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Critique du film
GIALLO 2009

 

Céline (Elsa Pataky) est séquestrée par un tueur en série. Sa sœur Linda (Emmanuelle Seigner) va faire équipe avec l'inspecteur Enzo Avolfi (Adrien Brody) dans l'espoir de la retrouver vivante.

Qui croit encore en Dario Argento ? Génie baroque nous ayant offert chef d'œuvre sur chef d'œuvre dans les années 70, la carrière de l'homme n'a cessé de prendre l'eau dès la fin des années 80. Cette inspiration perdue nous a violemment explosé au visage avec le pitoyable MOTHER OF TEARS, ultime volet tant promis de la trilogie des mères, un nanar aussi stupide qu'involontairement hilarant. Avec GIALLO, Argento continue de revisiter ses œuvres de gloire en nous promettant un spectacle dans la lignée de son fascinant LES FRISSONS DE L'ANGOISSE. Malheureusement, le pari est encore une fois complètement désarmant.

GIALLO n'est pas un film «d'auteur» pour Argento. Le scénario a été rédigé par deux jeunes scénaristes américains fan du cinéaste, Jim Agnew (qui signe là son premier script) et Sean Keller (à qui l'ont doit les scénarios de KRAKEN, GRYPHON ou MAMMOTH, du lourd). En signant la mise en scène, Argento accepte donc une commande «sur mesure». Son nom permet de plus de rassembler un casting hétéroclite. La femme à sauver est interprétée par l'espagnole Elsa Pataky, que l'on avait découvert dans SOUVENIRS MORTELS et surtout le BEYOND REANIMATOR de Brian Yuzna. Quant aux deux têtes d'affiches, elles sont très connotées par l'univers de Roman Polanski puisque nous retrouvons son épouse Emmanuelle Seigner ainsi qu'Adrien Brody, qui avait remporté l'Oscar du meilleur acteur avec LE PIANISTE. Grand fan d'Argento, Brody va même jusqu'à mettre des billes dans la production pour maintenir le budget à flot.

Les conditions semblaient donc réunies pour que nous assistions à un spectacle digne de ce nom. GIALLO est pourtant un nouveau ratage, la faute à un scénario d'une vacuité totale. L'histoire ne fait que reprendre de vagues «gimmick» du giallo pour enrober une simple intrigue de tueur en série comme il en existe au kilo. Les personnages sont esquissé à coup de clichés, ce qui oblige les acteurs à cabotiner à l'écran pour tenter de meubler le vide de leur dialogue. Il est triste de voir un acteur de premier plan comme Adrien Brody se rendre coupable d'une performance aussi médiocre. Enfin, oubliez le concept de tueur raffiné et élégant. L'assassin de GIALLO est un marginal sans envergure qui torture les femmes uniquement pour pouvoir se masturber sur les photos prises durant ses sévices.

Côté mise en scène, là encore GIALLO ne fait pas d'étincelle et se hisse plus à un niveau de téléfilm que d'une œuvre de cinéma. L'image est classique, fade, et les décors sont peu recherchés. On se surprend même à déceler quelques plans tournés à la va-vite, comme un travelling en pleine ville filmé de manière bancale dans une voiture. Inadmissible pour un cinéaste comme Argento. Les séquences de meurtres, moments forts des films giallo, ne sont ici que des scénettes expédiées fissa avec des effets spéciaux approximatifs. Seule une séquence se dégage, le meurtre d'un homme par un enfant. Dure, brutale, cette scène donne à imaginer ce qu'aurait pu être GIALLO si le projet avait été construit sur des bases plus saines.

Il n'y a donc pas grand chose à dire sur ce film de commande torché à la va comme je te pousse. Aucune surprise ne nous attendra, y compris vis-à-vis de l'identité du tueur. Et si le visage très particulier de ce dernier peut nous donner à penser qu'il y a un twist à la clef, il n'en sera finalement rien. Il s'agira juste d'une fausse piste (ou d'un caprice de comédien). Mais malgré toutes ses aberrations, le film se regarde tout de même. A l'instar de MOTHER OF TEARS, on ne voit pas le temps passer face à ce gros n'importe quoi copieusement arrosé à l'humour involontaire. Rire devant GIALLO est d'ailleurs la meilleure attitude à adopter face un spectacle opportuniste et trompeur. L'ambiance polar à l'européenne n'est qu'une grossière façade puisque GIALLO n'est qu'un thriller américain de deuxième partie de soirée. La douche sera d'autant plus froide pour les spectateurs fans du travail d'Argento.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
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