Nandita est un mannequin à succès que Yash, son compagnon, vient de demander en mariage à grand renfort de bague disproportionnée et d'appartement classieux. Tant de bonheur n'obscurcit cependant pas la vision de la demoiselle qui remarque bien vite qu'un étrange individu semble la suivre... Apeurée, Nandita tente d'éviter la confrontation mais le jeune homme finit par la provoquer. Il lui révèle alors qu'il est un artiste peintre dont les œuvres sont issues de visions qu'il ne maîtrise pas. Or depuis plusieurs mois, ses toiles représentent Nandita au cœur d'un univers sombre et inquiétant. La dernière en date s'avère encore plus préoccupante puisqu'elle dévoile la jeune femme inerte et baignant dans son sang. Prithvi, le peintre, propose bien évidemment son aide mais Nandita perd peu à peu pied avec la réalité. Sujette à de nombreuses et horribles visions, la demoiselle agit en dépit du bon sens et semble précipiter sa fin de manière inexorable…
C'est en 2000 que déboule sur les écrans le thriller surnaturel APPARENCES de Robert Zemeckis. Bien qu'il n'ait rien d'une franche réussite, son orientation «grand public» et son duo de stars lui permettent cependant d'engranger rapidement un large tapis de billets verts. L'année suivante, le DVD du film arrive logiquement dans les bacs avec pour bonus une Featurette pompeusement intitulée «La réalisation du Thriller parfait». Que voilà une chose intéressante ! De l'horreur familiale génératrice d'argent avec, en plus, une notice explicative qui «détaille» comment doit s'y prendre un réalisateur ! A Bombay, ce genre de choses ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd et le clan Bhatt s'empare donc rapidement du concept… Sans surprise, les salles indiennes accueilleront alors RAAZ en 2002. Si la chose n'a rien d'officielle, le film n'en demeure pas moins un remake du film de Zemeckis et en reprend d'ailleurs toutes les ficelles, aussi grosses soient-elles. Réalisé par Vikram Bhatt, RAAZ remportera un grand succès et sa bande originale, composée par le talentueux duo Nadeem-Shravan, en fera tout autant. Bien que la chose soit assez peu courante à Bollywood, Mukesh Bhatt décide donc de produire une suite sobrement intitulée RAAZ, LE MYSTERE CONTINUE.
Reste que si mystère il y a, c'est bien au niveau du titre qu'il faut le chercher. En effet, bien qu'il reprenne le nom de RAAZ, ce nouveau film n'est en réalité pas une suite et peut donc être découvert de manière totalement autonome. Seules l'ambiance et la forme demeurent en réalité comparables, notamment avec un recours régulier aux effets «faciles» destinés à faire sursauter le spectateur… Outre cela, l'influence d'APPARENCES s'amenuise et c'est plutôt du côté du cinéma japonais que le film ira chercher son inspiration. RING, DARK WATER et THE GRUDGE se retrouvent donc tous dans ce RAAZ, LE MYSTERE CONTINUE inspiré, allant même jusqu'à repiquer quelques séquences clef. Même si l'absence de cheveux gras est notable, les séquences du puits, du miroir et les nombreuses apparitions spectrales ne trompent pas. Fort heureusement, le réalisateur Mohit Suri a déjà quelques expériences dans le domaine du Thriller (KALYUG, ZEHER) et digère les rouages de ses influences fantastiques sans trop de mal. Les croyances indiennes et la notion de «pureté» (des sentiments) se retrouve ainsi au cœur d'un récit qui, bien qu'assez convenu, s'avère plutôt maîtrisé.
Les séquences horrifiques fonctionnent pour leur part de manière honorable, en partie grâce à un visuel soigné et des images de synthèse plutôt léchées pour une œuvre Bollywoodienne. Nous noterons d'ailleurs que le numérique est ici omniprésent, servant aussi bien à créer des plaies sur les visages que des vaches enragées, violentes à l'image de celles vues dans DEAD MEAT, ou plus récemment LES CHATIMENTS. Cette surenchère d'effets, pas toujours égaux, aurait fort pu se montrer nuisible à l'ensemble mais reconnaissons que cela se marie finalement assez bien avec les décors de studio, eux-mêmes surchargés. Le jeune Mohit Suri nous apparaît au final comme un honnête artisan et le montre du reste en tirant le meilleur de chaque séquence. Le positionnement de sa caméra s'avère ainsi souvent malin et original, créant une œuvre globalement dynamique. «Globalement» seulement car à côté de cela, RAAZ, LE MYSTERE CONTINUE souffre de quelques lenteurs dues à une durée assez peu commune pour ce type de métrage.
