Parachuté en pleine jungle, une bande de combattants hétéroclites n'a pas le temps d'essayer de comprendre ce qu'elle fait là. En effet, assez rapidement après leur atterrissage, les musculeux sont pris en chasse par un ennemi invisible…
Fruit de l'imagination des frères Thomas, PREDATOR se concrétise en 1987 devant la caméra de John McTiernan qui n'a réalisé, jusque là, qu'un film indépendant, NOMADS. Le film va rencontrer un énorme succès et suscitera quelques années plus tard une suite toujours sous la plume des mêmes scénaristes. PREDATOR 2 ne connaîtra pas la même gloire que son prédécesseur mais restera tout de même une entreprise plus que rentable. Dans le même temps, la créature poursuit son chemin sur d'autres supports et plus particulièrement la bande dessinée. Après PREDATOR 2, la Fox aurait demandé à Robert Rodriguez de plancher sur l'écriture d'un troisième film. Le jeune cinéaste se lâche et imagine le retour d'Arnold Schwarzenegger. Le studio ne donnera pas suite en raison, d'après la rumeur, d'un budget jugé bien trop élevé. Finalement, le retour sur grand écran des chasseurs extra-terrestres se fera par le très décrié ALIEN VS PREDATOR suivi d'un très mauvais ALIENS VS PREDATOR : REQUIEM. C'est à ce moment que la Fox décide de déterrer le projet de Robert Rodriguez. Le cinéaste envisage la réalisation mais passe la main au profit de Nimród Antal tout en gardant la mainmise sur le film en le supervisant via sa maison de production, Troublemaker Studios.
Soyons réaliste, si Robert Rodriguez avait rêvé d'Arnold Schwarzenegger ou encore de visions dantesques à même de faire gonfler démesurément le budget au milieu des années 90, le PREDATORS que l'on découvre aujourd'hui semble bien peu ambitieux. L'intrigue fait table rase de tout ce qui a pu être fait au cinéma concernant la franchise et se veut une suite directe du premier métrage. Un choix logique puisque PREDATORS n'est qu'une variation sans grande envergure du PREDATOR de John McTiernan. L'ambition y est totalement absente et les nouveautés peuvent se compter sur les doigts d'une main. PREDATORS expédie rapidement quelques clins d'œil à l'œuvre originale et reprend maladroitement des séquences en les triturant pour s'accommoder d'une intrigue des plus minces. Pour synthétiser, quelques humains sont lâchés dans un bout de jungle sur une autre planète et il leur faut tenter de survivre jusqu'au générique final. Au milieu, on trouve quelques rebondissements plus ou moins bien amenés. La cohérence n'y est d'ailleurs pas toujours de mise. A l'instar des molosses extra-terrestres qui apparaissent le temps d'une séquence mouvementée pour s'évanouir dans la nature par la suite. Il faut donc en déduire que les chiens de l'espace sont bien dressés et retournent faire cou-couche panier dans leur vaisseau spatial une fois la battue terminée. En réalité, les ajouts de ce PREDATORS semblent surtout bien gratuits au milieu d'une jungle jamais vraiment spectaculaire. A un tel point que PREDATORS laisse surtout l'impression d'avoir découvert une suite produite pour le marché de la vidéo. Adrien Brody torse nu, chichement couvert d'un peu de boue, ne vient pas changer ce drôle de sentiment et ce même si le comédien arbore une musculature très honnête. Mais difficile pour autant de voir en l'acteur un digne successeur d'Arnold Schwarzenegger en pleine heure de gloire !
Plus surprenant, PREDATORS diffuse un message des plus négatifs. En effet, les personnages qui font preuve d'entraide ou qui ont des attentions pour les autres ont tendance à crever dans un coin ou à s'attirer les pire des ennuis. PREDATORS milite donc contre l'altruisme et véhicule, au contraire, des valeurs franchement égoïstes dans le domaine de la survie. Evidemment, cet aspect du film n'est certainement pas une démarche consciente de ses auteurs mais expose une partie résolument sombre de l'âme humaine. PREDATORS, film nihiliste ? N'exagérons pas non plus, il suit surtout la tradition du anti-héros à la morale difficile à cerner. Dans le cadre de PREDATORS, c'est en tout cas le bilan d'un métrage qui n'a, à vrai dire, pas vraiment d'épilogue et qui se clôt sur une fin ouverte.
PREDATORS est, au final, un métrage assez curieux qui tente de retrouver les racines des années 80 en proposant un film décomplexé. Il s'insère d'ailleurs dans une sorte de revival du cinéma d'action estampillé 80s qui arrive en cette année 2010. Toutefois, PREDATORS s'affiche plutôt comme une version Bis du film de John McTiernan, sorte de prolongement fait à l'économie. A ce titre, le premier ALIEN VS PREDATOR était largement plus spectaculaire en terme de décors, d'imagerie SF et d'effets spéciaux. Mais PREDATORS est, au moins, un spectacle qui se suit sans ennui, direct et sans prétention. Reste qu'il risque de décevoir, justement par son manque d'audace.