Header Critique : RIVELAZIONI DI UN MANIACO SESSUALE AL CAPO DELLA SQUADRA MOBILE (LA PEUR AU VENTRE)

Critique du film et du DVD Zone 2
RIVELAZIONI DI UN MANIACO SESSUALE AL CAPO DELLA SQUADRA 1972

LA PEUR AU VENTRE 

Alors qu'il n'aspire manifestement qu'à roupiller derrière son bureau, l'inspecteur Capuana se voit confier une affaire criminelle des plus délicates. Le cadavre d'une jeune femme adultère vient en effet d'être retrouvé égorgé et lacéré, couvert de clichés sexuellement explicites. Le crime passionnel pourrait être une piste si les morts n'en venaient pas à se succéder à un rythme de plus en plus soutenu. Pressé par ses supérieurs, Capuana cumule les fausses pistes avant d'être lui-même contacté par le tueur...

Honnête artisan plus qu'il n'est un réalisateur inspiré, Roberto Bianchi Montero est de ces faiseurs ayant glissé sur les modes du cinéma italien durant les années 70. Bien qu'il ait essentiellement versé dans le film d'aventure en début de carrière, le Western a donc rapidement pris le pas (POKER D'AS POUR DJANGO, DURANGO ENCAISSE OU TUE), aux côtés du polar à tendance noire (L'ŒIL DE L'ARAIGNEE). La carrière du monsieur est également ponctuée de pelloches plus «coquines» avec le parodique LES FOLLES NUITS DE CALIGULA, mais aussi quelques pseudo-documentaires charnus. Rien d'étonnant donc dans le fait de retrouver, en 1972, notre Roberto Bianchi aux commandes d'un Giallo au cuissot impudique.

Au début des années 70, la production des Gialli s'accélère en effet, au point de devenir un genre dont les codes auront été définis par les œuvres de Mario Bava. On peut dès lors parler de cinéma d'exploitation et, comme c'est toujours le cas, on trouve rapidement à boire et à manger dans les nombreuses pellicules que proposent nos amis transalpins. Certains réalisateurs misent sur une approche crue, voire cruelle, alors que d'autres travailleront l'atmosphère et l'étrangeté. Plus modeste dans ses ambitions, Roberto Bianchi sera sans surprise de ceux qui parieront sur le potentiel incroyable de la fesse, s'offrant au passage un casting de rêve constitué de starlettes de l'époque.

LA PEUR AU VENTRE verra donc succomber la prolifique yougoslave Sylva Koscina (LISA ET LE DIABLE), qui laissa une empreinte inaltérable sur plus de 80 bobines réalisées entre 1955 et 1990. Le sort sera le même pour l'italienne Annabella Incontrera (LES RENDEZ-VOUS DE SATAN avec Edwige Fenech) ou l'australienne Krista Nell (LE COLT ETAIT SON DIEU). Citons enfin Femi Benussi qui nous fera l'honneur d'être la première à succomber à l'écran. Au passage, la belle nous offrira l'une des séquences les plus mémorables de LA PEUR AU VENTRE. Nous aurons donc l'occasion de lire l'effroi dans son regard azuré, à l'issue d'une course sur la plage intégralement filmée au ralenti. Parfaitement maîtrisée, cette séquence est l'une des meilleures raisons qui pourra pousser à la (re)découverte du film de Bianchi. Nous regretterons par conséquent que les autres crimes ne fassent pas preuve d'une inventivité similaire. La relève n'étant que mollement assurée par les trop classiques gros plans sur des yeux écarquillés, visages hurlants ou poitrines lacérées…

