Header Critique : SHERLOCK HOLMES

Critique du film
SHERLOCK HOLMES 2009

 

Sherlock Holmes et le Docteur Watson réussissent à déjouer les plans de Lord Blackwood alors que ce dernier est sur le point de perpétrer un sacrifice humain. Emprisonné, le sinistre personnage attend son exécution alors que Sherlock Holmes sombre dans la dépression en raison de l'inactivité.

A l'origine producteur, Lionel Wigram décide de rendre hommage au personnage emblématique d'Arthur Conan Doyle en proposant sa propre adaptation de Sherlock Holmes. Pourtant, le détective britannique a déjà derrière lui une impressionnante filmographie de longs métrages pour le cinéma, de téléfilms mais aussi de séries télévisées. Mais Lionel Wigram n'a pas dans l'idée de proposer une nouvelle version classique du fameux personnage tel qu'il a pu être représenté jusqu'ici. Et pour matérialiser son idée, mais aussi convaincre un studio de produire son adaptation de Sherlock Holmes, il va même jusqu'à réaliser une bande dessinée qui sera illustrée par John Watkiss. Cette révision de l'œuvre d'Arthur Conan Doyle se voit au préalable confiée au réalisateur Neil Marshall. Un cinéaste anglais dont les œuvres paraissent bien éloignée de toutes les adaptations existantes de Sherlock Holmes. Bien vite, il sera remplacé et la production semble privilégier une vision britannique pour son SHERLOCK HOLMES en confiant les rênes du métrage à Guy Ritchie. Tout comme Neil Marshall, les films précédents du réalisateur anglais n'ont pas grand chose à voir avec un spectacle en costumes puisqu'il s'est essentiellement illustré jusque là dans des histoires de gangsters très contemporaines.

Bien que l'idée soit louable de retourner aux sources des écrits d'Arthur Conan Doyle de façon à présenter des personnages moins rigides qu'à l'accoutumée, SHERLOCK HOLMES pèche par excès de zèle. En effet, le film appuie lourdement sur certains des aspects des personnages qui n'avaient pas vraiment été mis en avant jusque là. A un tel point que le métrage donne l'impression de s'égarer tout en ne gardant pas l'équilibre entre l'intellect et le physique de son héros. Par exemple, à force de nous démontrer les capacités martiales de Sherlock Holmes et de son acolyte, le film cumule les affrontements musclés quitte à filmer une séquence un peu inutile de «free fight». Assez vite, il apparaît évident que ce SHERLOCK HOLMES va se poser dans un registre spectaculaire dans la lignée des «blockbusters» hollywoodiens. Par deux fois, par exemple, on nous expose de manière plutôt réussie le raisonnement d'un Sherlock Holmes avant d'appréhender un adversaire et le mettre hors de combat. Ce type d'exercice va hélas tendre à se raréfier au fur et à mesure que le film avance et, surtout, ne sera jamais vraiment appliqué de manière aussi réussie lors des déductions liées directement à l'enquête. On trouve bien une sorte de retour en arrière lors d'une filature mais le résultat s'avère, à ce niveau là, bien maladroit en nous expliquant ce qui paraît des plus évidents. Passé la mise en place de ses personnages et de l'intrigue, SHERLOCK HOLMES va petit à petit se mettre sur des rails étrangement classiques, non pas dans le registre de Sherlock Holmes mais plutôt du cinéma d'action. C'est d'autant plus malheureux que SHERLOCK HOLMES, le film, fonctionne de manière plus satisfaisante lors de passages moins énervés. Evidemment, on pourra trouver un peu curieux la relation du duo formé par Sherlock Holmes et le Docteur Watson. Le type d'aventures et l'époque à laquelle prend place l'action renvoie l'image d'un autre couple, celui des MYSTERES DE L'OUEST à qui l'ont prêtait des liens homosexuels. L'aspect possessif d'Holmes pour son partenaire donne, ainsi, pas mal l'impression qu'il n'existe pas qu'un simple sentiment de camaraderie entre les deux hommes. Pourquoi pas ! Cela donne d'ailleurs lieux à quelques scènes plutôt réussies comme l'affrontement verbal du célèbre détective, lors d'un dîner, avec une jeune femme qui pourrait être menée à lui ravir son compagnon. Le traitement du film risque aussi de déstabiliser les puristes en jouant par endroit avec un second degré dont Sherlock Holmes fait un peu les frais. Il sera toujours possible de se rattraper sur diverses références aux écrits de Arthur Conan Doyle qui s'invitent aux détours d'éléments ou personnages célèbres. Enfin, il faut appuyer sur l'intrigue qui, au final, paraît un peu décevante au regard des moyens mis en œuvre. La résolution de l'enquête ne donne pas non plus l'impression d'être décortiquée avec minutie mais plutôt expédiée de la même façon que le vilain de service. Ce SHERLOCK HOLMES expose donc beaucoup ses muscles et reste très modeste dans sa manière de démontrer à l'écran ses légendaires capacités de déductions.

Si l'on met un peu de côté les éventuelles attentes concernant le titre du film, SHERLOCK HOLMES offre tout de même une belle reconstitution du XIXème siècle à grands renforts de décors, costumes et autres images de synthèses venant parfaire la reproduction des monuments et paysages. A cet effet, les différents comédiens principaux s'en donnent à cœur joie avec en tête Robert Downey Jr. qui retrouve ici un accent british qu'il avait travaillé auparavant sur le CHAPLIN de Richard Attenborough. De son côté, Jude Law campe un très atypique Docteur Watson alors que Mark Strong incarne un ténébreux et inquiétant adversaire. Ce dernier tire ainsi le film vers le «Fantastique» en usant de magie noire au sein d'une intrigue où l'on croise une mystérieuse société secrète. Sans faire preuve d'une débordante originalité, le spectacle s'avère donc plutôt sympathique pour peu que l'on ne soit pas trop critique à l'encontre de certaines réparties qui donnent l'impression de sortir tout droit d'un James Bond avec Roger Moore. D'ailleurs, le film prépare le terrain à une ou plusieurs suites en tissant l'entrée en scène du plus célèbre adversaire de Sherlock Holmes.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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