Une bande de jeunes se trouve malencontreusement à la merci d'un réseau de vente d'esclaves. Bon, à vrai dire, nos commerçants semblent un peu débutants puisqu'ils passent plus de temps à maltraiter la marchandise plutôt qu'à la revendre… La revendre à qui ? C'est une bonne question, le film restera assez nébuleux là dessus…
Jeremy Benson fait partie des nombreux cinéastes qui avouent s'être passionné pour le cinéma depuis son plus jeune âge. Et comme beaucoup, il n'hésite pas à mettre en avant son amour des films d'horreur. Néanmoins, il apparaît des plus curieux que lorsqu'il réalise son premier long métrage, il choisit de mettre en scène en drame. Plus bizarre encore, son amour du cinéma horrifique ne se réveillera que lorsqu'un producteur, Dennis Fallon, lui donne un conseil d'ami. Celui de réaliser un film d'horreur, tout simplement… Le cinéaste n'avait manifestement pas eu l'idée de lui-même ! Il s'acoquine donc avec son compositeur et producteur, Mark Williams, pour écrire et réaliser SHUTTER. Un premier film d'horreur qui n'a strictement rien à voir avec l'excellent film du duo Parkpoom Wongpoom et Banjong Pisanthanakun. D'ailleurs, Jeremy Benson est parfaitement conscient de son niveau puisqu'il déclare lui-même que son film est largement inférieur au métrage thaïlandais. Plutôt modeste, cela n'empêchera pas pour autant Jeremy Benson de récidiver dans l'horreur avec un bien triste LIVE ANIMALS.
Fan de cinéma d'horreur, cela se révèle clairement lorsque Jeremy Benson dévoile que l'un des déclencheurs pour l'écriture de LIVE ANIMALS fut le souvenir de la séquence des mômes qui se transforment en mulets dans le dessin animé PINOCCHIO. Y'a pas à dire, Jeremy Benson n'est pas avare de révélation traumatisante ! Avec Mark Williams, il va même se préparer pour la mise en scène de LIVE ANIMALS en visionnant attentivement SHINING et HALLOWEEN, trois ou quatre fois chacun. Et quitte à se complaire dans le gag, le cinéaste justifie le choix de prendre de jeunes adultes pour les rôles principaux en expliquant que cela créée une dimension dramatique supplémentaire puisqu'en raison de leur âge, ce sont des victimes qui devraient avoir la vie devant soi. Horrible ! Abominable, même, de voir un cinéaste dont la bêtise atteint de tels sommets… Jeremy Benson et Mark Williams invente donc un concept super novateur et très malin, d'après eux, avec LIVE ANIMALS. Ils vont même jusqu'à dévoiler que HOSTEL n'était pas encore sorti quand ils ont écrit leur film, histoire de se dédouaner d'une quelconque filiation. Il n'en reste pas moins que leur film s'inscrit dans le sillage du film de Eli Roth mis en boîte la même année. On serait prêt à croire les deux cinéastes sur parole si LIVE ANIMALS ne donnait pas l'impression d'avoir été écrit à la va-vite sur un coin de nappe lors d'un repas. Jeremy Benson révèle d'ailleurs que son terrifiant flash de PINOCCHIO lui est apparu justement dans un restaurant. C'est bien là tout le problème, car LIVE ANIMALS ne fait preuve d'aucune imagination. Pas seulement en essayant de surfer sur une mode, voire de singer un film à succès, car le métrage de Jeremy Benson et Mark Williams est carrément le degré zéro du cinéma d'horreur en matière de scénario !
«Inspiré de faits réels» clament les affiches et autres visuels de LIVE ANIMALS. Un de plus qui va donc patauger dans la boue du faits divers crapoteux ? Pas du tout ! Les deux scénaristes ne semblent avoir aucun complexe avec leur fainéantise puisqu'ils n'hésitent pas à dire qu'ils n'ont fait aucune recherche sérieuse concernant le sujet de leur film. A partir de là, leur film ne s'inspire évidemment pas de faits réels. A croire que les deux hommes se foutent de la gueule des spectateurs ! Mais, après tout, les déclarations ou l'honnêteté des cinéastes n'ont que peu d'importance face au film si celui-ci est efficace. LIVE ANIMALS fait un carton plein puisqu'il s'avère surtout profondément emmerdant. En effet, le métrage n'apporte rien de plus que sa situation de départ, faite d'une bande de jeunes enfermée dans un baraquement et mise à la merci d'un commerçant d'êtres humains. La porte est alors ouverte aux dialogues inutiles, aux tortures futiles et aux rebondissements sans intérêts. Etant donné le sujet du film, on pouvait pourtant s'attendre à des débordements gores d'une grande gratuité, ce qui aurait pu au moins donner un peu de saveur à l'ensemble. Même pas ! LIVE ANIMALS se montre plutôt léger dans la représentation graphique de la violence et cherche surtout à tenter de secouer le spectateur avec des situations vaguement choquantes. S'adressant clairement à des spectateurs avides d'horreur, le résultat paraît assez morne voire même anodin dans un registre où d'autres sont déjà passés par-là avec beaucoup plus d'éclat. Le constat est donc que, de bout en bout, LIVE ANIMALS étale une médiocrité qui laisse bouche bée ! Il y a de quoi frémir d'avance en apprenant que le duo a le projet d'un film de loup-garou, lequel risque d'être une véritable horreur si les deux cinéastes abordent le sujet avec la même désinvolture…
Tourné en vidéo numérique, LIVE ANIMALS affiche une image pas franchement des plus jolies. Pas de quoi s'enfuir en hurlant, le transfert 16/9 ne fait que retranscrire le rendu vidéo. Le DVD propose quatre pistes audio, la version originale sous-titrée et le doublage français étant chacun décliné en deux formats. Vous aurez donc le choix entre la stéréo ou le Dolby Digital 5.1 quelle que soit la langue que vous choisirez d'écouter. Rien d'extraordinaire là dedans et ceux qui opteront pour le 5.1 n'auront d'ailleurs pas l'impression d'y gagner grand chose. En supplément, l'éditeur ne propose rien en dehors de quelques bandes-annonces qui s'affichent sans qu'on le demande à l'insertion du disque. A part ça, on pourra toujours s'amuser avec la jaquette où l'on peut lire «Dans la lignée de SAW et TIMBER FALLS, et inspiré de faits réels, LIVE ANIMALS s'inscrit dans la plus pure tradition des meilleurs torture porns». Il faut croire que notre DVD était défectueux puisque le LIVE ANIMALS que nous avons vu ne peut à aucun moment se placer au même niveau que SAW ou TIMBER FALLS… Deux métrages qui sont, au moins, véritablement pensés cinématographiquement parlant !