Pendant que des militaires font une bourde en tirant dans un container toxique, des agents d'Interpol récupèrent un dangereux prisonnier en Serbie pour son extradition. Cette mission routinière va devenir problématique lorsque le convoi sera interrompu par des morts bien vivants…
Filmé en Serbie, ZONE OF THE DEAD donne l'occasion à deux cinéastes d'emballer, en duo, leur premier long métrage. Milan Konjevic et Milan Todorovic portent leur projet depuis quelques temps déjà mais ils ne vont réussir à le concrétiser que grâce à l'apport de moyens en provenance d'Italie et d'Espagne. Si ZONE OF THE DEAD puise donc ses origines en Serbie, ses auteurs vont surtout piocher dans le cinéma américain. Ils multiplient les clins d'œil quitte à attribuer des noms de cinéastes à plusieurs de leurs personnages : (John ) Milius, (Tom) Savini, (Rob) Bottin… Les dialogues osent même une sorte de mise en abyme lorsque le personnage de Ken Foree est amené à réfuter la décision de se réfugier dans un centre commercial, arguant qu'il a déjà tenté. Tout cela pourrait être malin si ZONE OF THE DEAD se montrait lui-même ingénieux en dehors de ses futiles citations. Car, malheureusement, le métrage est une sorte d'assemblage entre les films de morts-vivants à la Romero dans lequel se seraient égarées quelques idées issues du ASSAUT de John Carpenter, principalement un dangereux prisonnier ténébreux qui va se mettre à collaborer avec ceux qui sont sensés le convoyer. De Romero et Carpenter, entre les deux, on peut même en arriver à se demander si les auteurs se sont inspirés de LAND OF THE DEAD ou bien de GHOSTS OF MARS pour leur mort-vivant en chef, haranguant ses troupes subalternes. ZONE OF THE DEAD ne provoque pas tellement la surprise avec un scénario assez convenu. Seules étrangetés, le film propose une intrigue parallèle avec un illuminé religieux adepte des moyens expéditifs et offre de faire des révélations surprenantes à propos de la catastrophe de Tchernobyl. Pas de quoi s'enthousiasmer outre mesure à propos du scénario alors qu'en dehors de quelques plans, le décor ne tire pas vraiment partie des particularités locales de la Serbie.
Le gros de l'équipe de ZONE OF THE DEAD est embauché parmi la main d'œuvre serbe que ce soit du côté des techniciens ou des comédiens. Le film étant tourné en langue anglaise, cela produit d'ailleurs des résultats assez étranges. Pendant les premières minutes, on peut avoir l'impression de regarder un film maladroitement doublé en anglais. Mais rapidement, on se rend compte que ce sont les comédiens qui déclament leurs textes sans grande conviction et en essayant d'articuler au mieux. Evidemment, comme souvent dans ces cas là, les têtes d'affiches ont été recrutées dans les pays anglo-saxons. Importés par charter, Kristina Klebe, Emilio Roso et Ken Foree vont donc assurer une affiche vaguement respectable. Car, soyons réaliste, les deux premiers sont plus ou moins inconnus et le troisième assure au mieux les "hommages" dans les films de Rob Zombie quant il ne trimballe pas sa gloire passée dans les conventions de fans. Ken Foree, comme d'autres, n'a clairement pas tellement le choix et cachetonne dans des projets assez miteux. C'est hélas le cas de ce ZONE OF THE DEAD dont le comédien n'en sort pas grandi, particulièrement lors de sa première scène à la prestation involontairement comique.