En effet, outre un érotisme très présent et une nudité «classe», dénuée de toute vulgarité, LA PEUR AU VENTRE n'est pas un Giallo que l'on pourrait qualifier d'inventif. La trame est particulièrement linéaire et le déroulement assez peu dynamique. L'inspecteur Capuana est d'ailleurs le parfait reflet de cet immobilisme déroutant et, pour tout dire, assez frustrant. Exploité de main de Maître par Hitchcock dans LA CORDE et L'INCONNU DU NORD-EXPRESS, l'acteur Farley Granger semble subir l'action face à la caméra de Bianchi. L'homme n'est ici qu'un placide fonctionnaire en état de perpétuelle somnolence, dénué d'idée ou même de volonté. Un simpliste ressort scénaristique ira même jusqu'à lui présenter un coupable idéal, au propos franchement louche lorgnant vers la nécrophilie. Voilà qui conviendrait parfaitement à notre inspecteur pantouflard si l'assassin n'allait pas jusqu'à le bousculer personnellement...

Conduite par un protagoniste que l'on imagine proche de la retraite et de la robe de chambre, l'intrigue n'est donc pas des plus palpitantes. La vision éculée d'une bourgeoisie italienne décadente n'enrichie guère le propos, pas plus que le puritanisme d'un tueur vêtu à l'image de celui de SIX FEMMES POUR L'ASSASSIN. Pourtant et malgré ces différents handicaps, LA PEUR AU VENTRE parvient à faire par exemple bien mieux que NUE POUR L'ASSASSIN, et ce dans un registre très semblable. Le casting féminin et la bande originale de Giorgio Gaslini ne sont pas étrangers à ce sauvetage in extremis, de même qu'un final décalé et même plutôt vicieux… Le film de Roberto Bianchi Montero sera donc à réserver essentiellement aux amateurs de belles femmes, ou plus simplement aux amoureux complétistes de l'univers du Giallo, lesquels trouveront ici une pièce certes mineure, mais pas désagréable...

Le meilleur moyen de (re)voir aujourd'hui LA PEUR AU VENTRE est semble t'il de se tourner vers l'édition allemande bichonnée par Camera Obscura. L'élégant fourreau cartonné reprend l'une des affiches d'origine ainsi que le titre italien, particulièrement explicite : RIVELAZIONI DI UN MANIACO SESSUALE AL CAPO DELLA SQUADRA MOBILE ("Les révélations d'un maniaque sexuel au chef de la police criminelle" !). Dans ce boitier, on trouve bien évidemment la galette dédiée au film et aux suppléments, mais aussi un livret de huit pages rédigé en allemand et en anglais. Le texte de Christian Kessler est pertinent, à l'évidence documenté et l'on ne pourra reprocher qu'un certain excès d'enthousiasme vis-à-vis du métrage.

Le disque s'ouvre pour sa part sur un menu sonorisé de bon goût, offrant l'accès au film et aux différents paramétrages. Au lancement de LA PEUR AU VENTRE, l'éditeur nous informe que le master utilisé était incomplet et qu'il a donc fallu ponctionner d'autres copies, de qualité moindre, afin d'offrir une version intégrale du métrage. L'initiative est d'autant plus louable que les séquences concernées sont rares mais auraient sans doute constitué un manque. L'une des séquences impactée est un dialogue mettant en scène l'inspecteur Capuana alors que l'autre est une scène d'amour pour laquelle l'éditeur a dû s'arracher les cheveux, tant elle semblait saucissonnée par la censure !

Au-delà donc de ces courtes séquences, la copie est tout bonnement surprenante. Les couleurs sont belles et les contrastes puissants. La compression est quasiment indicible mais plus que tout, c'est la définition offerte par le transfert 16/9ème qui étonne sur toute la durée du métrage. L'image est par ailleurs plutôt propre et le ratio respecte en outre parfaitement le 1.85 d'origine… De l'excellent travail.

Sur le plan sonore, nous aurons droit à la version originale italienne ainsi qu'à un doublage allemand sans grand intérêt pour nous. Les deux pistes sont proposées dans un mono (sur deux canaux) clair, délivrant les dialogues de manière limpide et se montrant respectueux de la bande-originale. La compréhension du film sera rendue possible grâce à des sous-titres allemands ou anglais parfaitement lisibles.

