Mordu par une chauve-souris, un sympathique saint-bernard contracte le virus de la rage. La maladie progresse rapidement et rend l'animal hypersensible, puis terriblement agressif. Endolori et mourant, Cujo ne peut bientôt plus se contrôler et se transforme donc en monstre assoiffé de sang. Après avoir attaqué ses maîtres, il va tenir en respect une femme et son jeune fils, prisonniers de leur voiture en panne. Mais la canicule et le manque d'eau obligent rapidement la jeune maman à prendre les choses en main…
Nous avions déjà chroniqué en 2006 l'édition DVD Belge du CUJO de Lewis Teague. Nous ne reviendrons donc pas sur le film et les étonnantes qualités qui en font l'un des meilleurs métrages consacrés aux animaux tueurs, mais aussi l'une des plus belles adaptations d'un roman de Stephen King. Pour en savoir plus sur la genèse du métrage et notre opinion quant au résultat final, nous vous invitons donc à consulter notre précédent texte : /index.php/index.php/review/1356...
Reste que depuis l'excellente édition Belge, l'eau a coulé sous les ponts et CUJO a eu les honneurs de plusieurs sorties numériques. Si le Blu-Ray américain chroniqué dans ces lignes est actuellement le meilleur choix du marché, rien n'empêche un petit tour d'horizon des éditions précédentes avec comparatif à l'appui. Pour cela, rappelons tout d'abord que le format d'origine du film est le 1.85 et qu'il convient, pour profiter au mieux de la magnifique photographie de Jan De Bont, d'opter pour une édition s'en approchant. Les éditions américaine (chez Artisan), allemande (chez EMS) et anglaises (chez 4 Front et Universal) sont donc à éviter si l'on souhaite un rendu respectueux. Celles-ci écrasent en effet l'image et rognent assez largement les côtés. Curieusement, il semble qu'elles soient cependant tirées d'une copie Open Matte puisqu'elles offrent en contrepartie davantage d'image en haut et en bas. Une bien maigre consolation face à un résultat particulièrement laid et daté.
Les éditions belge et espagnole (parfaitement identiques) de l'éditeur Paramount offraient quant à elles un rendu superbe via un ratio 1.77 très proche de l'original et un encodage 16/9ème de grande qualité. Parue quelques mois plus tard, l'édition française était pour sa part une véritable déception. Bien que disposant elle aussi d'un ratio 1.77 et d'un encodage 16/9ème, la copie était tour à tour floue, granuleuse et brûlée au point d'en défigurer le travail du directeur de la photographie. Cette version était par ailleurs très recadrée, faisant perdre plus de 18% d'image par rapport à l'édition Paramount (voir la news avec comparatif interactif à l'appui du 19 juin 2007).
L'édition Blu-Ray Lions Gates reprend quant à elle le master de la précédente édition américaine collector, sortie chez le même éditeur. Le cadrage est légèrement différent de celui des éditions Paramount mais s'avère tout à fait convaincant. Le transfert est en effet de haute volée, restituant un grain cinéma superbe et une palette de couleur particulièrement riche. Les couchés de soleil et les teintes caniculaires trouvent ici une seconde jeunesse, récompensant amplement le travail de De Bont. En terme de définition, il y a un saut indiscutable entre le DVD et cette galette en haute définition. Ce n'est pas une constante sur toute la durée du métrage et quelques plans sombres pourront décevoir mais la plupart du temps, c'est à une belle redécouverte que nous aurons droit...
