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Critique du film
VERTIGE 2009

 

A l'instar d'autres pays européens, la France n'est pas en reste avec les productions horrifiques mais force est de constater que les résultats ne sont pas toujours à la hauteur de nos attentes. C'est sans compter avec cette bande qui coiffe tout le monde au poteau : VERTIGE d'Abel Ferry, petit film qui ne paie pas de mine mais ô combien énorme de par le rush d'émotions qu'il procure !

Le métrage concerne cinq jeunes qui partent escalader une via ferrata en Croatie mais la montagne n'est pas la seule épreuve auquelle ils vont être confronté. Le propre d'une excellente histoire est de pouvoir la résumer en une seule phrase et même si vous avez l'impression de l'avoir déjà entendue auparavant, ne reculez pas devant l'apparente simplicité de la chose. Car le scénario en béton armé contient moult rebondissements inattendus et réussit de surcroît l'exploit pourtant difficile de créer l'empathie avec certains personnages antipathiques au possible. Un tel soin apporté à l'écriture fait réellement plaisir à voir dans la morne plaine des récentes tentatives dans le cinma de genre français dont certaines ne semblent exister que pour de mauvaises raisons. Ici, point de mégalomanie à l'horizon, juste un jeune réalisateur ayant concocté avec réel talent une ambiance aussi tendue que les cordes de grattes de Motörhead et qui ne relâche personne jusqu'à la dernière image.

Dans une caractérisation sans failles où personne n'est ni blanc ni noir, chaque personnage trouve écho chez le spectateur. On connaît tous la difficulté de s'intégrer dans un groupe d'amis déjà solide et c'est l'obstacle principal de Loïc (Johan Libéreau). Nouveau petit ami de Chloé (Fanny Valette), il doit également subir la présence inattendue de son ex, Guillaume (Raphaël Lenglet). S'ensuivent les inévitables tensions entre les deux jeunes hommes qui vont se transformer en un combat beaucoup plus mortel dont nous vous réservons les surprises. Le groupe est complété par le meneur Fréd (Nicolas Giraud) et sa petite amie Karine (Maud Wyler). En sachant que le film a été tourné en décors réels, il convient de saluer l'équipe d'avoir autant subi et assuré pour la partie escalade. La seule débutante devant la caméra est Maud Wyler mais cela ne se ressent à aucun moment. A parfaite égalité de jeu avec ses camarades, chacun insuffle une vraie vie à son rôle et l'on se surprend à avoir une réelle compassion pour eux et leur destin.

La première partie nous montre le petit groupe grimper cette fameuse via ferrata, une sorte de chemin d'escalade où l'on est aidé par des câbles et des marches en fer rudimentaires. Cette partie fonctionne autant sur le plan exposition puisque tout le monde se révèle sous pression que comme une mise en bouche d'une tension sans cesse croissante. Nous ne pouvons passer sous silence le passage de la passerelle, un grand moment de terreur où l'on a nul besoin de souffrir de vertige pour retenir son souffle et s'accrocher aux accoudoirs de son siège. Le film bascule ensuite naturellement dans sa partie survival qui n'a rien à envier à ce qui précède. Mais au lieu d'innover dans les meurtres, Abel Ferry a choisi de nouvelles façons de les mettre en scène, sans doute un peu poussé par le manque de moyens aussi. Cela donne lieu à plusieurs passages savoureux, en particulier lors d'une agression se déroulant entièrement dans le noir. Les seuls bruits sont les cris et les gémissements de la victime, ponctués de son appareil photo dont le flash éclaire à peine l'agresseur qui approche.

L'identité des chasseurs n'est astucieusement révélée qu'à la fin du métrage et surprend là encore par une originalité qui risque de décevoir ceux qui s'attendent à une explosion d'horreur. Mais au contraire, ce choix est aussi intelligent et efficace que le reste du film qui ne recule devant aucune brutalité. Plus méchant que vraiment gore, Abel Ferry va jusqu'au bout des choses, dépeignant une violence sauvage où les personnages puisent au fond de leur désespoir dont la survie reste la motivation principale. Ce qui n'empêchera pas certains de suivre un agenda plus personnel dont ils paieront le prix fort.

Sur un plan plus technique, Abel Ferry emploie à bon escient le format 2.35 pour un rendu magnifique des paysages Savoyens faisant office de montagnes croates. Certaines prises de vue sont proprement hallucinantes lorsque le groupe grimpe la via ferrata et même si la caméra à l'épaule fait partie du voyage par la suite, Abel Ferry n'en abuse pas, se contentant d'intégrer cet effet vite insupportable aux scènes d'action pure. Nous aimerions également accorder plein de bons points au compositeur Jean-Pierre Taieb pour une musique relevant de manière impeccable les émotions véhiculées dans les différentes scènes.

Il semblerait que le survival ait encore de beaux jours devant lui mais il conviendrait toutefois d'instaurer une loi contre l'utilisation des pièges à loups parce que l'idée s'est déjà essoufflée depuis longtemps et ne surprend plus personne. Ce petit bémol n'est cependant pas grand chose au sein d'une production qui tient toutes ses promesses et même davantage.

Rédacteur : Marija Nielsen
55 ans
98 critiques Film & Vidéo
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