La gestation de TOTAL RECALL est douloureuse. Entre l'écriture
du premier scénario par Dan
O'Bannon et Ronald
Shusett, il s'écoule pas mal d'années durant lesquelles différents
réalisateurs planchent sur le sujet. Avec pour commencer David
Cronenberg qui verrait bien William
Hurt ou Richard
Dreyfuss dans le rôle principal. Il passe d'ailleurs un an à travailler
sur le projet et réécrit une part du scénario. Le bilan ? Sa version
du scénario est jugée trop Philip
K. Dick et il abandonne le navire. Ironique, dans le sens où TOTAL
RECALL est basée sur une nouvelle de Philip
K. Dick. Se succèdent encore d'autres réalisateurs dont Bruce
Beresford qui au moment de commencer le tournage, avec Patrick
Swayze dans le rôle principal, est contraint d'arrêter faute d'argent.
Finalement, c'est Arnold
Schwarzenegger, auquel le sujet tient très à coeur depuis qu'il
a lu le script, qui va convaincre Carolco de racheter les droits et
de produire le film avec lui-même en tête d'affiche. Limite s'il ne
produit pas le film, tant l'acteur est présent durant les différentes
étapes de mise en place du projet, jusqu'à contacter Paul
Verhoeven dont il a apprécié ROBOCOP.
Le réalisateur emballé lâche le film qu'il préparait pour s'occuper
de TOTAL RECALL. Il jette au panier tout le travail de conception
réalisé par l'équipe de Bruce
Beresford et reprend tout à zéro. A l'arrivée, un film musclé mais
pas décérébré qui s'avère être le parfait véhicule pour Arnold
Schwarzenegger.
Nous avions déjà abordé le film lors de notre critique du premier DVD américain. L'une des toutes premières critiques du site où vous pourrez retrouver quelques photos du film.
La part la plus attrayante de TOTAL RECALL est de pouvoir être appréhendé à deux niveaux. D'un côté un aspect purement bourrin où le personnage principal décanille ses opposants en leur éclatant le nez ou en les arrosant copieusement de plombs. A ce niveau-là, le troisième film hollywoodien de Paul Verhoeven fait dans une violence pour le moins brutale et sanglante. Plutôt rare dans un film de ce style à l'époque. Le réalisateur a d'ailleurs eu maille à partir avec la censure américaine. Une fois de plus... Ainsi, la fusillade dans l'escalator était bien plus sanglante (?) tout comme la séquence où "thumbelina", la naine du Last Resort, plante son couteau dans le ventre du bras droit de Richter. Action pure et dure pour un résultat vraiment jouissif ! Etrangement, le film fût très bien accueilli par le public féminin.
L'autre versant de TOTAL RECALL, c'est l'exploration du réel et du virtuel. Est-ce que l'histoire est vraie ? Toutes les interprétations sont permises. Le réalisateur ayant fait en sorte de donner tous les éléments pour ouvrir le débat. Le film se finit de manière optimiste tout en posant la question. A vous de voir. Pour notre part, il nous paraît quand même évident que le pauvre Quaid est bon pour la lobotomie. La plupart des indices se retrouvent dans la visite à Rekall (ciel bleu sur Mars, le visage de Mélina sur le moniteur tout comme le réacteur, etc...).
Aux débuts du DVD, Live Entertainment avait sorti aux Etats-Unis sa version de TOTAL RECALL. Même s'il s'agissait d'un transfert non anamorphique (pas 16/9), l'image était vraiment jolie. A l'époque, nous étions pas mal à utiliser ce disque histoire de faire basculer les réfractaires dans l'achat d'un lecteur de DVD. Le rouge, couleur dominante du film, était stable alors qu'auparavant, sur les Laserdiscs et cassettes vidéos, cette couleur posait pas mal de problèmes. De quoi prouver la supériorité du nouveau support numérique. Ils avaient même créé une bande-son Dolby Digital 5.1 avec les éléments d'origine à l'époque. Depuis, quatre années ont passé et la qualité des disques s'est encore améliorée. D'où la ressortie d'une nouvelle édition comprenant enfin autre chose que les bandes-annonces et les filmographies !