Header Critique : ASALTO A LA TIERRA (LE SATELLITE MYSTERIEUX)

Critique du film et du DVD Zone 2
ASALTO A LA TIERRA 1956

LE SATELLITE MYSTERIEUX 

Le Japon est en émoi. Les habitants de l'archipel sont les témoins d'apparitions d'ovnis. Face au phénomène, la communauté scientifique préfère ne pas se prononcer plutôt que de valider l'existence d'extraterrestres. En orbite autour de la terre, il y a pourtant bel et bien des êtres venus d'ailleurs qui vont changer la face du monde…

Parmi les studios japonais, quand il s'agit d'évoquer la science-fiction, on pense le plus souvent à la Toho. Pourtant, ce n'est pas la maison de production où naîtra Godzilla qui va être la première à se lancer sur ce créneau au Japon. Peu après la Second Guerre Mondiale, c'est un jeune studio qui va mettre en chantier le tout premier film de science-fiction avec THE TRANSPARENT MAN en 1949. Pas de chance pour Daiei Studios, le film va passer inaperçu. Quelques années plus tard, GODZILLA foule du pied le box office nippon ce qui évidemment provoque des remous au sein des autres studios. Daiei Studios va alors retenter sa chance en supplantant de quelques mois RODAN. Effet, LE SATELLITE MYSTERIEUX sera le premier film de science-fiction filmé en couleur au Japon. L'effort ne sera pas probant puisque le métrage n'enthousiasmera pas les foules. Quoi qu'il en soit, le studio va connaître beaucoup plus de succès quelques années après en suivant la recette des monstres géants avec la série des GAMERA. Justement, lorsque LE SATELLITE MYSTERIEUX arrive dans les salles au Japon, il y a peut être une déception du public en raison de quelques-uns uns des visuels promotionnels. En effet, certaines photos d'exploitations et affiches exposent de gigantesques créatures extraterrestres donnant l'impression de dépasser les immeubles. Certainement une tentative de se rattacher à la vague japonaise de monstres géants initiée par la Toho. Dans le film, aucune bestiole démesurée ne vient fracasser des immeubles ou menacer les petits terriens. LE SATELLITE MYSTERIEUX s'inscrit donc carrément en marge de la mode, du moins sur la forme. Pour couronner le tout, les extraterrestres du film adoptent un look des plus curieux. Rien de déstabilisant pour le Japon où le bestiaire des «Yokaï» adopte déjà des créatures aux formes souvent bizarres. Mais nos mignonnes étoiles pourvues d'un œil géant sur le bidon n'ont pas dû être des ambassadrices très convaincantes en occident. Les Etats-Unis vont d'ailleurs les bouder complètement et le film ne sera diffusé en Amérique qu'une dizaine d'années plus tard via les réseaux de télévision. Le film sera, en tout cas, distribué dans nos contrées et aura même droit à une diffusion dans les salles.

Si sur la forme, LE SATELLITE MYSTERIEUX ne ressemble en rien à GODZILLA. Mais, sur le fond, le film de Koji Shima a tout de même pas mal de points communs. Ainsi, on retrouve les interrogations du moment concernant le nucléaire. Des inquiétudes très clairement matérialisées dans les dialogues jusqu'à même évoquer que les Japonais sont plus à même d'évaluer les méfaits du nucléaire puisqu'ils en ont été, eux même, les victimes. Le Japon devient alors une sorte de médiateur faisant le lien entre les extraterrestres et le reste du monde. A l'instar du scénario de GODZILLA, on retrouve aussi un scientifique qui met au point une nouvelle énergie bien plus puissante encore que le commun des atomes. L'occasion pour le film de tergiverser un peu sur la responsabilité d'une énergie qui peut avoir autant des effets bénéfiques que dévastateurs. Des bouts de l'intrigue de GODZILLA sont donc bien présents mais LE SATELLITE MYSTERIEUX puise peut être beaucoup plus dans LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA. Ainsi, des êtres venus d'ailleurs apportent un message d'avertissement aux terriens qui pourraient bien faire sauter leur planète s'ils continuent à faire n'importe quoi. Le traitement de l'intrigue n'adoptera pas exactement le même sérieux que dans l'œuvre de Robert Wise. Une séquence renvoie d'ailleurs directement au JOUR OU LA TERRE S'ARRETA lorsqu'un extraterrestre est confronté à un tableau où sont écrites des équations scientifiques. Mais quelques rebondissements, particulièrement dans la première partie du film, semblent un peu puérils comme ces échanges entre extraterrestres qui s'offusquent qu'on puisse les trouver laids tout en regardant les images d'une humaine particulièrement moche, en fait une jolie pépée meneuse de revue dans un cabaret. Après avoir provoqué quelques frousses aux humains et loupé des rencontres du troisième type, nos extraterrestres décideront sagement de mettre au placard leurs panoplies d'étoile au grand œil. Transformé en jeune femme, l'un(e) des extraterrestres va alors prendre contact avec l'humanité ou plutôt un pan de la communauté scientifique japonaise. Heureusement, ils vont aussi abandonner leur langage d'une autre planète pour adopter le japonais, ce qui n'aidera pas plus les spectateurs français. On notera tout de même que les passages dialogués en langue extraterrestre sont sous-titrés à même l'image, pari audacieux surtout lorsque l'on entend le résultat.

