Header Critique : VAMPIRES, LES (I VAMPIRI)

Critique du film et du DVD Zone 2
LES VAMPIRES 1956

I VAMPIRI 

Des meurtres étranges sont perpétrés à Paris. En effet, des cadavres de jeunes femmes disparues depuis quelques jours, sont retrouvés complètement vidés de leur sang. Obsédé par cette histoire, le journaliste Pierre Lantin enquête afin de faire toute la lumière sur le tueur en série qui sévit dans la capitale.

Au milieu des années 50, Riccardo Freda tourne des péplums et films de cape et d'épée avec un certain panache. Mais alors que la mode ne s'y prête guère au regard des genres alors en production en Italie, il se lance dans LES VAMPIRES. Comme son titre l'indique, le film tend donc vers l'épouvante. Pourtant, on pourrait assez facilement rapprocher ce métrage des œuvres précédentes du cinéaste. Car si LES VAMPIRES narre un récit contemporain, il possède des aspects qui le rapproche des films en costumes. A la même période que LES VAMPIRES, Riccardo Freda va d'ailleurs réaliser sa version de l'histoire de Béatrice Cenci avec LE CHATEAU DES AMANTS MAUDITS. De manière équivalente, LES VAMPIRES s'inspire assez nettement, lui aussi, d'un personnage réel ayant vécu au XVIème siècle. Car cette fiction est une adaptation contemporaine, précisément axée sur les années 50, des mythes liés à la Comtesse Bathory. L'occasion, pour le métrage de mêler assez adroitement le gothique poussiéreux des châteaux avec la rue dans ce que cette dernière a de plus moderne. Il s'agit également ici de confronter la perversité de l'aristocratie avec la normalité du «petit peuple». Déjà très récurrent, car clairement manichéen, dans le domaine du film en costumes, le thème sera aussi au centre de nombre de productions de la Hammer qui se lancera dans l'horreur gothique juste après. Pourtant, LES VAMPIRES ne va pas donner le coup d'envoi d'une vague horrifique en Italie. Peut être un peu en avance sur son temps, l'oeuvre effleure l'épouvante. Ainsi, l'intrigue privilégie bien plus son ambiance de «serial» romanesque au détriment de l'horreur pure. Affichant des expériences médicales s'éloignant du serment d'Hippocrate, LES VAMPIRES semble aussi devancer le classique LES YEUX SANS VISAGE et, bien évidemment, L'HORRIBLE DOCTEUR ORLOF d'autant qu'ils partagent tous, en quelque sorte, une esthétique commune entre autres issue de leur tournage noir et blanc. Quoiqu'il en soit, il faudra en tout cas attendre que les Britanniques de la Hammer imposent la couleur dans le cinéma d'épouvante gothique pour que la production italienne se lance enfin dans le genre un peu plus tard.

Bien qu'initié par Riccardo Freda, le cinéaste va progressivement se désintéresser du film pour finalement quitter le tournage. La production demande alors au directeur de la photographie de boucler le métrage. Ce n'est pas vraiment une première pour Mario Bava qui œuvre dans l'ombre en éclairant au mieux les oeuvres des autres depuis pas mal d'années déjà. D'ailleurs, la même mésaventure se répètera sur le tournage de CALTIKI, LE MONSTRE IMMORTEL où l'artiste sera une fois de plus amené à boucler le film suite à une nouvelle disparition de Riccardo Freda. C'est d'ailleurs grâce à CALTIKI, LE MONSTRE IMMORTEL que le directeur de la photographie aura l'opportunité de devenir réalisateur à part entière avec LE MASQUE DU DEMON. Dans ce dernier film, Mario Bava va peaufiner une séquence de transformation saisissante qu'il a déjà utilisé sur LES VAMPIRES, objet de la présente chronique. Même avec de petits moyens, le cinéaste créée l'illusion grâce à un savant jeu d'éclairage et un montage parfait de manière à produire des effets spéciaux à l'origine d'une surprenante transformation. De même, comme il le fera tout au long de sa carrière, Mario Bava manipule l'image et le spectateur car si l'action se déroule à Paris et dans sa région, l'équipe de tournage n'a jamais mis les pieds hors de l'Italie ce qui n'empêche pas de placer régulièrement les personnages non loin de monuments connus. Si les astuces sont parfois visibles, surtout aujourd'hui, le film se tient de bout en bout en suivant un récit truffé de rebondissements, certes pas toujours utiles, mais permettant de suivre sans ennui le film.

LES VAMPIRES met curieusement en avant Carlo D'Angelo, acteur peu charismatique dont la carrière est clairement le reflet. Gianna Maria Canale, compagne de Riccardo Freda, s'avère bien plus convaincante tout comme Paul Muller en homme de main contraint d'assumer de basses besognes ou bien Antoine Balpêtré incarnant un scientifique peu regardant sur les méthodes employées. Mais LES VAMPIRES se pare d'une surprenante personnalité à son générique puisque le film a été réalisé en véritable CinémaScope, mais en noir et blanc. Pour éviter cet onéreux procédé cinématographique, les Italiens trouveront néanmoins des parades pour tourner plus tard en format large. Néanmoins, l'utilisation du CinémaScope au sein d'une petite production tel que LES VAMPIRES est plutôt atypique mais renforce, grâce aux talents combinés de Freda et Bava, les qualités du film.

Disponible en DVD depuis très longtemps aux Etats-Unis, LES VAMPIRES arrive enfin dans une édition francophone. Carlotta Films propose de redécouvrir le métrage dans une nouvelle copie remasterisée. Présentée au format cinéma respecté dans un transfert 16/9, l'image du film alterne des différences de qualité. Pas vraiment un défaut du DVD mais plutôt le reflet des prises de vues d'origine auquel il faudra, en plus, ajouter les effets spéciaux rudimentaires. Ainsi, la netteté, et donc la définition, varie d'un plan sur l'autre. Peu gênant, au final, le transfert s'avère en tout cas très largement regardable et permet de revoir le film agréablement.

Une seule piste sonore est proposée. Il s'agit de la version italienne en mono d'origine sur laquelle s'affiche un sous-titrage français. On ne trouve donc pas de doublage français sur ce DVD. L'unique piste audio remplit son office en se montrant honnête, sans plus. En supplément, on trouve une interview montée en parallèle avec des extraits du film ou un extrait d'une émission de télévision italienne que l'on retrouve, d'ailleurs, en intégralité sur le DVD de LA BAIE SANGLANTE sorti à la même date. L'intervenant n'est autre que Jean-Pierre Dionnet qui couvre la plupart des aspects du film de manière réussie.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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Une astucieuse actualisation de plusieurs mythes
Un film fort sympathique
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L'édition vidéo
I VAMPIRI DVD Zone 2 (France)
Editeur
Carlotta
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h18
Image
2.35 (16/9)
Audio
Italian Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
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