Header Critique : H2 (HALLOWEEN 2)

Critique du film
H2 2009

HALLOWEEN 2 

Le remake du premier HALLOWEEN ayant été un succès, il était inévitable que les frères Weinstein et Malek Akkad persuadent Rob Zombie de les accompagner pour la mise en chantier d'une séquelle. Sa sortie américaine s'est toutefois révélée décevante, ne parvenant pas à rallier les suffrages du public qui s'était déplacé en masse lors du premier opus. Sortir le même jour que DESTNATION FINALE 4 lui aura siphonné une partie des spectateurs potentiels mais le pauvre bouche oreille indique peut-être aussi des raisons d'ordre qualitatif. La promesse du mélange du mythe Michael Myers et de l'univers Zombie, du gore, du rock'n roll, de la violence et de la nudité ne suffisent aussi peut-être plus ?

Comme dans HALLOWEEN II de Rick Rosenthal, la séquelle Zombie embraye directement sur la fin du premier film, à savoir l'admission de Laurie Strode (Scout Taylor-Compton) à l'hôpital après son agression. Au bout d'un quart d'heure, on se rend compte toutefois qu'il ne s'agissait que d'un rêve, et que la réalité va reprendre ses droits. Michael Myers (Tyler Mane) est bien vivant et revient à la recherche de Laurie, guidé par des visions obsédantes de sa mère (Sheri Moon Zombie) et d'un cheval blanc.

Clairement, Rob Zombie n'a pas choisi le chemin de la facilité. S'il est évident qu'il s'éloigne délibérément de la version de Rick Rosenthal afin d'offrir sa propre vision, il n'en reste pas moins que le film pose quelques problèmes. On sent que le réalisateur veut à la fois décomplexer son sujet et le genre dans lequel il évolue, le slasher, en s'en moquant. H2 navigue à cheval entre la stupidité assumée et la violence craspouille, ce qui rend la vision parfois amusante, quelque fois dérangeante mais généralement "trash" et donne un film hélas bien médiocre.

Le premier souci apparaît avec les personnages. L'ensemble du casting du premier HALLOWEEN revient donc en deuxième semaine. Malcolm McDowell est devenu un contrepoint comique et caricatural, Scout Taylor-Compton un peu abrutissante, Tyler Mane se découvre le visage , Sheri Moon Zombie en vision d'ange de la violence se promène un peu hagarde tout au long du film…. Il n'y a guère que Brad Dourif qui donne de l'épaisseur au personnage le plus complexe et surtout le plus travaillé de tous. Ses séquences transcendent quelque peu le film et l'amène sur un terrain émotionnel qui tranche avec le ton général. Rob Zombie se fait quelque peu plaisir en offrant au spectateur aguerri la présence de Margot Kidder, Caroline Williams et le déjanté Weird Al Yankovic, déchaîné sur un plateau télé.

La présence de Sheri Moon Zombie reste un des points les plus curieux du film. On sent que Rob Zombie souhaite en faire un personnage-clé de par sa présence fantomatique, le rôle de guide-gourou dans la progression délirante du tueur et sa quête de violence jusqu'à la transfiguration. En même temps, elle s'avère complètement inutile dans la progression dramatique. Si l'image qu'elle véhicule avec son cheval blanc (image expliquée en début de métrage) semble apporter une disposition mystico-mythique, le résultat final oscille entre le ridicule et la prétention arty. Le tout saupoudré avec un chouïa de népotisme. Car si le sujet du film demeure Michael Myers poursuivant Laurie Strode, l'impression qui se dégage est d'avoir voulu démythifier le fameux tueur, lui découvrir le visage, l'humaniser... Et lui retirer de facto le statut de «croquemitaine» en chef. Un choix intéressant mais opéré au détriment du reste. Et qui élimine la sensation de peur panique que peut engendrer un tel personnage dont la manque d'humanité faisait sa force.

L'ambiance générale est au trashouille généralisé. L'univers Zombiesque, qu'on soit détracteur ou amateur, bat son plein. Exit les adolescents proprets vivants dans des banlieues WASP, les ados portent des fringues déglinguées, travaillent dans des magasin de disques indé, sautent sur les tables en hurlant les paroles de leurs groupes préférés. La fête d'Halloween est pétrie de nichons siliconés exposés gratuitement pour le bonheur du public visé. On y hurle, on y gratte, on y stroboscope, re-nichon. Comme il s'agit d'un slasher, il y a donc la scène des ados qui copulent dans un van et qui se font étriper avant de passer à l'acte (le garçon a forcément envie de pisser avant de tirer un coup !?). La scène est tellement cliché qu'on ne sait quoi penser : parodie de genre ou figure imposée ? Les deux ? A la rigueur, qu'importe, la scène ne sert à rien et n'existe que de par sa finalité de boucherie.

