Suite à d'étranges événements, un immeuble est mis en quarantaine après qu'une équipe de journalistes accompagnant des pompiers soit entrée à l'intérieur. N'ayant plus aucune nouvelle, les autorités décident de faire entrer un groupe d'intervention armé et accompagné d'un expert. Dans l'immeuble, ils vont affronter des ennemis très inattendus.
Dans le paysage cinématographique espagnol du XXIème siècle, une grosse partie des métrages «Fantastique» sortent de chez Filmax. La maison de production a bien vite repéré quelques jeunes poulains et leur a donné l'occasion de réaliser des longs-métrages. Parmi ceux-ci, il y a Jaume Balaguero et Paco Plaza. Les deux cinéastes espagnols vont donc se croiser au sein de Filmax mais aussi sur divers projets. De là naîtra l'idée de réaliser un métrage de fiction avec peu de moyens et un tournage en vidéo. Lorsque [REC] sort, il s'inscrit dans une vague de films tournés en caméra subjective. Même George Romero se laissera tenter par cette forme de mise en image avec son histoire de morts-vivants narrée dans DIARY OF THE DEAD. A la même période, d'autres films vont ainsi être emballés avec plus ou moins de bonheur tel que CLOVERFIELD ou encore WELCOME TO THE JUNGLE. Ils suivent tous la voie empruntée plusieurs années auparavant par LE PROJET BLAIR WITCH dont le succès financier avait déjà provoqué des vagues de métrages torchés n'importe comment. A ce petit jeu, on pourra citer l'ignoble DA HIP HOP WITCH de façon à découvrir le fond du tonneau où des rappeurs connus racontent n'importe quoi devant la caméra… Heureusement, [REC], au contraire, était un métrage bien préparé et pensé par son duo de cinéaste. De fait, le film va connaître un vif intérêt justifié de la part des spectateurs. Les Américains en profiteront pour refaire le [REC], version quasiment copier-coller, décors compris, du métrage original avec l'inutile EN QUARANTAINE. Il y a à l'évidence une demande et Filmax commande donc assez vite une suite de manière à profiter de la bonne réputation de [REC]. Deux ans plus tard, voilà donc un [REC] 2 prolongeant directement le film original…
Jaume Balaguero et Paco Plaza vont contourner une bonne partie des problèmes liés à une suite d'un film se déroulant en huis clos de manière aussi simple qu'astucieuse. [REC] 2 débute juste au moment où se terminait [REC] et il suffit donc de faire entrer de nouveaux personnages à l'intérieur de l'immeuble placé en quarantaine. Autre idée ingénieuse, l'essentiel des personnages fait partie d'une sorte de commando d'intervention équipé de mini caméras. Très vite, cette mission de «sauvetage» et l'utilisation des points de vue de plusieurs hommes en arme rappellera ALIENS. Le film de James Cameron contenait en effet déjà de très courts fragments en caméra subjective adoptant la vision de tel ou tel personnage. Ici, le procédé est beaucoup plus utilisé et s'insère directement dans la narration. Ce type de vue n'est pas non plus sans rappeler aujourd'hui les jeux vidéo et plus particulièrement les fameux FPS (First Person Shooter ou Jeu de tir en vue subjective). Ce principe a de plus l'avantage, pour les deux cinéastes, de multiplier les caméras en présence et donc de proposer un montage plus élaboré ainsi que des effets d'images dans l'image. Voilà qui devrait donc décupler l'énergie du métrage mais il faut bien reconnaître que [REC] 2 ne réussit pas à offrir un successeur digne de ce nom au film original. La suite a un peu de mal à réitérer le côté «frais» de [REC]. En premier lieu, il est difficile de s'attacher aux personnages du nouveau film puisque nous n'avons pas vraiment le temps de les découvrir, sans compter que la plupart n'ont rien de sympathique. Là où le film original démarrait doucement en prenant le temps de faire exister ses protagonistes, [REC] 2 démarre sur les chapeaux de roue avec un panel de silhouettes assez peu marquantes. Impossible dès lors d'être inquiet concernant les dangers qu'ils vont être amenés à affronter. La tension et la peur ne seront finalement assurés que par des effets faciles et une caméra tremblotante à l'extrême. Dans le genre, on notera une apparition d'un infecté facétieux qui apparaît de manière surréaliste par l'un des bords inattendus du cadre. La surprise est évidemment au rendez-vous mais l'effet est à double tranchant et donne un peu l'impression de voir sortir guignol de sa boîte. Pour autant, [REC] 2 reste d'un point de vue formel un métrage bien emballé compte tenu des contraintes mise en place par le type de prises de vues. On reste donc très nettement dans le haut du panier de ce type d'expérience cinématographique. Nous sommes ainsi très éloigné du foutage de gueule en plan fixe d'un PARANORMAL ACTIVITY.
Mais au-delà de la technique pure [REC] 2 se plante surtout en raison de son contenu assez artificiel où l'on assiste souvent à un recyclage rarement heureux de séquences provenant d'autres films. La fin de [REC] baignait déjà dans un registre proche de celui du PRINCE DES TENEBRES de John Carpenter et [REC] 2 va prolonger cette filiation en développant bien plus ouvertement la curieuse relation entre religion et science. Malheureusement, Jaume Balaguero et Paco Plaza cèdent largement à la facilité. Pompant littéralement des bouts de scène dans ALIEN, THE THING, L'EXORCISTE, L'EXORCISTE : LA SUITE ou même HIDDEN, les deux cinéastes n'arrivent jamais à égaler le niveau d'intensité des passages originaux. Pire, cela tombe parfois carrément à plat comme la reprise très maladroite d'un concept au centre d'une redoutable scène de suspense issue de THE THING. Une séquence qui tire même presque vers le gag tellement l'enchaînement paraît des plus stupides. En milieu de métrage, une cassure va aussi se créer en proposant d'aérer mais aussi relancer l'intrigue tout en lui apportant de nouvelles possibilités. Un choix pas forcément judicieux venant une nouvelle fois exposer nettement l'aspect très "tête à claque" et peu attachant des victimes potentielles entrant dans l'immeuble de [REC] 2.
La suite de [REC] est hélas une grosse déception. Le métrage semble beaucoup moins travaillé que l'original et offre un résultat pour le moins bancal. Les deux cinéastes espagnols avaient peut être sur les épaules une pression qui n'avait pas lieu d'être lorsqu'ils ont fait, dans leur coin, le premier [REC]. Cela ne les empêche pas de laisser une grande porte ouverte à un troisième film qui, espérons-le, retrouvera un minimum de la fraîcheur de [REC] si cela se concrétise un jour.