Arrivé là, un tiers du métrage s'est déjà écoulé et il faudra tout de même commencer à discerner des bizarreries dans le déroulement de l'histoire. Car le récit du SATELLITE MYSTERIEUX est, de prime abord, simpliste mais multiplie les sous-intrigues. Le choix est plutôt pertinent de manière à renouveler ce qui se déroule à l'écran mais cela provoque surtout quelques incohérences. LE SATELLITE MYSTERIEUX va ainsi accumuler rencontre extraterrestre, enlèvement par des barbouzes et catastrophe planétaire. Sur ce dernier point, le film nous propose de revisiter quelque peu LE CHOC DES MONDES. Un astre incandescent menace de s'écraser sur Terre ce qui provoque raz de marée, tremblement de terre et surtout un réchauffement climatique des plus radical. Tous les éléments ont alors un peu de mal à s'emboîter alors qu'il s'agit de la partie la plus «mouvementée» du métrage. Au passage, on notera que le film nous montre les manchettes de journaux de plusieurs pays dont la France. La première page de ce journal francophone n'a, en tout cas, certainement pas été réalisé par une personne maniant à la perfection la langue française. Un détail amusant qui finit de donner au film un côté enjoué. En effet, il s'avère assez difficile de prendre au sérieux, aujourd'hui, LE SATELLITE MYSTERIEUX. Développant des thèmes graves, le film cumule aussi les séquences incongrues à l'instar d'un match de tennis où l'extraterrestre utilise un pouvoir qui ne dépareillerait pas dans les comédies fantastiques Disney des années 60. De même, l'utilisation d'une jeune femme dirigeant un spectacle dans un cabaret semble n'être parachuté là que pour nous proposer des intermèdes musicaux, un peu ringards, profitant des joies d'un tournage en couleurs.

Difficile de voir dans LE SATELLITE MYSTERIEUX un incunable de la science-fiction japonaise. Le film de Koji Shima n'en reste pas moins un spectacle honnêtement emballé dans un registre finalement assez proche du serial. L'aspect très curieux des extraterrestres ne manque pas non plus de charme offrant, plus qu'un effet risible, une sorte de touche poétique et naïve à un métrage qui se laisse regarder sans déplaisir.

Surprise, alors que l'Atelier 13 avait distribué GODZILLA dans sa version américaine, l'éditeur ne fait pas le même choix en ce qui concerne LE SATELLITE MYSTERIEUX. Il apparaît même important de le noter car le film est libre de droits aux Etats-Unis et est souvent distribué dans des conditions déplorables avec couleurs délavées, images velues et instabilité chronique. Le transfert proposé ici n'est pas exempt de défaut, les teintes des couleurs sont un peu fluctuantes et on pourra discerner des défauts de pellicule. Mais le rendu général est vraiment très largement satisfaisant. De plus, il s'agit du montage japonais présenté dans sa version d'origine. La seule piste est donc en japonais sous-titré au choix en espagnol ou en français. La bande son mono d'origine ne fera pas vraiment d'étincelle mais, au même titre que l'image, elle assure son travail de manière plutôt correcte.

En supplément, l'éditeur propose toujours un livret richement illustré mais entièrement en espagnol. Heureusement, les suppléments sur le DVD, comme le film, sont sous-titrés en français. On retrouve ainsi des filmographies à l'intérêt limité. Et pour cause, l'écran présentant la filmographie d'une actrice n'affiche qu'un seul et unique film ! Plus pertinent, le disque propose deux bandes-annonces japonaises diffusées l'une après l'autre. Enfin, comme le fait toujours l'éditeur, en complément de programme, on trouve un épisode d'une série télévisée. Ici, il s'agit d'un épisode de TALES OF TOMORROW intitulé «The Duplicates». Elle suit une histoire assez prévisible où un ingénieur est commandité par le gouvernement pour remplir une mission délicate sur une autre planète. Peu de suspense au rendez-vous, le traitement est ici des plus théâtral et la révélation finale est évidente un quart d'heure avant qu'elle ne survienne. Cela permet tout de même de découvrir une curiosité, à savoir une anthologie télévisuelle d'histoires fantastiques antérieures à LA QUATRIEME DIMENSION, la plus connue du genre. De plus, l'épisode est interprété par Darren McGavin et est réalisé par Don Medford.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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Un amusant film de science-fiction
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L'édition vidéo
UCHUJIN TOKYO NI ARAWARU DVD Zone 2 (Espagne)
Editeur
Atelier 13
Support
DVD (Simple couche)
Origine
Espagne (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h26
Image
1.33 (4/3)
Audio
Japanese Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Espagnol
  • Supplements
    • Bandes-annonces
    • Filmographies
    • Tales of Tomorrow : The Duplicates
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