Header Critique : HARDWARE (BLU-RAY)

Critique du film et du Blu-ray Zone A
HARDWARE 1990

BLU-RAY 

Dans un futur dévasté, Mo revient en ville avec un ami. Il s'empresse de rendre visite à sa petite amie qu'il n'a pas vu depuis longtemps et lui offre en cadeau des reliques trouvées dans le désert. Artiste, Jill utilise ces objets pour réaliser une sculpture composée, entre autres, d'un crâne et d'une main provenant clairement d'un robot.

D'origine sud-africaine, Richard Stanley se tourne vers le cinéma à défaut de pouvoir s'exprimer autrement d'un point de vue artistique. C'est ce qu'affirme le cinéaste qui se sent plus à l'aise en filmant ou en photographiant des sujets plutôt qu'en essayant de les reproduire. Ce qui le mène à réaliser des courts-métrages et à participer à un cours de cinéma où il avoue ne rien avoir appris de l'encadrement scolaire. Il va alors quitter son pays natal pour la Grande Bretagne mais aussi commencer à bourlinguer. Avec sa caméra, il se rend ainsi en Afghanistan durant les années 80 et filme les rebelles en conflit avec l'occupation russe. Il en fera un documentaire qu'il ne terminera, faute d'argent, que bien plus tard sous le titre de VOICE OF THE MOON. Dès son retour d'Afghanistan, il a l'opportunité de réaliser un premier long métrage en faisant des concessions. La maison de production britannique, Palace Pictures, lui demande ainsi de réaliser un film dans l'air du temps avec une créature agressive. Richard Stanley reprend les bases d'un métrage de trois quarts d'heure qu'il a réalisé bien auparavant avec des moyens plus amateurs. HARDWARE va donc reprendre la trame de INCIDENTS IN AN EXPANDING UNIVERSE tout en lui ajoutant un robot meurtrier ainsi que d'autres éléments absents à l'origine. Cette histoire de robot va d'ailleurs lui amener quelques soucis après la sortie du film. L'univers post-apocalyptique ainsi que ce robot attirent l'attention des lecteurs de bande dessinée anglaise qui voit là une adaptation non-officielle d'une courte histoire s'insérant dans l'univers 2000 AD qui est aussi le berceau de Judge Dredd. HARDWARE va alors connaître de petits soucis juridiques et restera pour les amateurs de comics la première adaptation de cet univers bien avant le moins glorieux JUDGE DREDD que Richard Stanley va d'ailleurs refuser, par la suite, de mettre en scène. En tout cas, si l'on peut effectivement voir de grosses similitudes avec l'histoire originale, ce serait oublier l'existence du court-métrage original qui ne contient aucun robot et expose des thèmes totalement absents de la version dessinée ! A noter qu'un autre cinéaste anglais fera ses premières armes de réalisateur, quelques années plus tard, en organisant un carnage cybernétique, un poil plus conventionnel, avec DEATH MACHINE mis en boîte par Stephen Norrington. Ce dernier est le futur metteur en scène de BLADE mais il faisait aussi partie de l'équipe technique en charge d'animer le robot de HARDWARE.

INCIDENTS IN AN EXPANDING UNIVERSE s'attelait à décrire les relations entre plusieurs personnages et particulièrement un couple dont les prospectives d'avenir semblent totalement nulles dans un monde post-apocalyptique. Noir et désespéré, l'univers ainsi que les personnages sont repris à la lettre dans HARDWARE. C'est d'autant plus flagrant lorsque l'on a l'occasion de voir INCIDENTS IN AN EXPANDING UNIVERSE qui semble souvent être la copie de travail de HARDWARE. Avec l'arrivée d'un robot tueur, le film prend une orientation bien plus commerciale mais HARDWARE reste avant tout un film atypique dans un genre habituellement peu novateur. Durant une bonne partie du métrage, le robot est laissé de côté et le cinéaste développe en effet ses personnages et le monde dans lequel ils évoluent. Très surprenant pour qui s'attend à découvrir un film horrifique ou contenant de l'action. A l'époque, le film fera sa promotion dans certains pays en le comparant à TERMINATOR alors que même encore aujourd'hui on peut trouver une curieuse phrase sur les jaquettes américaines du DVD et du Blu-ray qui met HARDWARE dans le même sac que MAD MAX. Si ce dernier film ne paraît pas totalement incongru, cela risque surtout de semer la confusion des esprits de ceux qui espèrent retrouver un film bourré de séquences spectaculaires. HARDWARE prend son temps lors de toute sa première partie et pourrait alors surtout s'apparenter à un drame un peu «arty» avec en toile de fond un monde où l'humanité survit tant bien que mal. Sortant tout juste des années 80, le jeune Richard Stanley utilise dans son film beaucoup de techniques héritées du clip vidéo et d'une décennie qui vient de s'éteindre. Par exemple, HARDWARE contient plusieurs passages où les dialogues s'effacent totalement devant des morceaux musicaux venant rythmer les images. La musique est d'ailleurs un point qui paraît important dans HARDWARE puisque, si la partition est signée par Simon Boswell, la bande-son est souvent rythmée de titres de Ministry, Public Image Ltd., Iggy Pop ou encore Motorhead. Le chanteur de Motorhead apparaît même dans le film en chauffeur de taxi fluvial et introduit lui-même son propre morceau («Ace of Spades»). De même, si on ne le voit pas à l'image, Iggy Pop incarne un animateur radio du futur qui ironise sur l'état du monde. Enfin, le chanteur de Fields of the Nephilim est lui aussi difficile à localiser bien que le costume de l'énigmatique personnage parcourant le désert a quelques points communs avec son look habituel. Puisque l'on évoque la distribution, HARDWARE met en vedette un jeune comédien, Dylan McDermott, qui deviendra plus tard la vedette d'une série télévisée, THE PRACTICE.