Attaquons maintenant la partie éditoriale, particulièrement développée pour un métrage de ce type. Commençons par le commentaire audio donnant la parole aux cinéphiles Christian Kessler et Marcus Stigglegger. Secondé d'un sous-titrage anglais optionnel (comme tous les bonus du disque), ce supplément offre un aperçu agréable du Giallo en tant que genre, de part l'énumération de certains codes. Quelques filmographies seront passées en revue et Farley Granger fera bien évidemment l'objet d'un soin particulier. Là encore, le propos est enthousiaste, sans doute un peu trop. Qu'importe car il permet de nous mener jusqu'en bout de métrage sans trop d'ennui et de redondances…

«Revelations of a jazz maniac» est pour sa part un documentaire de vingt et une minutes, mis en boite par Freak-O-Rama et donnant la parole au compositeur Giorgio Gaslini. Particulièrement intéressant, le bonhomme commence par retracer ses débuts, sa carrière et nous en apprend par là même davantage quant au métier de compositeur et au fonctionnement de l'industrie cinématographique de l'époque. Il se penche ensuite sur LA PEUR AU VENTRE et se livre à une analyse critique pertinente, tant sur son propre travail que sur celui de Roberto Bianchi. Gaslini nous offre ainsi un flux constant d'informations passionnantes, faisant clairement de ce bonus un incontournable.

Mais la plus belle pièce de cette édition luxueuse est sans doute le roman photo d'époque, intitulé «Les crimes d'un maniaque sexuel» et ici proposé dans son intégralité ! Il s'agit du roman français et le format de présentation est tel qu'il nous permet une lecture de bout en bout. En effet, au lieu de nous offrir une succession d'images à faire défiler, l'éditeur a eu l'excellente idée de zoomer sur les pages et de faire défiler la caméra, permettant une consultation complète et particulièrement agréable sur une durée de vingt-cinq minutes environ. On notera en outre que le thriller dans sa version de papier prend quelques libertés avec l'œuvre de Bianchi. Certaines photos sont détournées et leur ordre inversé afin de modifier la signification de quelques scènes. La plus étonnante de ces altérations se situe dans le final, ici romantique et malheureux, et donc en parfait désaccord avec celui du film !

Terminons enfin le tour de la galette en évoquant une galerie d'une quinzaine d'images. On y trouve des photos d'exploitation d'origines diverses, quelques affiches ou articles d'époque. Parmi les posters, on notera la présence de l'un d'eux, titrant le film PENETRATION. Il s'agit en réalité d'une version de LA PEUR AU VENTRE «caviardée» d'images pornos (le vrai titre anglais étant SO SWEET, SO DEAD). Dans ce montage «alternatif», aujourd'hui difficilement trouvable, on pouvait admirer les hardeurs Harry Reems (GORGE PROFONDE et sa suite) et Tina Russell (DEEP THROAT PART II) s'adonnant à leur sport favori ! Nul doute que Farley Granger a du être ravis à l'époque, de voir débouler cette version aux Etats-Unis !

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
48 ans
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Une édition DVD particulièrement riche
Très belle copie
Un casting de rêve
On n'aime pas
Un Giallo plan-plan
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L'édition vidéo
RIVELAZIONI DI UN MANIACO SESSUALE AL CAPO DELLA SQUADRA MOBILE DVD Zone 2 (Allemagne)
Editeur
Camera Obscura
Support
DVD (Double couche)
Origine
Allemagne (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h37
Image
1.85 (16/9)
Audio
Italian Dolby Digital Mono
German Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
  • Allemand
  • Supplements
    • Commentaire audio de Christian Kessler et Marcus Stigglegger
    • Documentaire «Revelations of a jazz maniac» (21mn)
    • Roman-photo français (25mn13)
    • Galerie de quinze images
    • Livret de huit pages
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