Le chef de train et deux passagers sont confrontés à un dilemme alors qu'ils voyagent de nuit durant les fêtes de Noël. Un homme vient de mourir accidentellement avec dans les mains un objet dont la valeur ne peut pas laisser indifférent. Ils décident de se débarrasser du cadavre et de partager le butin. Cela paraît simple mais ce n'est que le début d'un carnage à bord du train…
Avant de passer à la réalisation, Brian King avait déjà écrit des scénarios et plus particulièrement celui de CYPHER de Vincenzo Natali, Un thriller paranoïaque de science-fiction bien plus proche de l'univers de Philip K. Dick que la plupart des adaptations officielles de l'écrivain. Avec NIGHT TRAIN, le scénariste passe à la vitesse supérieure et ne se contente plus de simplement signer l'écriture du film. Il devient donc réalisateur avec un métrage au budget très limité. Ce manque de moyen se fait cruellement sentir dès que la caméra s'égare à l'extérieur de son décor principal. Le film a clairement été tourné en grande partie en studio alors que les scènes extérieures sont avant tout composées d'images de synthèse. Les plans du train sont à vrai dire biens visibles et lui donnent un côté très factice qui dessert un peu la crédibilité de l'intrigue. De même, l'organisation interne du train est un peu surprenante avec son salon particulier bien éloigné des transports en commun dont nous avons l'habitude. Il faut croire que Brian King semble vouloir nous proposer une histoire hors du temps tout en essayant de retrouver les ambiances des époques passées. Comme son architecture, le mobilier du train ne laisse planer aucun doute à ce sujet. Des choix qui peuvent s'expliquer par les influences auxquelles se rattache le cinéaste puisqu'il a lui-même déclaré s'être inspiré de Films Noir tels que LE FAUCON MALTAIS pour l'écriture de NIGHT TRAIN. D'ailleurs, certains des personnages empruntent leurs noms à des protagonistes du film de John Huston. Sans compter que l'intrigue tourne autour de la possession d'un objet au contenu mystérieux et pour lequel pas mal de monde est prêt à s'entre-tuer que ce soit pour l'appât du gain ou bien d'autres considérations plus nébuleuses. Pourtant, lorsque le film débute, NIGHT TRAIN donne un peu l'impression de nous proposer une version ferroviaire de PETITS MEURTRES ENTRE AMIS. Face à une fortune et un cadavre, les personnages principaux décident de faire disparaître le macchabée et toucher le pactole. La cupidité poussera les uns et les autres à se tirer dans les pattes. Une fois mise en place, l'intrigue va alors se tourner bien plus vers le Film Noir avec policier, personnages mystérieux et même une «femme fatale». Le scénario s'avère d'ailleurs assez malin sur ce dernier point dans l'évolution du personnage interprété par Leelee Sobieski.
Bien que pétri de bonnes intentions et d'idées surprenantes, NIGHT TRAIN a parfois du mal à proposer une disposition cohérente du train qui devrait être obligatoirement linéaire. Cela provoque ainsi une certaine confusion où des passagers semblent être présents ou absents en fonction du déroulement de l'intrigue. On pourra aussi ne pas trouver très malin la façon dont est décrit l'un des passagers ce qui déflore dès sa première apparition l'une des révélations finales. Néanmoins, cela ne pose pas tant de problème lors de la vision de NIGHT TRAIN. Ce qui s'avère réellement handicapant, ce sont avant tout quelques rebondissements peu probants. Ainsi, il est difficile de croire que l'on puisse étouffer une personne dans une couchette d'un wagon-lit avec le modus operandi utilisé. Mais, surtout, un cinéaste aguerri aurait sûrement dynamisé la mise en images de manière à nous faire oublier le manque de moyens du film. Car NIGHT TRAIN, particulièrement dans toute sa première partie, est un peu plan-plan. Cela donne parfois l'impression de découvrir une pièce de théâtre filmée et accentue l'artificialité de l'ensemble. Même dans le domaine de l'horreur, le cinéaste prend le parti de proposer un démembrement «gore» peu réaliste. Un poil décevant surtout que le métrage bénéficie d'acteurs qui ont de la bouteille à l'instar de Danny Glover. Le film met aussi en scène Steve Zahn qui avait déjà partagé l'écran avec Leelee Sobieski dans UNE VIREE EN ENFER.
NIGHT TRAIN n'est pas pour autant un spectacle désagréable. Le film se suit sans trop d'ennui et propose quelques rebondissements sympathiques. Pas de quoi s'enthousiasmer plus que ça à propos du métrage de Brian King, thriller anecdotique et sans grande envergure. Notons, en tout cas, que la photographie de NIGHT TRAIN est plutôt soignée ! Pour terminer, il faut préciser que le film donne l'impression de prime abord d'être bien éloignée du Cinéma Fantastique mais un élément surnaturel, impossible à dévoiler ici, s'invite en cours de métrage. Un aspect purement «Fantastique» qui n'est pas réellement exploité et dont l'intrigue générale aurait pu se passer sans que l'histoire ne s'effondre.
Europa Corp Distribution propose de voir NIGHT TRAIN sur un DVD où le film est traité très honnêtement d'un point de vue technique. L'image est plutôt jolie et retranscrit assez bien les couleurs des décors, en particuliers ceux avec des guirlandes électriques de Noël. Côté son, il est possible de choisir des pistes Dolby Digital 5.1 ou stéréo que ce soit pour la version originale anglaise ou le doublage français. Les pistes 5.1 sont agréables mais, à vrai dire, peu spectaculaires pour une expérience en multi-canaux.
L'éditeur ne semble pas trop se faire d'illusion concernant l'attrait du métrage puisque la partie interactive est quasiment inexistante. Le making-of ou encore les interviews présentes sur les éditions vidéo américaines ont disparues. On ne trouve même pas la bande-annonce de NIGHT TRAIN. Seul véritable supplément, des bandes-annonces d'autres titres à sortir chez l'éditeur sont proposées à l'insertion du disque. Des bandes-annonces de STAG NIGHT, VILLA AMALIA ou LE MISSIONNAIRE qui sont ensuite totalement occultées des menus du DVD. Enfin, la jaquette est un poil mensongère puisque l'on peut y voir un homme en costard cravate armé d'un hachoir, ce qui n'apparaît pas dans le film. Cet élément et l'accroche «Dernier arrêt avant l'abattoir» donne l'impression de vouloir se raccrocher aux wagons de MIDNIGHT MEAT TRAIN ou, en tout cas, mal aiguiller les spectateurs.