Bien que naturelle et flamboyante, la réserve de l'Orbit Park n'en demeure pas moins sauvage et dangereuse. En effet, si les lapins ne posent guère de problèmes, il semble en revanche que ce ne soit pas le cas des tigres dont les attaques létales se multiplient… Voilà qui alerte naturellement Krish et Riya, tous les deux scientifiques employés par le National Geographic. Le temps de calmer un boa constrictor à mains nues et de faire ses valises, Krish embarque donc Riya sous son bras musculeux et se rend sur les lieux des drames. Bien vite, leur route va croiser celle de Dev, Ishika, Vishal et Sajjid, touristes venus tester leur 4x4 rutilant. Malheureusement, l'ambiance n'est pas à la fête et notre petit groupe va se trouver confronté à une nature de plus en plus hostile…
Assistant du réalisateur sur FANTÔMES en 2003, Soham Shah entend bien capitaliser sur ce succès afin de passer rapidement à la vitesse supérieure. C'est ainsi qu'il rédige le scénario de KAAL et entreprend de se charger lui-même de la mise en boite. Pour cela, le bonhomme s'assure le concours du producteur à succès Karan Johar mais aussi de l'acteur prestigieux Shahrukh Khan. Si ce dernier officie ici en tant que producteur, il faut toutefois noter qu'il donne également de sa personne en réalisant l'unique prestation dansée du métrage (outre le générique de fin). SRK, comme on le surnomme, ondule donc dès les premières minutes en compagnie de la belle Malaika Arora sur un air intitulé « Kaal Dhamaal ». D'un goût plus que douteux, ce clip d'introduction fait la part belle au cuir et aux tee-shirts moulants pailletés, tout cela sans offrir le moindre rapport apparent avec le KAAL dont il est question ! Si la présence de SRK est donc loin d'être déterminante pour le déroulement du métrage, elle l'est en revanche sur le plan commercial. Le clip sera en effet largement diffusé avant la sortie du film et la promotion sera bien évidement axée sur l'« implication » de la méga-Star…
Si l'aspect marketing est donc parfaitement huilé, il n'en sera pas vraiment de même des mécaniques du métrage. Ainsi et dès les premières minutes, Soham Shah commet l'erreur de verser dans la caricature d'un Bis outrancier plutôt risible. A une attaque de tigre en vue suggestive infra-verte (!) succèdera donc une altercation entre l'acteur John Abraham (BAABUL, WATER, DHOOM…) et un gros serpent câlin. A en juger par la qualité et la crédibilité de la séquence, filmée au ralenti et dans l'herbe humide, on pourrait aisément croire en un hommage à feu-Andrew Sidaris… Mais il n'en est malheureusement rien. Soham Shah est en réalité très sérieux derrière sa caméra et il le sera tout autant lorsqu'il filmera ses actrices hystériques agitant les mains ou ses personnages aux réactions insensées. Ajoutons à cela des dialogues souvent stupides et nous aurons ainsi un pot-pourri relativement exhaustif des bévues polluant le métrage.
Ce constat s'avère d'autant plus regrettable qu'au-delà de ces indiscutables défauts, KAAL propose en réalité quelques idées des plus sympathiques. La première est de débuter à la manière d'un film d'« animaux tueurs » classique pour vite embrayer sur quelque chose de plus « complexe » et de mieux écrit. Le spectateur sera donc assez surpris de constater que l'inspiration est ailleurs et que la trame nous mènera habilement sur les traces de la saga DESTINATION FINALE. Nous noterons au passage que l'une des mises à mort est intégralement reprise du second opus de la saga… Malgré d'évidents emprunts donc, difficile de parler de « copie » tant le réalisateur indien parvient ici à apposer sa griffe. La Mort telle qu'inventée par James Wong sera ainsi remplacée par une Mère Nature déchaînée et revancharde. En faisant cela, Soham Shah tire parti des richesses de son pays et nous offre au passage un véritable dépaysement sur pellicule.
