L'employé d'une grande société de surveillance pose sa démission sans donner aucune raison. Il se réveille assez vite en plein désert aux abords d'un village où on lui attribue le nom de numéro 6. Pour les habitants, rien ne semble exister en dehors du village…
De la même façon que le cinéma réchauffe des métrages plus anciens, la télévision cède aussi à la tentation de raviver certaines séries. Cela donne d'ailleurs, parfois, d'excellents résultats à l'image de BATTLESTAR GALACTICA ou bien de DOCTOR WHO, bien que dans ce dernier cas il s'agisse plus d'un prolongement que d'une nouvelle adaptation. Série devenue culte, il apparaissait très difficile de réinterpréter LE PRISONNIER et le projet va traîner un peu puisqu'il aura fallu environ quatre années avant que Granada ne concrétise sa production. Pendant un temps, Christopher Eccleston est pressenti pour tenir le rôle principal mais il sera finalement remplacé par Jim Caviezel qui a la dure tâche de succéder à Patrick McGoohan, créateur de la série originale. Le comédien n'aura pas à devoir supporter la comparaison avec son prédécesseur puisque cette nouvelle adaptation du PRISONNIER va accumuler tant de mauvais choix qu'il semble difficile d'en attribuer la cause aux acteurs. Au moins, cette nouvelle série a le mérite de se conclure au bout de six épisodes en offrant un épilogue quelque part assez réussi, soit cinq minutes qui mettent un terme à environ six heures d'ennui !
Produit à la fin des années 60, la série LE PRISONNIER suit l'étrange histoire d'un agent du gouvernement britannique qui se retrouve expédié dans un village suite à sa démission. Retenu prisonnier au sein d'une petite bourgade très bizarre et un peu trop accueillante, il devient le sujet de diverses manipulations dont le but est de lui arracher ses secrets. Chacun des épisodes instaure alors un jeu machiavélique entre le héros et ses divers adversaires dans un contexte où les individus sont déshumanisés et dans un climat paranoïaque sous haute surveillance. Les costumes, assez uniformisés, et le décor de la petite ville côtière de Portmeiron finissaient de donner un cachet pour le moins surréaliste à cette curiosité télévisuelle pour le moins unique. Les qualités de la série originale, les concepteurs de cette nouvelle mouture vont les foutre à la poubelle. Ainsi, le décor du village s'installe au beau milieu du désert et n'a pas vraiment une personnalité détonante. Il en va de même en ce qui concerne la communauté insolite du village qui est ici remplacée par des habitants à peu près normaux avec seulement une connotation très années 50. Au mieux, l'un des épisodes apporte l'idée que chacun des résidents du village peut avoir la tâche d'espionner ses voisins. Mais, à vrai dire, la plupart des intentions exprimées dans cette mini-série se perdent en cours de route pour mener directement au dernier épisode. D'ailleurs, la continuité entre chacune des six parties n'est pas vraiment une règle. Ainsi, la fin du premier épisode ne semble pas vraiment se raccorder avec le début du second. Evidemment, le choix du désert paraît logique une fois que tout est dévoilé lors de la dernière partie. Cet ultime épisode pourra d'ailleurs éventuellement sauver ce PRISONNIER auprès des spectateurs les plus indulgents. L'idée n'est, en tout cas, pas inintéressante et permet un retournement de situation. Il n'en reste pas moins que cet épilogue, au même titre que le reste, trahit pas mal le concept de la série originale et même, à un certain niveau, son propre point de départ.
Avant d'atteindre le dernier épisode, il faudra donc suivre les errances du personnage principal au sein d'un village dirigé par l'omnipotent numéro 2 interprété par Ian McKellen. Comme dans LE PRISONNIER original, cette mini-série conserve, bien évidemment, la dénomination des individus par un numéro. Toutefois, cet anonymat ne sert clairement pas les mêmes objectifs et on pourrait même le ranger au niveau des allusions à la série des années 60 qui pullulent, souvent très gratuitement, au sein de cette mouture datant de 2009. On nous ressert donc quelques-unes des réparties les plus connues, un personnage est habillé avec les mêmes vêtements que ceux des villageois de la série originale, Ian McKellen fixe quelques secondes un vélocipède emblématique accroché au plafond d'un bar… De nombreuses références sont ainsi disséminées dans les épisodes et viennent surtout rappeler à quel point le charme et le surréalisme de la série originale font défaut à cette nouvelle adaptation. Tout cela pourrait s'oublier si le déroulement n'était pas aussi peu palpitant et ne sombrait pas dans un spectacle d'une grande morosité. Espérons néanmoins que cet essai peu probant ne mettra pas un frein au projet d'adaptation cinématographique sur lequel plancherait Christopher Nolan, un cinéaste certainement plus à même de réinventer LE PRISONNIER. Finissons sur une note positive, la musique de Rupert Gregson-Williams est peut être l'un des rares bons points de cette nouvelle mini-série.
Studio Canal sort la version 2009 du PRISONNIER en vidéo tout en le diffusant, en parallèle, sur la chaîne cryptée Canal+. Les six épisodes sont répartis sur trois DVD, deux par deux. Et l'interactivité se limitera au chapitrage et au choix de la langue. Il est donc possible de choisir entre des pistes Dolby Digital 5.1 pour la version originale anglaise ou bien le doublage français. La piste francophone est aussi proposée en stéréo pour ceux qui n'ont pas un ampli à même de tirer parti du 5.1. Pour autant, les mixages 5.1 ne sont pas spécialement spectaculaires, pas honteux mais pas non plus exceptionnels. L'image quant à elle est d'honnête facture et propose de voir les épisodes dans leur format d'origine avec des transferts 16/9. Aucun supplément n'est proposé alors que l'édition américaine à sortir quelques semaines après propose plus de trois heures de bonus (commentaires audio, interviews, scènes coupées…).