Cotton Marcus est un pasteur évangéliste à même d'enflammer des foules de croyants. Lorsqu'il ne fait pas des sermons endiablés, il pratique des exorcismes sur des fidèles possédés par le démon. Mais Cotton Marcus ne croit pas dans la possession démoniaque et un douloureux souvenir le mène tout déballer. Pour se faire, il invite une petite équipe à le suivre, caméra au poing, sur le lieu de son prochain exorcisme !
A la fin des années 90, Daniel Myrick et Eduardo Sanchez organisent une opération marketing qui mène au PROJET BLAIR WITCH. Un énorme succès qui a l'avantage d'avoir été tourné à l'économie, en vue subjective avec une simple caméra vidéo. Ils ont alors été nombreux à penser qu'il suffisait d'agripper une caméra pour arnaquer les spectateurs. Dans le genre, on notera le très opportuniste DA HIP HOP WITCH où des rappeurs tel que Eminem se compromettaient dans une entreprise très foutage de gueule. Etrangement, cette approche du film donnant l'impression d'offrir des images prises sur le vif va connaître un regain d'intérêt et des cinéastes plus confirmés vont tenter l'exercice comme Brian De Palma avec REDACTED, George Romero et son DIARY OF THE DEAD ou encore Werner Herzog participant activement à INCIDENT AT LOCH NESS. Grandement aidé par les succès de [REC] ou plus récemment de PARANORMAL ACTIVITY, le genre s'installe donc petit à petit grâce à des métrages malins et hélas des réalisations bien moins glorieuses. LE DERNIER EXORCISME vient donc apporter sa petite pierre à cette forme cinématographique. Nous avions eu les morts-vivants, les monstres géants, les fantômes ou encore les extraterrestres, il faudra dorénavant compter aussi sur les possessions démoniaques !
Déjà réalisateur d'un faux documentaire sur un suicidaire, A NECESSARY DEATH, Daniel Stamm se voit confier la réalisation du DERNIER EXORCISME, un projet basé sur un scénario de Huck Botko et Andrew Gurland. Les deux hommes ne sont pas non plus sans expérience dans l'écriture d'un métrage adoptant la caméra subjective puisqu'ils avaient déjà œuvré auparavant sur un projet similaire et obscur. Tout ce petit monde n'a donc plus qu'à redoubler d'inventivité pour nous conter une histoire d'exorcisme. Coup de chance, ils exploitent de manière très astucieuse leur concept. Assez vite, au début du film, le métrage suit donc un pasteur évangéliste qui use de tours de passe-passe pour préserver la crédulité de ses fidèles. Suite à un douloureux souvenir, il décide de révéler les supercheries dans le domaine des possessions démoniaques et des exorcismes. Carrément cynique, le bougre dévoile l'envers de la religion où œuvrent des bonimenteurs. Evidemment, l'idée n'est pas nouvelle puisque déjà dans L'EXORCISTE, l'un des personnages principaux remettait en cause sa propre foi dans la religion. Dans les deux films, on suit donc des protagonistes ayant des soucis avec les croyances qu'ils sont sensés défendre et auxquels viendront se confronter des événements qui ébranleront leurs convictions. Toutefois, dans LE DERNIER EXORCISME, l'homme d'église ne remet pas tout à fait en cause l'existence de dieu ou bien sa propre foi mais plutôt des pratiques qui lui semblent archaïques et dangereuses. Le portrait de cet exorciste immoral se teinte d'un humour pince sans rire plutôt bien vu tout en lui donnant un côté assez réaliste. Le film se permet des outrances peu crédibles, particulièrement en montrant les grosses ficelles utilisées par le pasteur lors de ses exorcismes bidonnés. On frôle alors un peu la parodie mais l'assurance et le charisme de l'acteur principal, Patrick Fabian, transcendent ces passages croquignolets.
Malheureusement, LE DERNIER EXORCISME se prend les pieds dans le tapis dans son dernier tiers, lorsque le film bascule ouvertement dans le surnaturel. C'est plutôt dommage puisque le métrage avait réussi jusque là à garder un ton relativement juste. Ce qui aurait pu rester un film assez malin va dès lors devenir plutôt balourd. Les comédiens auront beau déployer un certain talent, rare dans ce type de films, l'intrigue va prendre une tournure peu crédible et afficher un côté très fauché. On pensait naviguer dans un film d'exorcisme et on se retrouve au final entre une sorte de VIERGES DE SATAN, UNE FILLE POUR LE DIABLE voire ROSEMARY'S BABY dans un épilogue bancal. Cela dit, pour un film qui est sensé nous foutre la trouille, LE DERNIER EXORCISME échoue assez largement dans ce domaine. Hormis quelques séquences qui font un peu mal, la plupart des confrontations se révèlent plutôt plates. Pire, LE DERNIER EXORCISME brise ses propres règles. Ainsi, dans quelques scènes mouvementées, le réalisateur désamorce son aspect documentaire en ne respectant plus vraiment le tournage en caméra subjective. Le montage de prises de vue et cadrages différents casse l'aspect réaliste, surtout que le procédé se montre grossier et sans subtilité. En effet, on pourrait même dire que les cinéastes, dont Eli Roth ici producteur, n'ont clairement pas essayé de camoufler leur douteux artifices de montage. De fait, et même si l'actrice jouant la possédée se contorsionne ici sans effets spéciaux (sur l'affiche comme dans le film), ce n'est malheureusement pas ce qui retiendra l'attention du spectateur durant ces séquences maladroites...