Il en va de même avec les deux ambulanciers transportant le corps du tueur en série qui percutent une vache (!?) au milieu d'une route. Michael en profite pour s'évader facilement tout en trucidant les deux idiots. Cette scène reste symptomatique d'un film et d'un genre archi-traité/copié/parodié depuis trente ans et sur lequel un réalisateur souhaite apposer sa patte. Un peu comme ce que voulu faire Paul Verhoeven avec STARSHIP TROOPERS. Sauf que le hollandais violent a su élargir sa cible tout en prenant plaisir à la fois en dynamitant et dynamisant son sujet. Du coup, Rob Zombie recrache pour la énième fois ce qu'il prend plaisir à filmer depuis HOUSE OF 1000 CORPSES. A chacun de voir l'avènement d'un style ou la redite de tics qui dénotent l'absence de talent et d'évolution. Mais il parait urgent que le réalisateur, scénariste, producteur et musicien ne passe définitivement à autre chose.

Rob Zombie centre son discours et sa narration sur une notion de cellule familiale disloquée. La famille, berceau du crime et de l'épanouissement pervers. A l'opposé de films qui privilégient la cellule familiale comme salvatrice et protectrice (LA MAIN SUR LE BERCEAU, POLTERGEIST, etc...), la famille chez le cinéaste américaine protège tout autant mais à travers le crime et la transgression. Il n'y a qu'à voir HOUSE OF 1000 CORPSES, THE DEVIL'S REJECTS pour s'en persuader. Ce HALLOWEEN II est un nouvel avatar de la perversion de cette notion de famille, mais il demeure curieux que le réalisateur ne voit point de salut en dehors de cette cellule-là. En fait, Rob Zombie ne fait que suivre un schéma narratif déjà bien usité, même à travers des débordements les plus extrêmes. Il en pervertit le message initial mais joue surtout sur le grossissement du trait afin de marquer son territoire. Le fond ne change guère, au final… et pour clore le film qui suit malgré tout une ligne bien définie (évasion-meurtres-affrontement), Rob Zombie dévie encore une fois de la version de 1982. Si l'idée apporte un peu de séduction, elle ne fait toutefois que recycler cette bonne vieille dialectique hegelienne et ressemble curieusement à d'autres films déjà passés par là.

Visuellement, le film adopte un ton noirâtre, une ambiance poisseuse, le tout ponctué de violents accès de néons (voir la scène de le fête d'Halloween). En adéquation avec un sujet glauque qui fait la part belle aux effets plutôt qu'à la logique narrative, ici jetée aux oubliettes. Rob Zombie injecte à HALLOWEEN II quelques fulgurances esthétiques bienvenues, surtout lorsque la violence explose. Le choix d'un format 1.85:1 peut étonner, si l'on se réfère au choix du format large (2.35:1) pour le précédent métrage. Choix du réalisateur ? Imposé par la production ? Mystère. Ce qui en ressort : une image moins léchée, moins de profondeur de champ, hormis peut être lors de la scène finale. La caméra reste plus proche des visages et des corps, même dans les scènes de meurtres se déroulant en extérieur, par exemple celui des rednecks agressant Michael Myers en plein champ. Les meurtres sont assez graphiques, baignant dans une atmosphère réussie de brutalité sanguinaire. Nul doute cependant que les ciseaux de la MPAA sont passés par là et que la version DVD/Blu Ray nous gratifiera d'un "Director's cut" qui sera plus explicite en terme de violence graphique.

Au final, HALLOWEEN II reste un slasher au-dessus de la moyenne de par les efforts déployés pour le sortir de l'ornière du genre, mais éminemment médiocre à l'arrivée. Un scénario chaotique, des personnages la plupart du temps horripilants et une direction qui va probablement déstabiliser les fans de Michael Myers. Les détracteurs de Rob Zombie vont trouver du grain à moudre et ses défenseurs se retrouveront dans l'univers familier du cinéaste. Mais le film laisse un sentiment de "trash" bien inutile, doté de nombreuses incohérences et facilités qui ne feront pas de ce métrage un incunable du genre. Un HALLOWEEN 3-D a été annoncé dans la foulée par les frères Weinstein, mais avec un autre réalisateur (Patrick Lussier) et le tout pour fin 2010. Soit. Il faudra déjà que cet opus trouve le chemin des salles françaises. Mais aux vues des résultats mitigés et du manque de popularité de la saga HALLOWEEN en France, on ne peut que redouter au mieux une sortie technique ou au pire une sortie directe en DVD.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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