Face aux acteurs, il ne faut pas oublier d'évoquer le robot de HARDWARE. Le redoutable droïde de combat M.A.R.K. 13 qui entre en action en milieu de métrage. Visuellement, compte tenu des moyens mis en œuvre, il s'avère plutôt impressionnant. Il n'a pas la même vivacité ou la même aisance que certains autres robots, tel que le TERMINATOR justement, mais il fonctionne plutôt bien en adoptant une attitude sournoise et furtive. Le réalisateur se laisse aller à quelques débordements gores ce qui augmente l'aspect vindicatif et dangereux de cette menace mécanique. Ce sera peut être moins probant lors du combat final mais HARDWARE s'en sort assez bien particulièrement en proposant, au passage, un épilogue au personnage principal pour le moins bizarre et dont le ton tranche radicalement avec les affrontements qui entourent ce moment atypique. Comme on l'a déjà dit, certains ont pointé du doigt une éventuelle inspiration d'une bande dessinée. Néanmoins, on peut aussi noter que certains passages ne sont pas sans évoquer le téléfilm MEURTRE AU 43EME ETAGE de John Carpenter avec le plan sur le téléscope et un voyeur développant une vilaine obsession pour sa voisine d'en face jusqu'à lui passer des coups de fil. Des influences qui donnent un ton des plus étranges à HARDWARE qui paraît assez souvent structuré de manière un peu artificielle. Et, pourtant, le résultat fonctionne assez bien dans le cadre d'un métrage à petit budget. De plus, le jeune Richard Stanley parsème son film de notes d'humour noir et essaie, peut être un peu naïvement aussi, de politiser par petites touches son film en disséminant ici ou là des éléments plus ou moins visibles. Certes, une vingtaine d'années plus tard, HARDWARE accuse le coup avec une esthétique un peu dépassée et une accentuation de la maigreur des moyens mis en œuvre. Cela n'empêche pourtant pas HARDWARE de ressembler à un vrai film, une qualité qui dans le domaine des œuvres à petits budgets paraît de plus en plus rare de nos jours ! Sans compter que Richard Stanley imprime clairement sa patte sur HARDWARE en exposant un univers qui lui est propre et qu'il prolongera dans LE SOUFFLE DU DEMON ou bien plus récemment au travers de courts-métrages tel que THE SEA OF PERDITION.

Lors de sa sortie aux Etats-Unis, HARDWARE va connaître quelques soucis et il sera remonté pour éviter d'être frappé d'une classification pénalisante par le MPAA. En France, une simple interdiction au moins de 13 ans (douze aujourd'hui) lui sera attribuée et il sortira normalement dans les salles au mois de mai 1991. Depuis, HARDWARE s'est fait de plus en plus rare en vidéo. Un DVD pirate était apparu dans les supermarchés français avec une qualité douteuse et une jaquette fantaisiste baptisant le film du titre GENETIC WARRIOR. De l'autre côté du Rhin, les Allemands avaient eu droit à un DVD recadré et à l'image pas plus glorieuse. Ce n'est que récemment que HARDWARE s'est enfin présenté en DVD de manière satisfaisante. Les Britanniques d'Optimum ont ouvert le bal avec un DVD mais aussi une édition Blu-ray. Les deux sont d'ailleurs commercialisés avec une reproduction de la bande dessinée qui aurait inspiré le film. Quelques mois plus tard, les Américains de Severin Films ont proposé leur propre version intégrale du film en DVD et Blu-ray avec avec un contenu plus conséquent, par rapport au métrage, ce qui impose clairement ces deux éditions comme un choix incontournable pour qui veut découvrir aujourd'hui HARDWARE. Néanmoins, cela se fera sans aucun support francophone, pas plus que de sous-titrages. En effet, il faut le dire dès maintenant, le Blu-ray ainsi que le DVD ne comportent rien d'autre que des pistes françaises. Il faudra dès lors avoir un niveau d'anglais assez développé de manière à tirer parti du film mais aussi, et surtout, des nombreux suppléments.

