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Critique du film
DEADTIME STORIES 2009

 

Trois histoires courtes, présentées par le réalisateur George A. Romero, s'enchaînent dans DEADTIME STORIES sans lien particulier. The Gorge narre l'expédition spéléologique catastrophique de trois jeunes qui devront s'entre-dévorer pour survivre. On Sabbath Hill met en scène un professeur d'université en plein adultère avec l'une de ses étudiantes. Lorsque cette dernière lui avoue qu'elle est enceinte, le professeur lui colle une pression psychologique si intense qu'elle finira par se suicider en pleine classe. Dès lors, son fantôme ne cessera d'hanter son ancien amant. Enfin, Dust fait référence à de la poussière du sol Martien ayant des propriétés curatives hors norme. Un agent de sécurité en dérobe au laboratoire où il travaille pour soigner sa femme atteinte d'un cancer. Le procédé fonctionne mais il va provoquer tout une série d'effets indésirables.

George A. Romero, l'homme derrière la saga de morts-vivants la plus célèbre et la plus appréciée des cinéphiles, prête aujourd'hui son nom à une nouvelle anthologie fantastique. Ce n'est pas la première fois que Romero touche à l'architecture du format court ou du film à sketchs. En 1982, il réalise le fameux CREEPSHOW autour de cinq histoires signées de la main de Stephen King. Quelques années plus tard, il sera producteur exécutif sur la série TALES FROM THE DARKSIDE (HISTOIRES DE L'AUTRE MONDE lors de sa diffusion télé française), série qui permettra notamment de faire débuter Tom Savini en tant que réalisateur. Après avoir travaillé sur le scénario de CREEPSHOW 2 sans toutefois le mettre en scène, Romero signera en 90 l'histoire courte Cat From Hell du long-métrage TALES FROM THE DARKSIDE (DARKSIDE, LES CONTES DE LA NUIT NOIRE chez nous) réalisé par son ami et complice John Harrisson (connu pour avoir signé les musiques de CREEPSHOW ou encore le JOUR DES MORTS-VIVANTS). Enfin, l'année précédente, Romero s'associera à Dario Argento pour DEUX YEUX MALEFIQUES, les deux cinéastes se partageant une moitié du métrage pour y développer chacun une histoire d'Edgar Allan Poe.

DEADTIME STORIES se veut comme un retour à ces "titres de gloire". George A. Romero et sa femme y tiennent le poste de producteurs exécutifs tandis que le cinéaste apparaît à l'écran en tant que personnage fil rouge nous faisant passer d'une histoire à l'autre. Si on se souvient de John Carpenter cabotinant en zombie pour un rôle similaire dans l'anthologie BODY BAGS, il ne faudra pas s'attendre ici à des merveilles. Romero est filmé en vidéo dans un salon en train de lire de manière plus ou moins convaincante les quelques lignes qu'il tient dans la main. Pour camoufler l'amateurisme des images, ces dernières sont incrustées dans un habillage fait d'une pyramide de télévisions. Le lièvre est définitivement levé lors des premières minutes extrêmement fauchées du premier sketch : DEADTIME STORIES est une arnaque ! Le nom et les apparitions de Romero ne sont là que pour noyer le poisson d'un produit particulièrement bas de gamme signé par des débutants sans talent.

La première histoire, sûrement la plus médiocre, est un pompage outrancier de THE DESCENT mixé avec LES SURVIVANTS de Frank Marshall (qui racontait l'histoire vraie de rescapés d'un crash d'avion obligés de se nourrir de cadavres). Passons sur les comédiens approximatifs et l'écriture particulièrement pauvre pour nous arrêter sur l'image qui, grotte sombre oblige, n'hésite pas à nous plonger totalement dans le noir complet pendant de longues minutes. Incroyable ! Hommage à Romero oblige, les séquences où nos héros sont acculés à se nourrir d'un cadavre sont dirigées de la même manière que les scènes d'anthropophagie du JOUR DES MORTS-VIVANTS. Un parti pris d'une profonde stupidité, alors que la scène précédente les montraient en pleurs à l'idée d'ingérer de la chair humaine. Cette histoire pénible prend un nouveau souffle lorsque deux survivants sont sauvés par les pompiers et placés en clinique. De nouveaux «twists» nous attendent, tous plus débiles les uns que les autres.

Après un tel massacre, les quelques courageux qui seront encore devant l'écran ne pourront que voir le niveau s'améliorer. Toutefois, On Sabbath Hill et son professeur hanté par son étudiante n'a pas une once d'originalité. Le film joue sur des apparitions fantomatiques rendues incontournables par le japonais RING, avant de nous offrir une explosion gore lors de sa dernière séquence. Laborieux, le sketch se laisse néanmoins regarder, notre indulgence souffrant nettement moins que lors du premier segment. Dernière histoire, Dust et sa poudre récupérée sur Mars part d'une idée un peu plus originale. L'agent de sécurité l'ayant volé pour soigner sa femme malade voit cette dernière retrouver la santé, mais aussi développer des pulsions nymphomanes. Si les premiers instants paraissent miraculeux, sa femme va peu à peu nourrir une dépendance à cette poussière dont les effets sont particulièrement courts dans le temps. Ce n'est pas cette dernière histoire qui va renverser la vapeur. Si la première moitié est regardable, le film dégénère de plus en plus vers un final grossier, et encore une fois stupide, faisant référence à l'un des rebondissements de CREEPSHOW.

Mais qu'est venu faire George A. Romero dans cette galère ? Il est fort à parier que son implication dans le projet ne s'est limité qu'aux cinq minutes de tournage dans son salon, certainement de la même façon que le cinéaste aide la jeunesse en prêtant son nom pour ZOMBIE KING. Quoiqu'il en soit DEADTIME STORIES apparaît comme un boulet dans la filmographie du maître, un boulet d'autant plus encombrant qu'un deuxième opus vient d'être bouclé par la même équipe. On n'espère bien évidemment pas la moindre once d'amélioration, mais plutôt le même type de spectacle pathétique que CREEPSHOW 3, dont la franchise est tombée entre les mains de faiseurs de séries Z.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
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