Avec ZONE OF THE DEAD, les deux réalisateurs ne font preuve d'aucune originalité mais, surtout, plantent leur métrage. Le plus souvent filmé caméra à l'épaule, l'image tremblote sans arrêt alors que le cadreur s'amuse avec le zoom. Il est à supposer que la technique est utilisée pour donner un sentiment d'urgence et pour dynamiser la mise en scène. En réalité, cela empêche surtout de voir clairement ce qui se déroule à l'écran. La lisibilité étant déjà mise à mal, le montage va terminer le travail en brouillant complètement toute analyse de l'action. Les échauffourées avec les morts-vivants sont assez vite peu compréhensibles, chacun semblant gesticuler, frapper ou flinguer dans son coin jusqu'au plan final où il sera possible de voir qui est encore debout. Ce choix très douteux d'une mise en scène inepte pourrait servir à camoufler des effets spéciaux ridicules. En réalité, les maquillages, lorsqu'on peut les apercevoir, ne sont pas honteux sans pour autant être exceptionnels. Mais ZONE OF THE DEAD peine à convaincre surtout en raison d'un rythme plutôt mou. Plusieurs passages dialogués semblent quelque peu inutiles et renforcent l'aspect bricolo d'un métrage qui a plus que du mal à camoufler son manque de moyens et de talent.
ZONE OF THE DEAD se paie une sortie en vidéo, au travers d'une édition DVD, sur le territoire français. SWIFT distribue ainsi une galette numérique où le film est proposé avec un transfert 16/9. Première constatation, si le film manque de punch, l'image manque de pèche. La grisaille de l'image affiche un contraste très mou. A croire que personne n'a pensé à étalonner correctement le métrage en post-production après le tournage en vidéo haute définition. A l'écran, cela donne l'impression d'avoir devant les yeux un métrage brut de décoffrage et produit avec des moyens télévisuels, sans aucun cachet «cinéma». En ce qui concerne la sonorisation, ce n'est pas non plus spécialement spectaculaire. Les pistes en Dolby Digital 5.1, pour la version originale sous-titrée et le doublage français, n'utilisent les canaux arrières que pour la musique et, de manière un peu aléatoire, en balançant quelques effets sonores. Certains petits bruits sont même parfois un peu curieux et s'avèrent plus perturbants que réellement immersifs. Le doublage aurait pu donner plus de vie aux acteurs s'exprimant dans une version très originale mais le résultat n'est pas tellement plus probant. De plus, la piste française semble un peu plus plate que son homologue étrangère. Enfin, il est à noter qu'une poignée de lignes de dialogues d'un seul personnage ne sont pas sous-titrée durant une séquence. Il est vrai que ce qu'il raconte n'est pas vraiment intéressant et peut être que le traducteur a jugé bon de faire l'impasse puisque, de toutes façons, une partie des dialogues est repris plusieurs minutes plus tard. Cela reste tout de même un défaut pour qui regardera le métrage en version originale sous-titrée.
Les suppléments ne sont pas développés mais on sent tout de même l'envie de l'éditeur de proposer quelque chose. Passons sur la bande-annonce pour nous intéresser à la biographie de Ken Foree, deux pages de textes très légères. Reste un «Dossier sur les zombies au cinéma» dont l'intitulé aurait tendance susciter pas mal d'attente. Malheureusement, le résultat semblera un peu curieux. Il s'agit d'un long texte qui défile doucement mais vous pouvez l'accélérer grâce à l'avance rapide de votre télécommande. Sensé être une analyse des zombies sur les écrans, on tombe surtout sur un texte qui a été pondu par un anonyme qui n'est semble t'il pas vraiment un spécialiste de la question. Occultant une grosse part de la filmographie des morts-vivants, des choix très arbitraires sont donc fait pour défricher la question. Histoire de s'affranchir, l'auteur se permet même en gros de dire qu'il serait impossible de réaliser une filmographie complète du genre alors qu'il existe pourtant des ouvrages, même en langue française, qui se sont justement attelés à cette tâche. Sans vouloir être exhaustif, l'idée de proposer une manière d'appréhender le genre en raccourci est tout de même louable mais la manière dont est structurée cette analyse pourra laisser très dubitatif. Particulièrement lorsque l'on tombe sur des informations erronées ou des contradictions. Enfin, il aurait peut être fallu qu'une personne s'intéresse à ce texte avant de le publier puisqu'il contient pas mal de fautes et de coquilles. Dommage mais, quelque part, c'est aussi un peu à l'image de ZONE OF THE DEAD.
