La ville de Port Gamble est une petite bourgade américaine où il fait bon vivre. Ou presque. Frida (Janette Armand) est une jeune femme d'origine iranienne qui ne cesse d'être victime d'un racisme attisé par le 11 septembre. Quant à Tom et Lance (Doug Fahl et Cooper Hopkins), ils sont un couple gay s'inquiétant de se faire tolérer par des habitants aux mœurs rétrogrades. C'est alors qu'une invasion de zombies totalement impromptue va obliger les uns et les autres à collaborer quoiqu'il arrive.
Les amateurs de bandes-dessinées américaines connaissent sûrement ZMD : Zombies of Mass Destruction, une série en six épisodes écrites par Kevin Grevioux (auteur de l'histoire d'UNDERWORLD de Len Wiseman et acteur dans ce dernier). Le comics raconte comment l'armée américaine parvient à créer des morts-vivants «photosensibles», capables d'attaquer l'ennemi la nuit et de se désintégrer à l'arrivée des rayons du soleil. Bien entendu, ce programme d'armement révolutionnaire ne fonctionnera pas comme prévu. Ce pitch alléchant, il n'en sera pourtant aucunement question dans le film ZMD : ZOMBIES OF MASS DESTRUCTION. Ce métrage indépendant, premier essai d'un certain Kevin Hamedani, ne fait qu'emprunter le titre choc de la bande-dessinée pour nous concocter une toute autre cuisine.
ZMD : ZOMBIES OF MASS DESTRUCTION est ce que l'on pourrait appeler une «zombie-comédie», un sous genre jonglant avec les extrêmes, engendré par la réussite de l'anglais SHAUN OF THE DEAD d'Edgar Wright. Dernièrement, le succès commercial de BIENVENUE A ZOMBIELAND de Ruben Fleischer n'a fait que populariser ce mélange entre gore, action et comédie. Porté par l'héritage de George Romero, ZMD : ZOMBIES OF MASS DESTRUCTION a pourtant à cœur de convoyer autre chose que des éclaboussures de sang et des éclats de rire. Le film se veut porteur d'un «message» lié aux minorités. Le réalisateur, d'origine iranienne, reporte toute l'agressivité ethnique dont il a été la victime sur Frida, l'héroïne du film. Tiraillée entre un père iranien fermé sur lui-même et une population américaine stupide l'accusant de connexion «génétique» avec le terrorisme, Frida ne saura plus où est le vrai danger : son entourage ou les zombies. La problématique est similaire avec le couple gay, qui devra survivre autant à l'invasion de morts-vivants qu'à la dictature ultra-catholique du prêtre du village (et inventeur d'un système destiné à les «guérir»).
Mais ne tergiversons pas trop sur le «message», bien venu certes, mais faisant plutôt office de cerise sur un gâteau destiné avant tout à nous amuser. Si la mise en place du film est un peu longue, la narration décolle dès que l'invasion commence. Une invasion qui arrive d'ailleurs extrêmement brutalement dans le film, lorsque Frida est en rendez-vous amoureux avec un petit ami. Toujours en hommage à Romero, ZMD : ZOMBIES OF MASS DESTRUCTION met en scène des zombies à la démarche lente et ne lésine pas sur le gore outrancier. L'horreur est si graphique qu'elle en devient d'ailleurs source de rire, comme lorsqu'un personnage se fait littéralement arracher le visage encore vivant. On pense aussi beaucoup à SHAUN OF THE DEAD lorsque les quiproquos s'invitent tandis que l'invasion n'est pas encore bien comprise par certains personnages. La meilleure scène du film arrive lorsque Tom va faire son coming out à sa mère en compagnie de Lance. Tandis que Tom crache très difficilement le morceau, la mère mute simultanément en zombie. Devant l'attitude étrange et baveuse de cette dernière, les deux hommes penseront qu'elle fait un malaise suite au choc de la nouvelle. Cette scène, bien plus riche que cette succincte description, est absolument savoureuse et mérite à elle seule la vision du film.
ZMD : ZOMBIES OF MASS DESTRUCTION est une réussite très sympa du cinéma indépendant américain qui ravira ceux qui voient le cinéma d'horreur aussi comme une source de détente et d'amusement. Bien écrit, bénéficiant d'acteurs convaincants, d'une très belle photographie et d'effets spéciaux hauts de gammes, ZMD : ZOMBIES OF MASS DESTRUCTION nous offre le meilleur de son maigre budget. Un rendu d'une qualité d'ailleurs très étonnante pour un film de ce calibre. Par contre, comme souvent avec le cinéma indépendant à tout petit budget, le métrage ne tient pas toujours la distance et s'essouffle à quelques reprises. Il faudra donc être capable de passer outre les baisses de rythme pour profiter pleinement de ce film aussi fun qu'intelligent. Présenté avec succès dans de nombreux festivals fantastiques, ZMD : ZOMBIES OF MASS DESTRUCTION attend toujours une diffusion à plus grande échelle. Par chez nous, il ferait un excellent Direct to Video en attendant la suite de BIENVENUE A ZOMBIELAND.