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Critique du film
BLACK 2009

 

Après avoir perdu quelques comparses dans une attaque à main armée, Black se cloître dans son appartement parisien le temps que tout cela se tasse. La chance semble tourner quand un cousin africain le contacte pour lui proposer une affaire en or ; braquer une banque de Dakar qui vient de recevoir une fortune en diamants…

Dès son générique, BLACK séduit avec ses images de Paname filmée comme une cité hollywoodienne et arrosée d'une variation funky du «Ainsi parlait Zarathoustra» de Richard Strauss. Une entrée en matière bougrement réussie qui nous prend par surprise car, reconnaissons-le, BLACK sort un peu inopinément. En effet, ce nouveau film de genre à la Française est plutôt passé inaperçu jusqu'ici et ne suscite dès lors aucune attente. Honnêtement, le premier long métrage signé Pierre Laffargue n'est pas la bombe du siècle en ce qu'il accuse un certain nombre de lacunes. Pourtant BLACK respire la bonne humeur et la décontraction sur quasiment toute sa durée. Et c'est tant mieux puisque cette modestie permet de passer outre les anicroches d'une oeuvre qui, en effet, reste inégale. Ainsi, BLACK parvient sans peine à faire oublier ses multiples défauts en les contrebalaçant régulièrement par une idée ou un bout de dialogue approprié. La chose s'avère assez flagrante dans le braquage qui ouvre le film. Energique, cette scène se caractérise également par d'étranges choix de montage dont une répétition de séquence sous deux angles différents. Un procédé qui ne fonctionne plus vraiment de nos jours et qui pourrait plomber l'ambiance. Mais il ne faut pas attendre longtemps pour que le cinéaste redynamise l'ensemble via un rebondissement, une courte scène, qui renverra directement le spectateur au cinéma d'antan, celui qui fut à l'origine d'images inoubliables telle celle de Bébel sur les toits du métro dans PEUR SUR LA VILLE. Les auteurs se revendiquent pourtant bien plus de ce que l'on appelle la Blaxploitation. Néanmoins, l'ombre du polar et du cinéma d'aventure français des années 60/70 semble tout autant présente dans les deux premiers tiers de BLACK. Un vrai divertissement, donc !

Sans être parodique, le film opte tout de même pour un second degré a priori casse gueule. A ce titre, l'interprétation de certains seconds rôles verse dans la surenchère. Néanmoins, la piètre prestation de quelques comédiens ne déstabilise pas tant puisqu'elle correspond à l'univers franchement surréaliste dépeint ici. Pour peu que l'on adhère à l'humour et aux situations foutraques, BLACK amuse autant qu'il donne envie de découvrir quelles nouvelles idées vont être exploitées. Toutefois, le film tend à s'essouffler dans sa dernière partie, précisément celle qui puise dans un genre fantastique jusque là absent du métrage. Une portion guère probante car déséquilibrant quelque peu l'histoire. Excessivement sérieuse, cette partie n'enthousiasme pas vraiment, bien au contraire. À l'origine intéressants,le mysticisme et les superstitions africaines servent un affrontement final un peu ringard. L'épilogue de BLACK souffre d'un parti pris équivalent et cela même si finalement il respecte assez bien sa source d'inspiration. Mais peu importe et nous ferons autant preuve d'une indulgence similaire pour le montage aléatoire et peu naturel de certains échanges dialogués ou l'utilisation d'effets gratuits comme les noms de l'équipe de braqueurs qui s'inscrit en guise de présentation. Oui, peu importe car BLACK se montre ultra généreux. Pas en termes de moyen mais davantage d'inventivité. De nombreuses scènes deviennent ainsi mémorables tel ce passage onirique, certes assez branque, avec des morts-vivants. On saluera aussi le rappeur MC Jean Gab'1 qui sans livrer une interprétation digne de l'Actor's Studio - loin de là ! - fait souvent preuve d'une gouaille imparable.

BLACK, c'est aussi une excellente initiative, celle de déplacer son gangster parisien en Afrique, et plus particulièrement dans l'ambiance singulière de Dakar. Décor parfait dont les cinéastes (producteur, réalisateur et scénaristes) ont su capter l'atmosphère afin d'organiser un improbable ballet de trafiquants, mercenaires, braqueurs, flics, lutteurs, marabouts et autres sorcières. Autant dire qu'on en a pour son argent avec un spectacle sur lequel vient se greffer une impeccable sélection musicale… Objectivement imparfait et bancal, BLACK demeure pourtant extrêmement distrayant et entraînant !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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