Car l'une des autres qualités de KAAL est en effet d'exploiter au mieux son magnifique décor naturel, le parc Jim Corbett situé dans l'Etat de Uttarakhand (Nord de l'Inde) et d'une superficie de 13000km2. La photographie est de qualité et les étendues traversées émerveillent le jour autant qu'elles effraient la nuit. De nombreux animaux croiseront le regard de la caméra et quelques séquences se montreront même particulièrement surprenantes. Ce sera le cas de l'arrivée de l'acteur Ajay Devgan, lequel déboule calmement alors que les héros sont encerclés (de très près) par de véritables tigres. L'un d'eux ira même jusqu'à donner quelques coups de crocs dans l'arrière du 4x4 au sein duquel se trouve l'adorable Lara Dutta ! Nulles craintes à avoir cependant puisque la production s'est offerte les talents de Randy Miller, dresseur des tigres de GLADIATOR, DEUX FRERES ou LE DERNIER SAMOURAÏ, réalisant ici un rapide caméo…
KAAL apporte donc son lot d'images étonnantes, faisant par instant presque oublier le surjeu de certains acteurs et leur attitude plus poseuse encore que dans la moyenne des productions Bollywoodiennes. Si Ajay Devgan et Vivek Oberoi tirent relativement bien leur épingle du jeu, il n'en sera pas de même de Esha Deol (la Tori Spelling locale) qui, prise d'une soif incontrôlable, finira ces jours en compagnie de Sadako au fond du puits de RING ! Puisque nous abordons le registre de l'horreur, précisons que celle-ci se veut assez familliale et que les excès gores sont inexistants, à l'exception d'un plan dédié à des vautours…
Très inégal donc, KAAL est un spectacle horrifique gentillet mais bien souvent maladroit. L'inexpérience de Soham Shah en est sans doute l'une des raisons mais elle ne saurait justifier à elle seule les différents soucis mis en lumière. Le réalisateur aura du reste du mal à s'en remettre puisqu'il ne re-réalisera que quatre ans plus tard, pour les besoin d'un LUCK là encore scénarisé par ses soins…
KAAL peut être découvert grâce à l'éditeur international Yash Ray Films Home Entertainment et plus particulièrement à sa filière britannique. Cette édition, la plus complète qui soit pour ce film, peut aisément être reconnue grâce à sa jaquette argentée, plutôt jolie.
Le film nous est proposé dans son ratio d'origine 2.35 via un encodage 16/9ème manquant par instant de discrétion. La définition est en effet correcte et les couleurs magnifiques, mais nous noterons tout de même quelques à-plats ainsi qu'une poignée de défauts de pellicule. Rien de dramatique cependant, le rendu étant globalement assez plaisant.
Sur le plan sonore, nous aurons bien évidemment droit à la piste originale Hindi via un mixage Dolby Digital 5.1 de qualité. La dynamique est bonne et la spatialisation très satisfaisante. Les dialogues sont clairs, la bande originale parfaitement rendue et les différents effets finement restitués. Cette piste unique se voit secondée par des sous-titrages en espagnol, arabe et anglais.
Sur le plan éditorial, notre n'aurons pas de quoi nous plaindre non plus puisque l'éditeur nous offre en premier lieu la version intégrale des trois clips du film. Or si vous avez bien suivi cette chronique, vous savez que le métrage n'en comporte que deux ! Le troisième est donc sans surprise un clip réalisé pour la promotion du film, permettant de se familiariser avec le casting masculin aussi bien que féminin. Mises bout à bout, ces trois performances chantées et dansées atteignent presque le quart d'heure et nous ne pourrons que regretter qu'elles n'aient eu droit qu'à un simple encodage stéréo.
Le disque nous propose par ailleurs un making-of d'une bonne vingtaine de minutes. Nous n'apprendrons malheureusement pas grand chose et comme c'est bien souvent le cas, les acteurs ne prennent la parole que pour paraphraser leur personnage. Ce documentaire est en outre constitué aux deux tiers d'images du film, réduisant d'autant son intérêt... Dès lors, il semble évident que le charmant minois de Lara Dutta est la seule bonne raison qui puisse pousser à un visionnage complet de ce making-of !
Terminons le tour de cette édition en évoquant la présence de la bande promo télévisuelle du film, laquelle fait honteusement la part belle à Shahrukh Khan. La bande annonce cinéma se montre plus honnête en restituant assez rapidement les défauts et les qualités du métrage. En plus de cela, il vous sera possible de déguster au lancement du disque les bandes annonces du très bon VEER-ZAARA, du magnifique BLACK et du très divertissant BUNTY AUR BABLI. En bref, trois films à voir ou revoir !