Blu-ray Lions Gate |
Blu-ray Lions Gate |
DVD français |
DVD français |
DVD UK |
DVD UK |
DVD belge |
DVD belge |
Sur le plan sonore, l'édition Blu-Ray fait là encore très fort en proposant la version anglaise via le mono d'origine (encodé sur deux canaux), ou par le biais d'un mixage 5.1 DTS-HD Master. Cette dernière piste apporte avec elle une certaine ampleur, mais rien de réellement probant. En terme d'écoute, les deux options sont quoiqu'il arrive irréprochables et restituent avec beaucoup de soin la partition de Charles Bernstein. Les dialogues et grognements sont parfaitement limpides, et la compréhension du métrage sera simplifiée par la présence d'un (unique) sous-titrage en anglais. Si des options francophones vous sont indispensables, vous n'aurez donc d'autre choix que d'opter pour l'édition française à l'image douteuse…
Enfin au-delà de l'image et du son, il est intéressant également d'évoquer les différents montages lorsqu'on parle de CUJO. En effet, certains d'entre nous ont tremblé devant le monstre de poils et de crocs lors de sa sortie au cinéma, ou plus tard en VHS. Difficile pour ceux-là de ne pas se souvenir d'une séquence assez particulière entre l'actrice Dee Wallace Stone et son amant dans le film, joué par Christopher Stone. Cette séquence arrivait juste après celle du petit-déjeuner. Elle se débutait par un gros plan sur le visage de l'actrice, yeux fermés et en apparence incroyablement épanouie… Le cadre s'élargissait alors pour nous dévoiler l'héroïne, chevauchant langoureusement son amant. Alors que nous pensions la petite famille pleinement heureuse, nous apprenions donc que madame avait jugé bon d'aller voir ailleurs, ce qui justifiait bien évidemment la suite des évènements. Cette scène d'amour s'étalait sur une minute quinze secondes et était directement suivie par la séquence du morne repas, faisant écho à LES DENTS DE LA MER...
Le réalisateur Lewis Teague expliquait dans son commentaire audio qu'il avait jugé cette séquence trop explicite, trop sujette à jugement, et qu'il avait donc préféré la remplacer par une autre. En réalité et puisqu'elle est arrivée jusqu'à nos contrées (entre autres), on peut légitimement penser qu'un élan de puritanisme l'a poussé à tourner une séquence alternative pour l'exploitation en salles sur le sol américain. Cette séquence débute par une partie de tennis entre l'amant et le mari. L'époux gagne, il est heureux au jeu, mais son rival l'est en amour comme le montre la suite. La séquence qui vient après montre en effet l'acteur Christopher Stone au lit, attrapant son trombone et soufflant dedans. Il réveille ainsi sa partenaire sexuelle qui se trouve être la gentille mère de famille. La finalité est donc identique à celle de l'autre version mais l'impact totalement différent, ici bien plus neutre. Cette version alternative est aujourd'hui reprise sur toutes les copies anglophones que nous ayons eut entre les mains. C'est-à-dire les éditions belge, espagnole, britannique (Universal) et américaines avec le DVD puis aujourd'hui le Blu-Ray.
Le disque français, décidément bien décevant, propose pour sa part une particularité inédite. Hésitant entre l'un ou l'autre des montages et sans doute pris au piège du doublage, l'éditeur D'Vision a tout simplement pris la liberté de supprimer la ou les séquences, effaçant donc les traces visibles de l'adultère ! Point de coucherie, pas plus que de trombone ou de tennis, nous ne découvrirons le problème familial que plus tard, posant de fait un petit problème de continuité dans le métrage…
Sur le plan éditorial, le Blu-Ray reprend sans surprise les bonus présents sur le DVD Zone 1 Collector. Le commentaire audio n'a rien de véritablement surprenant puisqu'il s'agit de celui que nous avions pu découvrir sur les DVD Paramount. Le propos est néanmoins pertinent et passionné, même s'il n'évite pas quelques redondances. Nous noterons que si l'édition Belge offrait un sous-titrage anglais sur ce commentaire, il n'est pas ici repris, imposant donc un certain niveau d'anglais pour le suivre...
Un nouveau bonus vient s'ajouter au premier. Intitulé «Dog Days : Making-of Cujo», cet étonnant documentaire s'étale sur plus de quarante minutes découpées en trois parties. Le nombre d'intervenants est assez conséquent puisque nous retrouvons le réalisateur, les producteurs, le compositeur, le directeur de photographie mais aussi Danny Pintauro et Dee Wallace Stone. Lewis Teague livre des propos reprenant ceux qu'il tient déjà dans le commentaire mais ses complices apportent une vraie valeur à l'ensemble. Les anecdotes fusent, le ton est enthousiaste et le souvenir de ce tournage semble ravir les participants. L'auto-congratulation est totalement absente et le montage alterné des interviews offre une dynamique qui permet d'éviter l'ennui. En plus d'un propos globalement pertinent, ce making-of est également l'occasion de découvrir nombre de belles photos de tournage. Incontournable donc, même s'il faudra encore une fois se passer de sous-titrage.
Terminons enfin le tour de cette édition en évoquant une bande-annonce de l'éditeur, melting-pot d'images issues de leur catalogue horrifique en haute définition. Cette bande promo vous sera proposée à l'insertion du disque, mais également via les menus...