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Critique du film
SAMURAI PRINCESS 2009

 

Au Japon, dans une époque indéterminée (mixant allégrement ambiance féodale et délires contemporains), des êtres «androïdes» sèment la terreur. Une jeune femme, violée et tuée par ces derniers, va ressusciter des mains d'un savant fou en poupée SM et high-tech. Ca va chier !

A peine remis du très amusant VAMPIRE GIRL VERSUS FRANKENSTEIN GIRL, nous voilà face à SAMURAI PRINCESS, le nouveau délire japonais issu de cette mode ultra-gore et cartoon popularisée par THE MACHINE GIRL et son écolière armée d'une mitrailleuse à la place du bras. Bien entendu, c'est toujours la superstar des maquillages Yoshihiro Nishimura qui s'occupe du show en nous réservant de nouvelles créations aussi trash que barzingues. Le film est quant à lui réalisé par Kengo Kaji, scénariste de TOKYO GORE POLICE du même Nishimura. On reste donc entre amis avec la promesse d'une réelle continuité. Le rôle principal est confié à la jeune Aino Kishi, comédienne débutante dans le cinéma «traditionnel» et qui s'était spécialisée jusqu'alors dans la pornographie.

Film vidéo sans un sou, SAMURAI PRINCESS n'a aucune autre ambition que de nous divertir sur sa faible durée de 80 minutes. A l'instar des THE MACHINE GIRL et autre VAMPIRE GIRL VS FRANKENSTEIN GIRL, le film s'ouvre sur une empoignade délirante faisant le grand écart entre le manga live tordu et le gore le plus outrancier. Les effets de Nishimura se suivent de film en film et se ressemblent malheureusement un peu, comme cet effet de squelette projeté d'un seul coup hors d'un corps, effet déjà vu dans VAMPIRE GIRL VS FRANKENSTEIN GIRL par exemple. SAMURAI PRINCESS ne vaut pourtant que pour ses scènes d'action et ses idées complètement dingues (comme lorsque l'héroïne «démonte» ses seins et les assemble pour créer une grenade surpuissante). Si l'on prend toujours un plaisir déraisonnable à visionner ces scènes de bagarres drôles et régressives, force est de constater que SAMURAI PRINCESS commence à lasser en reproduisant à la lettre une recette montrant des signes d'essoufflement.

TOKYO GORE POLICE était un spectacle fou et baroque sur la métamorphose des chairs. VAMPIRE GIRL VS FRANKENSTEIN GIRL cachait derrière ses hectolitres de sang une bluette touchante sous l'influence de Naoyuki Tomomatsu, réalisateur du génial STACY. SAMOURAI PRINCESS fait quant à lui profil bas et ne va pas une seconde au delà de son concept reposant sur un gore qui ne nous surprend plus. On peine à s'intéresser à cette histoire d'androïdes cachant mal un schéma de film de vengeance prétexte à l'action. La seule véritable originalité du métrage est de nous proposer un univers mixant le film de sabre à la BABY CART et des détails modernes. Les personnages communiquent par téléphone portable et utilisent volontiers tronçonneuses et autres scies motorisées dans les duels. Le side-kick de l'héroïne se bat de son côté avec une guitare électrique (sans ampli) diffusant des sons surpuissants capables de faire basculer l'issue d'un combat. Que les fans de Aino Kishi se rassurent, le film ne les oublie pas en leur offrant une scène d'amour aussi poussée qu'effroyablement gratuite.

Hormis l'initiative anachronique, c'est la routine du «néo-gore» japonais. SAMURAI PRINCESS mise tout sur les deux scènes d'actions ouvrant et fermant le film, scènes qui ont visiblement concentré tous les efforts et le gros du budget. Entre ces deux extrémités, le métrage accuse les ventres mous de son histoire sans intérêt. On ne se rattrapera pas sur le visuel du film, extrêmement fauché. Bien que le métrage assume son côté cheap, on se lasse vite de la forêt comme seul et unique décor. SAMURAI PRINCESS est donc à conseiller aux néophytes des films de Nishimura, les seuls spectateurs qui seront capables de profiter des éclairs de folie du métrage sans être tentés de faire la comparaison avec les précédentes réussites du maquilleur japonais.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
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