Derrière le pseudonyme de George Starck, écrivain à succès, se cache Thad Baumont qui n'a pas vraiment envie que son véritable nom soit associé à des livres mêlant sexe et horreur. C'est sans compter un maître chanteur dont il clouera le bec en sortant de l'ombre officiellement pour enterrer à jamais son double littéraire et la suite de ses récits.
Les chemins de Stephen King et de George Romero se croisent et se recroisent. Pourtant, le réalisateur n'avait jamais réalisé d'adaptation d'un livre de l'écrivain. CREEPSHOW n'étant pas un roman à la base mais un scénario original. Pourtant, George Romero s'est vu souvent associé aux adaptations de Stephen King. Toutes se feront sans lui. Ainsi, il a travaillé sur l'adaptation des Vampires de Salem, du Fléau et même de Simetierre. Rien à faire ! Jusqu'à LA PART DES TENEBRES dont George Romero pousse le studio avec lequel il vient de mettre en boite INCIDENT DE PARCOURS, à acheter les droits. Et les problèmes ne font que commencer. Financièrement mal en point, Orion harcèle George Romero lorsque celui-ci travaille à l'écriture du scénario tout comme ils continueront à lui faire des misères tout au long de la réalisation et du montage. La maison de production accuse de plus en plus de problèmes financiers, ce qui se répercute sur LA PART DES TENEBRES. Même George Romero reconnaît, avec du recul, qu'il est loin d'être satisfait du résultat final. Et lorsque Orion ferme ses portes, le film reste coincé quelques années avant qu'un repreneur ne montre le bout de son nez. Autant dire que LA PART DES TENEBRES est né dans la douleur ! Une habitude pour ce réalisateur dont le film suivant, BRUISER, n'a pas connu de meilleur sort en ce qui concerne sa distribution.
MISERY et LA PART DES TENEBRES ont des points communs. Dans les deux cas, l'écrivain se voit malmené pour reprendre la plume et perpétuer la survie d'un personnage. Après s'être intéressé aux relations entre un écrivain et ses fans avec MISERY, c'est un peu comme si Stephen King avait voulu continuer en nous exposant l'histoire d'un auteur qui se partage entre deux identités. Un sujet qu'il connaît puisque lui-même a signé des livres sous un pseudonyme : Richard Bachman (RUNNING MAN, LA PEAU SUR LES OS...). En forçant le trait par rapport à la réalité, LA PART DES TENEBRES lui permet de nous raconter certaines des situations qui découlent d'une telle alliance. Richard Bachman n'est certainement pas aussi sombre que peut l'être le George Starck du film mais on se doute que l'exposition des situations n'est pas loin d'une certaine vérité. Toutefois, en prenant en main l'adaptation, George Romero a dû concentrer l'histoire sur la dualité de Thad Baumont/George Starck. Le coeur du récit, il est vrai ! Il est clair que l'intrusion de George Starck est primordiale puisqu'il s'agit d'un film d'horreur. Mais l'affrontement entre les deux personnages manque de saveur. George Starck reste pendant presque tout le métrage rien de plus qu'une ombre opérant une simple vengeance.
Le manque de saveur du film provient sûrement de deux éléments. Le premier est évident. On attendait beaucoup plus de George Romero. C'était vrai au moment de la sortie du film et c'est toujours vrai à présent. LA PART DES TENEBRES n'est donc pas l'un de ses meilleurs films tout en étant somme toute très regardable. De l'autre, il y a les premières minutes du métrage. Cela lance sur les chapeaux de roue l'histoire en imposant une ambiance étrange jusqu'à une séquence particulièrement abominable. Passé cela, le film se déroule dans une sorte de routine qui ne sera brisée que par la dernière partie du récit où George Starck se fait bien plus présent. Avant que la fin n'arrive de manière franchement abrupte. George Romero s'expliquait au moment de la sortie à propos de tout cela. Il aurait aimé insérer plus de séquences intimistes et remanier certains passages. Le manque d'argent ne lui avait hélas pas permis de le faire.
Parmi tous les films de George Romero, LA PART DES TENEBRES est loin de faire partie de ses meilleures réussites. Un peu comme pour DEUX YEUX MALEFIQUES, co-réalisé avec Dario Argento, c'est le genre de métrage que l'on achète pour compléter sa filmographie. Histoire de se le passer de temps à autres et se prouver que tout cinéaste a des hauts et des bas. Toutefois, LA PART DES TENEBRES n'est pas non plus un mauvais film. Il s'avère dans certains passages très efficaces et présente quelques frissons bien amenés.
Contrairement au DVD sorti aux Etats-Unis il y a quelques temps déjà, la version européenne du disque respecte le format cinéma d'origine du film (1.85 [16/9]). Un bon point qui se trouve rapidement éclipsé par un manque effarant. Si l'on retrouve la version originale et le doublage en français, vous ne trouverez ici aucun sous-titrage dans notre langue ! En gros, si vous ne maîtrisez pas bien la langue anglaise, vous ne pourrez pas regarder le film en version originale. Il sera toujours possible de vous aider avec le sous-titrage anglais mais avouez que pour une édition française, il y a de quoi être désagréablement surpris. Pas une première sur les disques MGM européens puisque nous avions déjà soulevé le problème l'année dernière, heureusement, nous échappons ici à un éventuel remix qui aurait pu se transformer en catastrophe comme ce fut le cas de ROLLERBALL (pas de sous-titrage et remix français défectueux). Tout comme ce dernier disque, il faut préciser que l'édition américaine de LA PART DES TENEBRES présente un sous-titrage en français. Ahurissant !
Les bandes-son anglaise et française présentent des effets arrières comme les ambiances mettant en scène les oiseaux. Dans le cas de la version française, ils sont toutefois bien moins présents alors que la bande sonore semble d'une plus grande clarté. Peut-être parce que les graves sont un peu moins affirmés. De toutes façons, les deux bandes sonores manquent cruellement de puissance.
De nombreux petits défauts de pellicule... De petits problèmes de compression qui enlèvent du naturel aux arrière-plans... Pourtant, le rendu final est acceptable. Bien sûr ce n'est pas ce que nous avons pu voir de meilleur jusqu'ici mais ce disque est dans la moyenne en ce qui concerne l'image. On peut tout de même regretter qu'un meilleur master n'ait pas été utilisé à la base.