement explique parfaitement la structure actuelle du film et les éléments qui pourront lui être reprochés.

HELLRAISER : INFERNO se présente donc comme un polar désabusé dans lequel enquête un détective plutôt détestable. L'homme se drogue, vole, s'avère prétentieux, imbu de sa personne et par dessus tout particulièrement distant avec sa femme et sa fille. Un véritable anti-héros donc qui sera bien vite confronté à un tueur qui pourrait bien être lui-même... Le doute s'installe naturellement chez les autres protagonistes mais aussi chez le spectateur qui partage les horribles visions de l'enquêteur durant tout le métrage. Visions qui ne sont du reste pas sans évoquer L'ECHELLE DE JACOB (les créatures sans visage que seul un homme voit) et bien entendu, dans la forme, les jeux «Silent Hill» (eux-mêmes inspirés du film de Adrian Lyne). Les horribles apparitions que doit supporter le détective Joseph Thorne prennent ici l'apparence de cénobites plus que soignés. Là encore, le travail de Gary J. Tunnicliffe, en charge des monstres depuis le troisième volet, fait merveille et, malgré un budget qui ne le permettait pas forcement, nous invite à découvrir une toute nouvelle brochette d'âmes torturées. Parmi celles-ci, nous citerons les inoubliables jumelles cénobites (concept hérité du bestiaire de HELLRAISER : BLOODLINE) et le magnifique Torso interprété par un Mike J. Regan (spécialiste du maquillage) non crédité pour ce rôle... Bien que le film se montre globalement avare en apparitions, reconnaissons que celles-ci font donc mouche et s'avèrent plus qu'admirables sur le plan esthétique.

Le visuel du métrage sera du reste, à l'image de ces créatures, particulièrement soigné pour un produit destiné à la vidéo. L'ambiance est sombre et sale, rappelant parfois (volontairement) le travail de David Fincher sur son SE7EN. Cette atmosphère particulièrement lourde et le ton résolument noir de l'œuvre sont par ailleurs encore amplifiés par la présence d'une voix-off qui, à l'image de celle de BLADE RUNNER, porte en elle un véritable sentiment de désespoir…

Si la forme n'est donc pas à remettre en cause ici, nul doute que le fond ne fera en revanche pas l'unanimité. Car si le lien avec la saga initiée par Clive Barker est brillamment assuré via une réplique fondamentale issue du second opus, il n'en reste pas moins que l'univers tel qu'il a été défini auparavant est ici bien malmené. Le culte de la souffrance est donc oublié, de même que la recherche du plaisir ultime. L'action des cénobites est, pour sa part, tout simplement mise au rencard. L'esprit du «mythe» prend par conséquent un sérieux coup dans l'aile et Pinhead lui-même prendra des allures d'«objecteur de conscience» lors d'un final pour le moins étonnant. Si Clive Barker se déclare «dégoûté» par la tournure qu'emprunte cet épisode, il ne faut cependant pas en oublier ses qualités, plutôt nombreuses.

En plus du visuel et de l'ambiance, déjà cités, nous ajouterons donc la trame scénaristique qui, bien que peu originale, tient la route. Quoique d'apparence confuses, les mésaventures de Joseph Thorne prennent peu à peu du sens et nous mènent sans peine au plus profond de la déchéance d'un homme ne sachant plus discerner l'apparence de sa triste vie de celle de son subconscient moralisateur. Un vrai mal-être, rendu possible à l'écran grâce à l'acteur Craig Sheffer (le CABAL du film homonyme de Barker), tout simplement impeccable dans ce rôle ambigu et délicat...

Nous serons donc moins «dur» que Clive Barker envers ce cinquième volet qui renoue avec une ambiance dont nous avaient privé les troisième et quatrième opus. Imparfait et fauché, le métrage de Scott Derrickson l'est sans l'ombre d'un doute mais il apporte une pierre intéressante à la saga HELLRAISER, malheureusement chancelante. Les deux volets suivants reprendront pour leur part une trame scénaristique très similaire, sans pour autant égaler en terme de mise en scène ce HELLRAISER V : INFERNO parfaitement recommandable...

L'éditeur TF1 Video n'avait pas les droits de HELLRAISER III et HELLRAISER IV : BLOODLINE mais cela ne l'empêche pas d'avoir fait l'acquisition des volets 5 à 8. HELLRAISER : INFERNO est donc sorti sous cette bannière, tout d'abord à l'unité puis par le biais d'un coffret regroupant six épisodes. Bien qu'il ne s'agisse pas de produits «prestigieux», TF1 Video fait bien son boulot en reprenant ici l'intégralité des bonus du disque américain, auxquels il ajoute des bandes-annonces et bien évidemment de nouvelles pistes audio...

En terme d'image donc, nous aurons droit à un transfert 16/9ème servant un ratio 1.77 proche de l'original. La copie est esthétiquement irréprochable, offrant une belle définition, des contrastes parfaits et une compression particulièrement discrète, y compris lors des (très nombreuses) scènes obscures. Autant dire que ce transfert fait honneur à la photographie du métrage et aux éclairages plutôt bien pensés.

Cette qualité d'image ne se traduit pas par des restrictions sur le plan audio. Nous avons en effet droit à quatre pistes distinctes, deux pour la version originale et deux pour le doublage français. Chaque langue se décline en Dolby Digital 5.1 ou en DTS. Nous noterons que les deux options DTS n'exploiteront pas votre caisson de basse puisque l'encodage n'est fait qu'en 5.0. Cette curiosité est notable à l'oreille mais la plupart des amplis pourront tout de même recréer un canal artificiel de graves et palier plus ou moins à ce «problème». Nous plaçons le terme entre guillemet car HELLRAISER : INFERNO n'est pas non plus une bête de course sur le plan sonore. L'ambiance est bien rendue, la spatialisation par instant présente, mais rien de réellement ébouriffant toutefois... Terminons en précisant que le sous-titrage français (amovible) est très correct, et le doublage plutôt honnête...

Au chapitre des bonus, nous aurons tout d'abord droit à un segment de deux minutes trente intitulé «Les secrets de Hellraiser». Gary J. Tunnicliffe nous dévoile dans ce documentaire très succinct comment sont réalisés quelques éléments clef de la saga. On nous présente donc les deux principales configurations de la boite de LeMarchand ainsi que la technique employée pour créer les aiguilles ornant la tête de Pinhead. Intéressant, mais malheureusement bien trop léger... Ce sera également le cas de l'interview que donne Doug Bradley, interprète du célèbre cénobite. L'homme est posé, pertinent et humble, mais nous aurions aimé qu'il porte un regard plus large quant à son rôle de croquemitaine, et la manière dont il le vit. Pour en savoir plus sur cet aspect, nous vous invitons d'ailleurs à la lecture de son passionnant bouquin, "Behind the mask of the horror actor", disponible en anglais seulement... Mais revenons à l'entretien filmé que propose le DVD puisqu'il permet malgré tout de voir quelques images du tournage ou des séquences de maquillage. Celles de Doug Bradley, masque posé mais vêtu d'un simple tee-shirt soyeux, valent largement le détour !

Terminons le tour de cette édition en mentionnant la présence des bandes-annonces originales de HELLRAISER et HELLRAISER II: LES ECORCHES. On trouvera également quelques filmographies plutôt complètes, dont celle de James Remar, barbu et difficilement reconnaissable dans le film. Un lien internet vers le site de l'éditeur garnira enfin la section DVD-Rom de votre disque...

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
48 ans
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L'édition vidéo
HELLRAISER : INFERNO DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h36
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
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      Aucun
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