Une jeune fille fugueuse et toxicomane est exploitée sexuellement pour les besoins d'un film pornographique underground. «Payée» avec de la drogue, elle décèdera d'une overdose quelques heures plus tard. Son père, Christian (Peter Marshall), ne va pas supporter la découverte des dernières heures de sa fille. Fou de haine et de chagrin, il va remonter le fil de la société productrice du film porno pour faire payer ceux qu'il juge responsables de la mort de son enfant.
THE HORSEMAN est un film australien écrit et réalisé par le nouveau venu Steven Kastrissios. Les quelques lignes du résumé ne sont pas là pour nous tromper sur la marchandise. Nous avons ici à faire à un film de vengeance se voulant résolument méchant, comme une sorte de version hardcore de HARDCORE de Paul Schrader où Georce C. Scott se serait transformé en brute épaisse adepte de la torture. Oui, THE HORSEMAN est un film qui va loin dans le trash. Christian n'hésite pas à tabasser durement ses victimes, avant de leur faire vivre des supplices au niveau de leur intimité pour enfin les tuer froidement. Les premières minutes du film nous donnent à penser que le métrage n'est qu'un spectacle complaisant de plus, profitant de la vague d'horreur «dure» de ces dernières années pour pimenter la recette éculée du film de rétribution. Heureusement, THE HORSEMAN nous prouve vite qu'il vaut mieux que ça, beaucoup mieux…
On ne peut pas nier que le film de Kastrissios est un spectacle extrêmement violent et rugueux (on frissonne encore du gros plan de téton arraché à la pince). Mais au lieu de se reposer sur ses effets chocs (le découpage joue quand même majoritairement la carte du hors champs), le jeune metteur en scène choisit de se concentrer sur les méandres de son personnage principal. La vengeance de Christian va débuter tout d'abord de manière mécanique, puis va peu à peu se charger de contradictions. La machine à tuer ne va pas supporter de devenir une pire ordure que les gens qu'il traque. Christian va souffrir de remords, de compassion en refusant de tuer l'un des jeunes auteurs du film porno. Au milieu du métrage, Christian décide même d'abandonner sa vengeance, de se retirer avec une jeune fille paumée qu'il a pris sous son aile et sur laquelle il transfère son amour pour sa fille défunte. Mais, comme souvent dans les films de vengeance, la spirale de la violence ne s'arrête pas si facilement. De bourreau, Christian sera ensuite la victime d'hommes beaucoup plus dangereux que les pornocrates qu'il visait.
Doté d'un budget que l'on imagine serré, THE HORSEMAN ne fait pas dans l'image faste et chiadée mais plutôt dans le réalisme granuleux et glauque. Les nombreuses scènes de violence et d'affrontements sont elles aussi dans le registre du réalisme cru. Pour autant, la bande sonore n'hésite pas à balancer du gros son à la moindre petite baffe. Le résultat nous assomme par son efficacité et sa puissance. Enfin, les comédiens sont tous solides et crédibles à commencer par Peter Marshall dans le rôle principal. L'acteur tient véritablement le film sur ses épaules en composant habilement le personnage de Christian. Un personnage plus complexe qu'il n'en a l'air, tout d'abord antipathique pour le spectateur avant de s'imposer peu à peu comme une figure empathique car en souffrance.
On ne l'attendait pas, et pourtant nous ne regrettons pas une seconde la découverte de ce très bon petit film sorti de nulle part. Sans en avoir l'air, THE HORSEMAN se hisse volontiers comme le haut du panier de la (brève) résurgence des films de vengeance old school tel que DEATH SENTENCE de James Wan ou encore A VIF de Neil Jordan avec Jodie Foster. On pourra sans honte préférer cette petite production australienne grâce à ses efforts de scénario et d'interprétation. A réserver malgré tout à un public prêt à encaisser la violence du film, en espérant que ce dernier arrivera à se frayer rapidement un chemin jusqu'à nous.