En 1962, pendant la crise des missiles de Cuba, un sous-marin russe sombre en essayant de briser l'embargo des forces américaines. Une quarantaine d'années plus tard, un terroriste est arrêté après un attentat sur une ambassade américaine en Europe de l'Est. Il est alors décidé de le rapatrier discrètement aux Etats-Unis en le faisant voyager sous l'océan. Mais le voyage ne sera pas de tout repos puisque notre submersible va faire la rencontre d'une pieuvre géante…
Assez tôt dans sa carrière, le Britannique John Eyres va monter sa propre maison de production, EGM Film International. Il tournera ainsi quelques thrillers de science-fiction dont MONOLITH mais c'est surtout l'inattendu succès de SHADOWCHASER qui lui donnera l'opportunité de s'implanter aux Etats-Unis. Les suites de SHADOWCHASER se feront ainsi en collaboration avec les Américains de Nu Image. C'est d'ailleurs pour cette maison de production que John Eyres va emballer un métrage à base de créature géante. Mais le film n'a pas grand chose à voir avec la recette habituelle du genre et va proposer un surprenant cocktail dans lequel la créature n'est pas complètement au centre de l'intrigue. OCTOPUS démarre comme un thriller d'espionnage que l'on pourrait rapprocher des aventures vécues par le Jack Ryan de l'écrivain Tom Clancy. Le héros n'a rien d'un agent de terrain puisqu'il est analyste pour le compte du gouvernement américain. Suite à un attentat, il est obligé d'assumer des fonctions auxquels il n'est pas préparé. Les premières vingt minutes du film sont encore plus surprenantes en raison d'un prologue ambitieux nous décrivant un affrontement entre des submersibles avant de nous exposer un attentat plutôt meurtrier. OCTOPUS ose même exploser littéralement une fillette portant la bombe qui va pulvériser un immeuble quelques secondes après. Un préambule plutôt sombre et violent qui perd un peu de sa superbe à cause de l'interprétation des comédiens. Toutefois, il apparaît assez vite évident que le métrage va prendre une orientation plutôt décontractée qui cadrera un peu mieux avec le jeu des acteurs et, surtout, les moyens mis en œuvre.
Car il faut être tout à fait honnête, si de rares effets spéciaux font illusion, OCTOPUS affiche aussi quelques images qui sentent le tripatouillage numérique à l'instar des dernières minutes du film. On notera, au passage, que le film partage des images, celles de l'affrontement sous-marin dans le prologue, avec EXPLOSION IMMINENTE, autre production Nu Image, interprété par Steven Seagal, Dennis Hopper et Tom Sizemore. Difficile de savoir qui a repiqué les bouts de pellicule de l'autre même si l'on sera tenté de penser que EXPLOSION IMMINENTE est le coupable puisqu'il pioche aussi dans deux métrages avec Dolph Lundgren, toujours de la même maison de production, à savoir ETAT D'URGENCE et LES DEMINEURS. A ce propos, malgré son orientation musclée, il s'avère que OCTOPUS ne met en scène aucune des «vedettes» qui apparaissent pourtant dans d'autres métrages de Nu Image. On reconnaît quelques seconds rôles à l'instar de Ricco Ross ou bien Ravil Isyanov mais pour le reste, il faudra composer avec les têtes plus anonymes de Jay Harrington, Carolyn Lowery ou David Beecroft.
En tout cas, à l'issue d'OCTOPUS, on retiendra surtout la générosité d'un scénario qui essaie de renouveler sans cesse l'action. Voilà qui n'est pas banal même si cela n'est pas totalement original puisqu'il suffit de réfléchir un peu pour dégotter des métrages d'aventures ou des thrillers épiçant leur récit à coup de bestioles bouffeuses d'hommes. Néanmoins et ce même s'il n'est pas crédible un instant, OCTOPUS réussit à divertir en accumulant attentat, poursuites, explosion de voitures, affrontements musclés, prise d'otages, militaires à bord d'un sous-marin… Car la force du film, c'est justement de ne pas être ennuyeux. Evidemment, nous ne sommes pas face à une grosse production et il faudra être indulgent vis à vis de certaines séquences improbables, des dialogues un peu «too much» ou bien le manque de cohérence. Par exemple, lorsque le commandant d'un sous-marin atomique cherche un dangereux terroriste, il apparaît peu logique qu'il prenne un petit pistolet pour aller lui-même fouiller son navire sans prévenir l'équipage. Peu importe puisqu'il ne faut peut être pas trop chercher de la logique dans un film nous présentant une pieuvre géante. Car justement quand nos héros se mettent des coups de poing dans le pif, la pieuvre distribue des mandales au sous-marin qui semble n'être qu'un vulgaire jouet en plastique dans ses impressionnants appendices. Bon, soyons réaliste, il s'agit sûrement d'un jouet en plastique. Mais cela s'avère toujours plus vraisemblable que des tentacules numériques s'infiltrant à l'intérieur du sous-marin pour y agripper quelques membres d'équipages. Les scénaristes ont d'ailleurs eu une idée assez amusante pour expliquer l'agressivité de la bestiole. Amusant, c'est très certainement l'adjectif qui conviendra le mieux à cet OCTOPUS à défaut de le qualifier de passionnant.
OCTOPUS était déjà sorti en DVD dans nos contrées il y a quelques années. Il ressort en 2009 dans une édition minimaliste puisque l'on y trouve seulement le film. Aucun supplément dans le fond du DVD et il n'y a même pas de menu spécifique au chapitrage du film. Il y a toutefois bien des chapitres tout au long du métrage et il faudra utiliser les touches de la télécommande pour les utiliser. Quoi qu'il en soit, on ne saute pas au hasard dans un film et il est probable que l'option permet de lancer le film devrait suffire. Heureusement, un autre menu est beaucoup plus indispensable à nos yeux. Il est présent et il permet de sélectionner au choix la version originale sous-titrée ou le doublage français. La version française n'est pas très convaincante d'un point de vue artistique et elle est proposée en stéréo ce qui ne la rend pas non plus très spectaculaire. Au contraire, la version originale se fait beaucoup plus agressive avec un Dolby Digital 5.1 s'amusant à balancer des effets arrières assez régulièrement. Ce n'est pas plus naturel mais cela participe au spectacle ! L'image est, quant à elle, proposée dans un transfert 16/9 qui, sans être exceptionnel, est plutôt honnête. Les couleurs sont franches et la définition dans la bonne moyenne de ce que l'on voit aujourd'hui en DVD. Néanmoins, il faut tout de même noter l'apparition de quelques soucis numériques lors de quelques plans se déroulant dans la pénombre des eaux profondes.