Une ville est victime d'un tueur masqué qui s'infiltre chez les femmes seules pour les tuer sauvagement. En parallèle, une jeune femme est prise en stop au milieu de la nuit. Elle fait la connaissance d'un homme aimable mais aussi très étrange.
IL GATTO DAL VISO D'UOMO (littéralement : «le chat au visage d'homme») est le deuxième court-métrage du Toulousain Marc Dray. Ou plus exactement, ce film devait être le deuxième court du cinéaste. Développant toujours plus son histoire durant sa phase de production, Marc Dray nous propose finalement un moyen-métrage de près de 45 minutes. IL GATTO DAL VISO D'UOMO est bien entendu une plongée sans retenue dans les giallos des années 70 avec en ligne de mire la trilogie des animaux de Dario Argento.
Un giallo à Toulouse ? Il faut quand même oser ! La grande réussite de IL GATTO DAL VISO D'UOMO est sa capacité à recréer l'univers du giallo sans jamais le caricaturer. Le spectateur n'a ainsi jamais l'impression d'assister à un spectacle complaisant bricolé par un fanboy sans imagination. Par on ne sait quel miracle, Marc Dray et son équipe parviennent à nous donner l'impression d'avoir remonté le temps pour nous offrir un «vrai» giallo avec une intrigue solide et une interprétation convaincante. La direction artistique est extrêmement travaillée et la photographie, en vidéo HD, joue énormément le contraste et les couleurs. On retient notamment ce superbe plan où le tueur masqué, habillé de cuir noir, se met à jouer avec une souris blanche posée dans le creux de sa main.
Qui dit giallo, dit meurtres aussi brutaux que raffinés. IL GATTO DAL VISO D'UOMO s'acquitte de généreuses séquences à l'arme blanche dont un impressionnant assassinat derrière des baies vitrées en haut d'un immeuble. Une scène qui n'est pas sans rappeler la mort de Macha Meril lors de l'ouverture des FRISSONS DE L'ANGOISSE d'Argento. Dernier élément clef de la «reconstitution», la musique du film qui nous propose, là encore, un agréable voyage dans le temps. La bande-son assume parfaitement son côté volontairement daté et nous martèle une ritournelle capable de squatter notre cerveau bien après le visionnage.
IL GATTO DAL VISO D'UOMO n'est pourtant pas qu'un exercice de style vintage. Grand amoureux du cinéma de David Lynch, Marc Dray a l'idée incongrue de mélanger petit à petit des éléments bizarres et oniriques le long de sa narration. L'idée, salutaire, permet d'éviter le côté «enquête de police» pour mieux plonger dans la psyché torturée des protagonistes. L'idée est forte et très intéressante. Mais c'est aussi le bémol du film. Ce glissage d'univers n'a pas tout à fait le temps de bien s'installer dans les 43 (petites) minutes du film. Le spectateur, encore sur les rails du film de giallo, n'a pas le réflexe de switcher immédiatement vers la sensation et l'analytique. Ceci pouvant provoquer quelques confusions par rapport au final du film. L'idée n'en reste pas moins excellente et l'on a hâte de la voir encore mieux développée dans les futures réalisations de Marc Dray.
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