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Critique du film
THE DEAD 2009

 

Tandis que le monde est en proie à un virus transformant les êtres humains en zombies, un avion de l'armée américaine se crashe sur la côte africaine. Seul rescapé, le lieutenant Brian Murphy (Rob Freeman) va tenter de traverser le pays afin de rejoindre une base militaire. Il devra non seulement survivre aux assauts ininterrompus des morts-vivants, mais aussi affronter une nature aride et hostile.

Présenté comme «le premier film de zombies tourné en Afrique noire», THE DEAD attise la curiosité malgré son statut de série B surfant sur la mode archi balisée du film de morts-vivants. Lors de sa projection au Marché du Film de Cannes 2010, l'anglais Howard J. Ford (le co-réalisateur du film avec son frère Jon) prit la parole pour nous détailler l'envers du décor rocambolesque du film. L'équipe de THE DEAD s'est ainsi enfoncée au plus profond de l'Afrique, dans des lieux qui n'ont jamais été photographiés à ce jour. Malheureusement, le petit budget du film n'a pas pu les protéger des épreuves qui les attendaient : chaleur extrême, manque d'eau, de nourriture, de matériel... Perdus au milieu «d'absolument rien» (pour citer les mots de Ford), l'équipe commence à succomber à la maladie. Le tournage se boucle non sans quelques frayeurs, comme un technicien qui frôle la mort en attrapant une maladie locale. Pour les frères Ford, habitués au confort du monde de la publicité, cette première expérience de long-métrage est autant un film d'horreur que le récit d'hommes luttant contre une nature aussi magnifique qu'extrême.

La première partie de THE DEAD donne raison à l'ambition affichée par les frères Ford. Le métrage est certes une petite série B, mais c'est une série B diablement efficace. L'ambiance africaine est immédiatement saisissante. On pense à L'ENFER DES ZOMBIES de Lucio Fulci, mais aussi au jeu vidéo Resident Evil 5 qui plaçait son action dans un environnement similaire. L'exotisme du cadre permet de revisiter ce que nous connaissons par cœur sous un angle nouveau et motivant. On pense notamment à cette scène où un petit village est agressé de nuit par une horde de zombies. L'armée locale, en sous nombre et dotée d'un armement limité, se trouve vite dépassée dans son plan de sauvetage. Elle empile les survivants dans un camion, tire sur les monstres quitte à les confondre avec des vivants, le tout dans une ambiance de panique parfaitement rendue.

THE DEAD est cependant centré sur un personnage de militaire américain, campé par l'acteur de seconde zone Rob Freeman dont les (quelques) titres de gloire se nomment X-FILES, SMALLVILLE ou encore IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN de Steven Spielberg. Perdu au milieu de nulle part, le héros du film doit constamment trouver des solutions pour se déplacer dans des espaces interminables, tout en gérant ses maigres munitions et le manque d'eau. Le danger vient plus de l'environnement que des zombies déambulant (lentement) dans les vastes paysages. Bien entendu, dans THE DEAD, l'environnement et les zombies ne font souvent qu'un, les plus grands dangers arrivant lorsque les deux menaces se coordonnent. Comme lorsque le héros, au volant d'une voiture, s'embourbe dans un chemin de terre. Difficile de libérer le véhicule tandis que les morts-vivants ne cessent de se manifester, comme un flux incessant ne laissant jamais une seconde de répit au personnage.

Nerveux, bien pensé, gore sans tomber dans le grand guignol, THE DEAD bénéficie d'une première demi-heure vraiment bluffante. Malheureusement, le spectacle ne tient pas le rythme sur la longueur. Le clivage se marque lorsque le soldat américain fait la rencontre d'un militaire local, remontant lui aussi le pays pour retrouver son fils évacué dans une base militaire. THE DEAD prend alors des allures de «buddy movie», où deux hommes ayant peu de choses en commun vont devoir se serrer les coudes pour survivre. La routine s'installe alors, THE DEAD ne devenant qu'un film de zombies de plus. Le métrage relâche qui plus est sa rigueur et nous oblige à quelques images embarrassantes, comme quelques cascades effectuées par des mannequins en mousse si prisés des amateurs de nanars. Le scénario se rend également coupable de quelques idioties, comme lorsque les deux héros décident se s'endormir tous les deux en même temps en pleine nature hostile en ayant uniquement pris le soin de tirer une petite corde piégée entre deux arbres. Heureusement, le film nous gratifie de toujours plus de paysages somptueux et inédits.

L'ambition des frères Ford de réaliser un film de genre qui saura accrocher au-delà du cercle d'initiés n'est in fine pas tenue. Cela n'empêche pas THE DEAD d'incarner une belle proposition de zombie movie prompt à séduire les curieux. Le film ferait un bon inédit vidéo à conseiller sans hésiter aux amateurs de films modestes mais maîtrisés. On passe un bon moment devant THE DEAD. C'est bien entendu l'essentiel d'un film d'horreur carré qui mise tout sur le divertissement.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
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