En effet, les métrages Bollywoodiens sont assez connus pour excéder deux, voire trois heures. La chose s'explique cependant assez facilement par la dualité des oeuvres, faisant jongler n'importe quel genre cinématographique avec la comédie romantique. RAAZ, LE MYSTERE CONTINUE ne suit pas véritablement ce schéma dit Masala et «gomme» sa romance pour la réduire à quelques minutes seulement. Le métrage paraîtra donc plus «digeste» aux spectateurs non coutumiers des œuvres indiennes mais ne pourra guère justifier sa durée excédant les 137 minutes… Quelques passages à vide se feront ainsi sentir, de même que quelques redondances. Les jeux de Kangana Ranaut et Adhyayan Suman n'arrangeront pas vraiment les choses tant le duo semble assez peu à l'aise dans le registre de l'horreur. La star Emraan Hashmi est pour sa part plus convaincante et, malgré une présence à l'écran minimisée, portera sur ses épaules un final des plus étonnants…
Terminons notre tour d'horizon en évoquant les inévitables chansons du métrage. A l'origine, le duo Nadeem-Shravan ayant contribué au succès de la bande originale de RAAZ devait revenir pour cette fausse suite. Cela ne se fera finalement pas et c'est le petit nouveau Raju Singh qui héritera de cette lourde responsabilité. Le résultat sera à la hauteur des attentes avec des sonorités tour à tour nerveuses et tourmentées, mêlant électronique et instruments traditionnels. Ces différentes performances musicales s'intègrent au métrage avec une étonnante fluidité, épaulant voire portant le film en de nombreux instants. Cette bande originale participera indiscutablement au succès du métrage qui, bien qu'inégal, rencontrera un vif succès public. RAAZ, LE MYSTERE CONTINUE s'est donc imposé sans mal comme le premier blockbuster indien de l'année 2009 et devrait engendrer rapidement une nouvelle suite dans laquelle Emraan Hashmi reprendra son rôle de peintre extralucide…
Bien que sorti en salle en janvier 2009, RAAZ, LE MYSTERE CONTINUE a trouvé assez rapidement le chemin des bacs à DVD du côté de l'Angleterre mais aussi de la France. Dans l'hexagone, c'est Bollywood Zone qui se charge de nous faire découvrir le film. Comme son nom l'indique, cet éditeur est spécialisé dans la parution française de films indiens. La chose est d'autant plus louable qu'elle permet d'accéder à des œuvres plutôt prestigieuses et ce dans d'excellentes conditions. Pour RAAZ, LE MYSTERE CONTINUE, Bollywwod Zone a décidé de faire l'impasse sur les bonus mais affiche en contrepartie un prix des plus attractifs puisqu'inférieur à 8 euros !
Pour cette somme, vous aurez donc accès au film dans une copie plutôt propre au ratio 2.35 respecté. L'encodage 16/9ème se montre efficace, aussi bien en terme de définition que par la richesse de ses couleurs. Quelques soucis de compression se feront clairement sentir mais à côté de cela, les contrastes tiennent la route et les noirs sont assez denses. Sur le plan sonore, nous aurons bien évidemment droit à la piste hindi originale encodée dans un Dolby Digital 5.1 bougrement efficace. La précision des différents canaux se montre étonnante et la spatialisation participe pour beaucoup dans l'immersion du spectateur. Les enceintes surrounds seront très souvent sollicitées, que ce soit lors des moments d'angoisse ou dans les phases chantées, particulièrement énergiques. Afin de rendre l'œuvre accessible aux humbles francophones, Bollywood Zone a bien évidemment ajouté à son disque un sous-titrage anglais mais aussi français. Celui-ci s'avère très correct même si nous noterons quelques fautes d'orthographes persistantes ainsi qu'une poignée de maladresses dans le choix des mots. Malgré ce bémol un brin tatillon, saluons l'éditeur qui nous livre un travail professionnel et non une bête traduction mot à mot. Terminons en précisant que le disque offre, conformément aux habitudes indiennes, un chapitrage par chanson en plus du chapitrage classique.