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Critique du film
THE HOUSE OF THE DEVIL 2009

 

Samantha (Jocelin Donahue) est une étudiante désespérant de s'évader des dortoirs de son université. Elle accepte alors une mission de baby-sitting commanditée par un étrange couple, mission qui lui propose une rémunération défiant toute concurrence. Samantha s'installe pour la soirée dans la maison sans se douter que ses hôtes ont des ambitions cachées particulièrement malsaines.

On vous avait déjà parlé du jeune réalisateur américain Ti West, un franc tireur spécialisé dans le «low cost» et qui ne nous avait guère convaincus avec son premier long-métrage THE ROOST. Après cet essai, West fut propulsé aux commandes de CABIN FEVER 2, la séquelle du film d'Eli Roth. Une expérience désastreuse pour le jeune metteur en scène qui se fait virer de la salle de montage par le studio, et dont une partie du travail est jetée à la poubelle au profit de reshoots organisés sans son aval. CABIN FEVER 2 est toujours invisible plusieurs années après son premier tour de manivelle, excepté chez quelques festivals. Après cette aventure pour le moins amère, Ti West reprend un chemin qu'il connaît le mieux, le film indépendant à budget minuscule, en retournant sous l'aile protectrice du cinéaste et producteur Larry Fessenden. Il nous livre avec THE HOUSE OF THE DEVIL un hommage passionné aux films d'horreur des années 80 qui ont bercé sa jeune cinéphilie.

Ti West veut faire passer son film pour un «oublié de vidéo-club», un film d'époque que l'on découvrirait aujourd'hui sans se douter une seconde qu'il date de 2009. Non content de situer son film dans les années 80 en accumulant avec jubilation les détails vintages (comme le walkman de l'héroïne), Ti West entoure son film d'un habillage volontairement vieillot à base de générique en lettrage jaune sur fond de musiques outrancièrement synthétiques. Un procédé très «grindhouse» popularisé par des cinéastes cinéphiles comme Rob Zombie. Rayon casting, West se permet quelques têtes connues (et volontairement obsolètes) comme Dee Wallace (qui n'en finit plus de faire des guests, entre autres chez Rob Zombie justement), Mary Woronov (vue dans LA COURSE A LA MORT DE L'AN 2000 de Paul Bartel et chez... Rob Zombie) ou encore Tom Noonan (le traumatisant serial killer du SIXIEME SENS de Michael Mann). Quant à Jocelin Donahue, le rôle principal, ses faux airs de Margot Kidder jeune (héroïne de SUPERMAN ou encore AMITYVILLE) sont trop troublants pour apparaître comme une simple coïncidence.

Côté inspiration, THE HOUSE OF THE DEVIL s'inscrit plutôt dans les années 70 en révisant avec ses modestes moyens des classiques tels que ROSEMARY'S BABY de Roman Polanski, ou dans une moindre mesure TRAUMA de Dan Curtis. Loin de céder à la facilité du gore extrême ou des «jump scares» tonitruants, THE HOUSE OF THE DEVIL prend son temps pour construire une ambiance crédible et angoissante. La narration est totalement focalisée sur le personnage de Samantha, une jeune femme d'apparence banale qui va peu à peu se retrouver prisonnière d'un piège odieux aux forts relents de satanisme. Il faudra pour autant attendre les dernières vingt minutes pour que l'aspect fantastique du film soit totalement révélé, un climax qui va renverser la tendance et nous faire passer de la suggestion à une horreur plus explicite.

Sur le principe, THE HOUSE OF THE DEVIL a tout pour séduire l'amateur de fantastique ayant passé la trentaine. Malheureusement, Ti West n'est pas un grand auteur du genre et sa double casquette d'auteur et de réalisateur est clairement trop grande pour lui. L'écriture est la principale faiblesse du titre. C'est bien simple, il ne se passe pas grand chose durant la première heure du film. L'histoire est certes en train de se construire patiemment mais, étant donné que le film s'appelle THE HOUSE OF THE DEVIL, on a immédiatement une idée de ce vers quoi le scénario veut nous emmener. Et si un John Carpenter n'a pas son pareil pour tirer un film entier d'un pitch minuscule, Ti West est loin de posséder les talents de mise en scène de son noble aîné. Les scènes de suspense ne sont guère originales et auront tôt fait de bercer le spectateur un peu trop fatigué.

On sort donc de THE HOUSE OF THE DEVIL avec un sentiment en demi-teinte. D'un côté, la satisfaction de rencontrer un spectacle honnête désirant rompre avec les clichés et ressorts de son époque. De l'autre, la déception d'un film assez faible car pas assez écrit et pas assez mis en scène. Un défaut finalement très contemporain, à une époque où la technique est si bien rodée qu'il est plus facile de tourner des images que de se creuser la tête avec un papier et un crayon pour accoucher d'une bonne histoire. L'amateur de fantastique des années 70 et 80 y trouvera cependant une bulle d'air salutaire dans une époque où le cinéma d'horreur se fait de plus en plus agressif.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
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