Une bande de potes décide de partir au Nord de San Francisco pour une virée sauvage pimentée d'une chasse au cochon. Pas n'importe quel porcin toutefois puisqu'une légende locale veut que le Ripper, un sanglier géant, hante les lieux. A leur arrivée, le petit groupe de citadins se rendra vite compte que si Ripper il y a, il n'est pas seul. En effet, nos héros croiseront la route de quelques susceptibles Rednecks mais aussi d'une coterie de hippies dirigée par un leader adepte de la machette…
A l'origine technicien des effets spéciaux, James Isaac accède au poste de réalisateur dès 1989 avec THE HORROR SHOW, plus connu à l'international sous le titre (mercantile) de HOUSE 3. Bien que le métrage n'ait rien de déshonorant, il faudra tout de même plus d'une décennie à James Isaac pour se retrouver à nouveau aux commandes d'un long métrage. Le bonhomme se fera alors remarquer en propulsant le célèbre croquemitaine Jason Voorhees dans l'espace grâce au très déjanté JASON X. Cette aventure décontractée ne sera pas du goût de tous mais elle donnera tout de même un sérieux coup de fouet à la saga, faisant ainsi de son réalisateur un homme à suivre. Pour cela, il faudra toutefois patienter et attendre la concrétisation de SKINWALKERS, projet qui connaîtra quelques déboires et dont la sortie américaine sera mainte fois reportée. Le film fera un bide monumental dans les salles d'outre-atlantique avant de connaître une exploitation directe en vidéo dans de nombreux pays. C'est bien évidemment à l'issue de cette déception que James Isaac décidera de s'éloigner de la machine hollywoodienne…
PIG HUNT sera donc une petite production indépendante pourvue d'un budget de six millions de dollars. Pour ce prix, James Isaac souhaite nous offrir beaucoup, et même sans doute un peu trop… Le film semble ainsi partir sur la voie du Survival traditionnel, calibré et à dire vrai peu réjouissant. Le réalisateur plante le décor, son petit groupe de «héros» de la ville ainsi qu'une poignée de personnages locaux plus «rugueux». Les bases d'un petit DELIVRANCE sont ainsi posées, plutôt mollement et avec un ton lorgnant vers un second degré peu convaincant. PIG HUNT se traîne donc très clairement, s'étire au travers de séquences inutiles et de dialogues parfois creux. Le métrage semble jouer la montre, rappelant toutefois l'existence d'un sanglier géant par le biais de plans courts assez maladroits…
Il faudra aller bien au-delà de la première moitié du film pour que l'ensemble se réveille enfin et que l'on passe alors du tout au tout. La deuxième moitié de PIG HUNT relèvera en effet de l'incroyable bordel, mêlant avec enthousiasme des Rednecks motorisés, une secte hippie de demoiselles obéissant à un gourou illuminé et… le fameux goret surdimensionné ! Dans cette seconde portion, James Isaac donne donc tout ce qu'il a et flambe clairement son maigre budget. Certaines cascades font alors plaisir à voir et le «look» particulier des buggies, motos ou pilotes nous ramène inévitablement à MAD MAX 2 et ses amusantes décalques transalpines. La chose ne durera cependant pas longtemps car quelques minutes plus tard, se sera au tour de la communauté hippie de venir flatter la rétine du spectateur mâle. Le Ripper continuera quant à lui de se faire discret, se réservant bien évidemment pour un final des plus réjouissants…
Car si l'ombre du sanglier géant plane effectivement sur le métrage, il n'en est cependant pas le moteur, loin s'en faut. Assez proche d'un RAZORBACK dans son aspect «poil et latex», le monstre de PIG HUNT se fait malheureusement aussi discret qu'il est sympathique. Un constat d'autant plus frustrant qu'il est en définitive à l'image du reste du métrage. L'oeuvre de James Isaac donne ainsi l'impression d'un patchwork maladroit, doté de quelques belles pièces mais assemblé de façon à ce qu'aucune d'elles ne soit réellement mise en valeur. On pourra dès lors goûter l'effervescence du film et sa profusion subite d'idées loufoques, ou au contraire s'avouer déçu qu'aucune des pistes ne voit son potentiel réellement exploré… Très inégal dans son rythme, hésitant dans son ton, le film de James Isaac part donc de surcroît dans tous les sens, pour le meilleur comme pour le pire. Il demeurera malgré cela l'impression d'avoir assisté à un divertissement décontracté et enjoué, une œuvre aussi ludique que chaotique qui brasse les genres et les cultures, se détachant ainsi quelque peu de l'écrasante masse des «Survivals» actuels.