Nous n'avons vu que l'édition Blu-ray et il faut le reconnaître, HARDWARE revit. A un tel point que cela en devient miraculeux. Le transfert en haute définition est carrément surprenant pour un tel film. Surtout après tant d'années où la VHS était ce que l'on trouvait de mieux pour HARDWARE. L'image est claire, la définition nette, les couleurs d'une grande stabilité et le grain d'origine très naturel… On redécouvre carrément le film de Richard Stanley au travers de ce Blu-ray. Les deux pistes audio proposent d'écouter le mixage stéréo surround d'origine ou bien un mixage Dolby Digital 5.1. Ce dernier se fait un petit peu plus ample mais ne revoit pas de fond en comble la bande sonore. Au contraire, il reste plutôt respectueux du travail d'origine et cela évite de dénaturer l'œuvre originale tout en lui donnant un petit coup de pouce.

Severin Films a manifestement travaillé de concert avec Richard Stanley si l'on en juge pas le contenu du Blu-ray. A noter que si le double DVD contient les mêmes suppléments, ici, tout est présenté en haute définition même si, parfois, la source d'origine n'est pas d'une grande fraîcheur comme c'est le cas pour les courts-métrages de jeunesse de Richard Stanley. On trouve donc, bien évidemment, le fameux INCIDENTS IN AN EXPANDING UNIVERSE dans son intégralité. L'occasion de pouvoir comparer HARDWARE et le métrage original. Plus anecdotiques, RITES OF PASSAGE permet de découvrir un court métrage réalisé par Richard Stanley alors qu'il utilisait le matériel de son cours de cinéma. Enfin, THE SEA OF PERDITION, beaucoup plus récent puisque daté de 2006, apporte une nouvelle pierre à l'univers du cinéaste avec toujours cette façon de présenter des lieux désertiques. Quasiment muet, ce court de science-fiction semble annoncer curieusement l'arrivée d'un autre métrage, d'un autre côté, son préambule affiche "Episode VII". A propos de suite, on peut aussi trouver une interview de Richard Stanley qui parle du projet d'un HARDWARE 2 qui ne s'est pas fait et qui ne se fera probablement jamais pour des questions de droit.

Le cinéaste, on le retrouve encore dans un documentaire réalisé spécialement pour l'occasion. «No Flesh Shall Be Spared» donne la parole à Richard Stanley mais aussi à d'autres intervenants tels que le producteur, le compositeur ou l'actrice principale du film. Un vrai documentaire fort sympathique, même si Dylan McDermott y est totalement absent, qui sera un préambule à un bien moins accessible commentaire audio. Richard Stanley expose de nombreux points de vue et anecdotes mais n'y est pas nécessairement très entraînant dans sa manière de s'exprimer ce qui risque de rebuter les spectateurs. Particulièrement, pour ceux qui ne comprennent que modérément la langue anglaise. On sera beaucoup moins impressionné par les scènes coupées et allongées qui n'apportent pas grand chose au film original. Enfin, les suppléments se terminent avec deux bandes-annonces dont l'une en allemand.

Rédacteur : Antoine Rigaud
2025 ans
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
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La redécouverte du film en Blu-ray
Un belle édition avec des suppléments pertinents
On n'aime pas
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L'édition vidéo
HARDWARE Blu-ray Zone A (USA)
Editeur
Severin
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
USA (Zone A)
Date de Sortie
Durée
1h34
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Commentaire audio de Richard Stanley
    • No Flesh Shall Be Spared (Documentaire - 53mn58)
    • Richard Stanley on Hardware 2 (7mn39)
    • Scènes coupées et allongées (25mn)
    • Bande-annonce allemande
    • Vintage Promo Video
      • Courts-métrages
      • Incidents In an Expanding Universe (44mn25)
      • The Sea of Perdition (8mn30)
      • Rites of Passage (9mn48)
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